Entre mensonges et vérité

Un journal de Journal Intime.com

Archive du journal au 09/10/2018.

Sommaire

12 novembre 2011

12 novembre 2011 à 14h17

Aujourd’hui je me lance, je décide de publier ce journal intime que je tiens depuis début avril 2011.

Une petite présentation s'impose n'est-ce pas? Je m'appelle S, j'ai 18 ans et il s'est trouvé que par un concours de circonstances j'ai eu besoin d'écrire. Pas d'écrire simplement par plaisir mais par nécessité parce que c'était le seul moment ou je pouvais ne pas mentir, être moi-même et poser à plat mes interrogations, mes doutes, mes peurs, mes angoisses.
Evidemment, pour moi, il n'a jamais été question de publier quoi que ce soit, j'y pensais certes mais j'avais cette peur de trop me dévoiler. J'en suis aujourd'hui à un stade ou je n'ai personne à qui pouvoir me confier, et ce site est un moyen de partager en quelque sorte ma vie avec des personnes qui sont passé à travers ce que j'ai vécu, qui ont su gérer la situation sûrement mieux que moi.

Enfin bref, je trouvais cela idiot de ne pas commencer à publier mon journal depuis son début alors je vais retranscrire ce journal depuis le début.

Le but de ce journal était aussi pour moi d'avoir un retour, quel qu'il soit parce que finalement c'est ça qui est difficile à surmonter, la solitude et la sensation d'être désarmé face au futur...

30 mai 2011

12 novembre 2011 à 14h22

Pourquoi crois t’on en Dieu ? Peut-être tout simplement pas peur. Pour avoir une présence rassurante, se convaincre que quelque part il y a quelqu’un qui veille sur nous et nous protège. Je ne crois pas ou plutôt plus en Dieu. Avant, je pensais que si Dieu existait il avait peut-être décidé de ne pas intervenir, de nous laisser libre par amour pour nous, pour que nous ne soyons pas des êtres déterminés sans liberté.
Effectivement, il nous a laissé la liberté. Trop peut-être. Il permet que tant de mal nous soit infligé. C’est quand arrive le pire, qu’on le supplie d’intervenir qu’il fait la sourde oreille, qu’il nous laisse lâchement tomber, seuls, désespérément seuls. Toujours seuls.
Cette nuit-là fut peut-être l’apothéose de ma haine envers Dieu. Il n’a strictement rien mais rien fait. Il m’a laissé seule, désarmée.

C’est à ce moment-là que j’ai compris pourquoi je détestais ce corps. Je le trouvais gros, disgracieux, je ne pouvais plus le contrôler…Il me donnait envie de vomir. Maintenant tout cela n’a plus d’importance puisque ce n’est plus mon corps. C’est un corps, parmi tant d’autres. Un bout de chair, d’os, de réactions chimiques. Ce n’est pas moi. Je ne veux et ne peut pas me limiter à cette vision de moi. Personne ne m’atteindra plus jamais à travers ce corps.
Malgré ces bonnes résolutions j’y reste irrémédiablement attachée. Le pire est le métro ou les cours. Tous ces gens autour de moi, j’ai l’impression qu’ils m’étouffent, qu’ils se rapprochent pour me faire du mal. J’essaie de contrôler mon dégout au maximum mais c’est si dur de faire bonne figure quand une main me frôle ou que je dois faire la bise à mes amis. O m’a demandé un chewing-gum hier, en lui passant sa main a touché la mienne c’était horrible, j’en ai tremblé pendant quelques minutes. J’ai l’impression que ce que je ressens est inscrit sur mon visage, qu’ils savent. Mais non personne ne sais et personne ne saura rien.
J’aimerai hurler ce qui s’est passé, hurler, frapper me défouler mais non je ne peux pas. Je n’ai pas le courage d’affronter les conséquences de mes actes. Je traite sans arrêt les autres de lâches mais j’en suis moi-même une. Il n’y a que C qui sait, sans les détails bien sûr. Mais elle sait et je n’aurais jamais dû lui dire. Maintenant à chaque fois que je la vois je revois les flashs de cette nuit-là, je vois dans ses yeux ou j’imagine ce qu’elle peut en penser et c’est terriblement stressant. Comment me voit-elle à présent ?

J’ai l’impression que j’en fais trop, que je sur joue tout ça mais je n’arrive pas à faire autrement, à passer à autre chose. J’essaie de me détacher de ce corps, de m’en évader mais il est devenu une prison. Une prison qui me définit aux yeux des autres. Finalement c’est moi qui me détruit toute seule, sans l’aide de personne, comme une grande. Je sais bien que j’essaie d’attirer l’attention pour qu’on me demande si ça ne va pas, mais à chaque fois qu’on me pose la question mon cœur se serre et je réponds comme d’habitude que je suis fatiguée. Ce qui n’est pas un mensonge. Je n’arrive plus à dormir, ou plutôt j’ai peur de m’endormir, de revivre la scène en entier sans pouvoir appuyer sur stop. J’ai peur de me réveiller nue et de me demander ce que je fais dans un endroit inconnu. J’ai peur tout simplement. J’ai peur et personne n’est là. Ou plutôt je veux que personne ne soit là pour moi. Je ne veux pas de la pitié des autres, je ne veux pas voir l’indifférence se peindre sur les visages de ceux que j’aime.

Il faut que j’oublie. Mais je n’y arrive pas. Je pourrais céder à la facilité par des moyens pas très légaux mais ce n’est pas la solution je le sais bien. J’en ai déjà fait assez comme ça, je ne veux pas devenir un sac à problèmes. Plus jeune je voulais devenir fine pour être admirée me sentir bien, maintenant c’est pour me débarrasser, me purifier, effacer d’une certaine manière ce corps. Je voudrais disparaitre en fait. Oublier, m’oublier.

Tout ça m’a fait prendre conscience de tant de choses. Oui les hommes sont cruels, pire que cruels parce qu’ils savent parfaitement ce qu’ils font, ils sont responsables de leurs actes et ne pensent que sexe. B parlait en cours du désir, du sentiment amoureux. Tout ça c’est n’importe quoi. Ce ne sont que des mensonges pour maintenir et contenir les masses. Les hommes ne pensent qu’à satisfaire leurs pulsions. Peu importe qui, quand, ou. Tant pis si on se trouve sur leur route, si on est assez naïve pour croire en ce qu’ils disent, pour accorder sa confiance. Tiens encore quelque chose en quoi je croyais, la confiance. Eh bien c’est terminé tout ça. Je n’ai plus confiance, en personne, enfin si en C parce qu’elle m’a dit qu’elle ne dirait rien. C’est tout.

Je relativise tellement maintenant, je me tracassais pour mes études, la famille, les amis... Quelle importance cela peut-il avoir maintenant ? J’ai l’impression que tout a changé, que rien ne sera plus jamais comme avant. Je voulais me laisser mourir, me perdre dans l’oubli, ma peine. Je me suis dit que c’était peut-être l’occasion de tester ma réaction face aux difficultés de la vie et non je ne suis pas courageuse, oui je suis morte de peur, dévastée, chamboulée et je n’arrive pas trop mal à le cacher. En ce sens je suis forte. Mais c’est un équilibre trop précaire, je ne sais pas combien de temps je vais tenir à ce rythme. Ces coups de pression, pas des crises d’angoisse mais je ne sais pas dès que l’on s’approche du sujet j’ai les mains qui tremblent, le souffle court et les battements de cœur qui s’accélèrent. La technique est de boire de longues gorgées d’eau (ou de mojito au choix) mais j’ai l’impression que ça fait de moins en moins effet.

J’ai choisi la vie alors maintenant je dois la vivre. Mais quelle attitude est-ce que je suis supposée avoir ? Je ne peux pas oublier. Est-ce que j’en ai seulement le droit ? Je me renierai, renierai ce que je suis, ce que je suis devenue. Même si je ne veux pas me définir par ce qui s’est passé, c’est quand même une partie de moi. Une méfiance qui ne s’effacera jamais. Déjà que je n’avais pas confiance en moi maintenant j’ai limite peur de moi, de ne plus savoir ou sont mes limites. J’ai l’impression de faire le contraire de ce que je devrais faire. Je devrais me morfondre sur moi-même, pleurer et ne plus vouloir parler aux autres mais non. Après une période comme ça j’ai limite envie de ressortir, de faire des conneries, de me perdre définitivement, totalement. C’est complètement stupide mais je ressens ça comme une urgence de vivre. On ne sait jamais. Les certitudes, ce qui me paraissait aller de soi il y a quelques mois me semble maintenant imprégné de doutes. Je suis devenue une vraie petite aigrie, méfiante de tout le monde. Même quand je marche dans la rue j’ai l’impression qu’on me dévisage.

Les regards peuvent être si parlants, si révélateurs. Je ne sais pas quel est mon regard, si les gens arrivent à déchiffrer mes pensées, j’espère que non. Je me souviens de LEURS regards, j’aimerais dire qu’il n’y avait rien d’humain en eux que ce n’était que deux bêtes, cruelles, deux animaux. Mais non. C’était bien des hommes. C’est ceux que l’on croise tous les jours dans la rue, qui ont l’air d’être respectables comme ça, des gens normaux, les types qui sont banals par excellence. Je crois que c’est ça qui fait le plus mal. Ce ne sont pas des dégénérés, des pervers qui font ça ce sont des gens comme vous et moi. Enfin vous je ne sais pas mais moi non c’est clair. Je crois que cette perversion est inhérente aux hommes. Sinon pourquoi ? Pourquoi ont-ils fait ça ? Pourquoi m’ont il fait ça, à moi ? Enfin soyons réaliste deux secondes. Je n’ai absolument pas cherché ce qui m’est arrivé. Je suis responsable c’est vrai mais pas au sens où j’ai voulu ce qui s’est passé, au sens où je n’ai pas été assez prudente. Comment pouvaient-ils prendre un quelconque plaisir à faire ça ? Comment ? Faire ça à un corps à moitié inconscient à la limite j’aurais pu comprendre mais quand j’ai repris mes esprits ils auraient pu s’excuser, me laisser partir mais non. Ils ont continué encore et encore. Je voulais tant que ça s’arrête je leur demandais pourquoi. Mais ils ne répondaient pas. Ils prenaient leurs pieds ces connards. Et moi j’étais là comme une conne à attendre sans me débattre parce que ça n’en valait plus la peine, mes muscles étaient tétanisés. Je n’arrivais plus à esquisser le moindre geste. C’était une sensation horrible, celle de ne plus pouvoir maitriser son corps. Je ne voulais pas perdre connaissance parce qu’ils en avaient profité déjà trop longtemps. J’espérais bêtement que quelqu’un vienne m’aider, réaliser ce qui se passait mais non rien ce s’est passé.

Toutes ces pièces de théâtres, ces textes sur la dignité. J’ai vraiment compris le sens de ce mot que cette nuit-là. Finalement tout ça m’aura été riche en enseignements. Pour en revenir à ma dignité et bien que dire sinon le fait que je l’ai perdue. J’ai été humiliée, obligée de faire de voir des choses qui n’auraient jamais dû arriver. Je me sens sale, souillée. Sur le coup j’avais mal, envie de crier et m’enfuir et puis au bout d’un moment, quand j’ai vu que je ne pouvais rien faire sinon attendre la fin, je suis sortie de mon corps. Pas littéralement évidemment. J’avais l’impression de m’observer de l’extérieur, de ne plus être moi. Peut-être les effets secondaires du GHB je ne sais pas. Ceci étant que ça m’a sauvée. Je me suis détaché de ce qui m’arrivait. J’ai eu de la chance finalement parce qu’ils m’ont laissé partir comme ça. Sans rien dire, comme si c’était normal, une petite parenthèse. Pas de honte sur leurs visages. Ils riaient, moi je pleurais et eux ils riaient. Je me suis dit qu’ils ne se rendaient pas compte de ce qu’ils faisaient mais si, ils en parlaient entre eux, comme si je n’étais pas là, comme si je ne valais pas la peine qu’on me fasse taire. J’étais juste une distraction, un passe-temps. Et une fois leur « affaire » finie, j’étais bonne à jeter. Ils m’ont lancé mes vêtements au visage sans avoir même la décence de tourner les yeux. A quoi bon de toute façon ils n’étaient plus à ça prêt. Ils le connaissaient peut-être mieux que moi ce corps.

Bizarrement les premières minutes, jours qui ont suivi j’ai agi normalement comme si rien n’était arrivé. Mais j’ai l’impression que le fait d’avoir refoulé ça a été stupide parce que c’est revenu avec une violence indescriptible, un coup de poing dans la figure, une claque comme ça d’un coup. Avec cette histoire de tricherie et ces imbéciles qui ont eu le sujet. V m’as dit qu’elle pensait qu’elle pouvait me faire confiance et que je l’avais déçue, qu’elle ne me pensait pas comme ça. Ça m’as fait comme un électrochoc, elle ne me faisait plus confiance alors que moi je l’admirais. Je ne suis pas digne de confiance, je le sais mais l’entendre comme ça de la part d’une personne que j’estimais (et que j’estime toujours d’ailleurs…). En me disant ça c’est comme si elle me comparait à ces deux types, on était pareils : indignes de confiance. Ça m’a rendue malade tout le week-end de savoir que j’avais un point en commun avec eux. Et puis G qui en rajoute une couche le lundi avant le DST « meuf, ce n’est vraiment pas cool ce que t’as fait ». Non ce n’est « pas cool » mais je voulais juste arranger la situation c’est tout. J’ai tendance à prendre toutes les remarques que l’on me fait très à cœur en ce moment. Je guette les moindres critiques et j’y vois des analogies, des comparaisons avec ces deux types.

Ces deux types, je ne connais même pas leurs noms. Je ne me souviens plus distinctement de leurs traits. Ce dont je me rappelle c’est leurs voix et leurs regards. J’ai toujours eu cette alchimie avec les yeux. Je trouve que le regard est la chose qui en révèle le plus sur une personne. Leurs regards étaient terrifiants parce qu’ils ne semblaient pas être concernés par le mal qu’ils me faisaient. J’étais comme une marionnette, des mouvements mécaniques, saccadés, obligée de suivre le rythme alors que j’étais épuisée. Dès que ça ralentissait et que je pensais que c’était fini, l’autre prenait le relai. J’essayais de capter leur regard pour y voir cette compréhension mutuelle, pour qu’ils comprennent combien je souffrais. Mais ils ne virent rien, ils y virent ce qu’ils voulaient y voir, de la soumission passive. Ils étaient physiquement différents mais ils avaient cette même lueur dans le regard, cette envie, je sentais qu’être leur jouet ne suffisait pas, il leur en fallait plus. Après avoir dénudé le corps il leur fallait dénuder l’âme, voir à quel point j’acceptais ce qui m’arrivait. Voir qu’ils avaient réussi à me faire fléchir alors que j’étais en possession de mes moyens mentaux. J’ai peur désormais, peur de revoir ce regard appréciateur, dominateur dans les yeux de quelqu’un et de craquer, de me soumettre, encore une fois. Peur de ne pas avoir la force de refuser, que mon corps soit paralysé.

J’ai l’impression que depuis que c’est arrivé, tout le monde en parle H24. C’est sûrement moi qui fais une fixette sur ce sujet mais le « V- Word » me rend extrêmement mal à l’aise. Je ne me vois pas bien sûr mais j’ai l’impression de me rendre ridicule. Sois je rougis et baisse les yeux en feignant de regarder mon portable, sois je deviens pâle comme un linge et alors je me sens tellement mal que j’ai l’impression que je vais m’évanouir. Je prends tellement sur moi pour ne pas me lever dès qu’il y a une allusion en cours sur ce sujet. Je crois que le pire était pendant le cours de B sur le désir. Le mot a même été prononcé dans un contexte apparemment drôle parce que tous les blaireaux de la classe (oui je suis méchante et ça au moins je l’assume) ont éclaté rire. Leurs rires qui me rappelaient étrangement ceux des deux types. J’ai évidemment bu une longue gorgée d’eau et puis j’ai attendu qu’il dérive un peu de sujet (autrement dit 2 minutes) avant de me lever et d’aller aux toilettes. Les toilettes, le lieu de l’intimité par excellence. Etrangement c’est un des seuls endroits où je me sens en sécurité. Pourtant c’est un espace clos, mais j’y suis seule, je n’ai pas à y craindre un contact humain. Quand l’oppression devient trop forte c’est le seul refuge qu’il me reste. Mais si seulement il n’y avait que ce mal être psychologique. J’ai l’impression que toute l’énergie de mon corps est partie. Je suis si fatiguée, j’ai mal à la tête en permanence. Je refuse de me laisser faire et je veux m’en sortir toute seule mais en même temps : me sortir de quoi ? Tout est terminé maintenant. Qu’est-ce que je peux bien faire dans la mesure où je garde ça pour moi ? Me confier ? C’est déjà fait et je le regrette amèrement. La seule solution viable c’est surement écrire ces mots. J’ai lu que cela pouvait être libérateur mais étrangement je n’ai pas l’impression que cela me fasse grand-chose. Au moins l’ordinateur ne me juge pas. Je suis face à face avec mes mots mes pensées que je n’ai pas le courage d’exprimer tout haut. Mais l’angoisse ne part pas. J’ai l’impression que mon cerveau marche au ralenti désormais.

jeudi 14 avril 2011

12 novembre 2011 à 14h26

Je me suis rendue compte en me relisant que je ne savais même pas à qui je m’adressais. J’utilise le vous, comme si je m’adressais à un public, au monde en entier (moins deux individus of course et tous ceux que je connais). C’est bizarre. J’en ai parlé par sms à C mais pas à T ou Ch mes meilleures potes. (J’ai l’impression d’être dans gossip girl avec toutes ces initiales.) En un sens ça me rassure de ne pas mettre de prénoms entiers, c’est comme si je racontais une histoire inventée qui pourrait s’appliquer à n’importe qui. Peut-être qu’un jour je la publierai. Encore ce narcissisme exacerbé comme dirait Florence Foresti. J’ai toujours voulu écrire une histoire, un best-seller. Mais je dois admettre qu’au bout d’une page je sèche à chaque fois. Ma vie est inspirante finalement. J’en suis à deux pages word et précisément à 2830 mots. Je suis trop fière ! Bon, trêve de plaisanterie. Si je compte raconter les détails inintéressants de ma petite vie autant commencer avec la mise au clair de ce que je ressens pour les gens qui m’entourent. Je crois que le mettre par écrit me rendra les idées plus claires à leurs sujets.

Je vais commencer par C ! Celle à qui j’ai raconté ce qui m’est arrivé. Je ne lui ait pas raconté en face évidemment, je n’en aurais jamais eu le courage et je ne l’ai toujours pas d’ailleurs. Que dire de C, c’est difficile. En fait je ne la connais pratiquement pas c’est surement pour ça que je n’ai pas eu trop peur de lui dire. Elle n’est pas le genre de fille qui juge les autres. Enfin je pense que si mais en tout cas elle ne le montre pas. Elle est plutôt intelligente, jolie, drôle, riche… Je crois que je suis jalouse de tout ce qu’elles ont pour elles avec V. Pourtant moi aussi je pourrais faire du shopping et tout ça mais je ne sais pas j’ai peur de me rendre ridicule, qu’on se moque de moi, qu’on me remette à ma place c’est-à-dire le bas de l’échelle. J’ai besoin d’avoir quelqu’un à admirer, à avoir pour modèle et cette année C et V sont en têtes avec P. Ces filles ont l’air superficielles quand on ne les connait pas, mais en fait elles sont beaucoup plus que ça.

La première fois que j’ai vu C je me suis dit tiens voilà le prototype de la midinette niaise avec le rire stupide. Et en fait non ! Dès le deuxième jour elle est venue timidement vers moi et T et nous a demandé si elle pouvait manger avec nous. J’ai dit non désolé. Elle a écarquillé les yeux et j’ai éclaté de rire en disant je plaisantais. Tout de suite les traits de son visage se sont détendus et elle nous a adressé un sourire franc. Et là je me suis dit qu’en fait elle avait l’air d’être quelqu’un de bien, à sa façon de sourire, de regarder les autres. C’est bien plus tard (enfin une semaine donc c’est relatif) que j’ai parlé à V pour la première fois. Elle avait l’air d’être toute seule et je lui ai proposé de manger avec nous. Elle a accepté. Ça m’a surprise par ce qu’elle n’avait pas l’air d’être le genre à trainer avec des filles comme moi. En fait elle a plutôt l’air snob, froide et hautaine, méprisante presque quand on ne la connait pas. Mais il suffit vraiment de discuter cinq minutes avec elle pour voir que ce n’est absolument pas le cas. C’est assez marrant le fossé entre le genre qu’elle se donne et ce qu’elle est vraiment même si elle reste classe dans les deux cas. C’est une caricature la petite (enfin grande plutôt) V. En fait j’ai toujours de gros a priori sur les gens quand je les vois pour la première fois mais en général je reviens dessus assez vite.

Le mystère que je n’ai pas encore réussi à élucider c’est G. C’est une très très bonne actrice. Je n’arrive pas à savoir quand elle ment ou pas, si elle peut être sincère. Je ne sais pas et ce n’est pas mes affaires. Mais je veux absolument comprendre pourquoi elle fait ce qu’elle fait, elle s’invente une vie différente en fonction des gens à qui elle parle. Pourquoi elle se lève deux fois par cours en courant pour aller aux toilettes. Les garçons ont une hypothèse pas très catholique mais je n’y crois pas. T pense que c’est pour se faire remarquer. Effectivement en claquant la porte et en courant comme une furie en dehors de la classe c’est sûr qu’elle attire l’attention. Je trouvais ça ridicule au début cette manière de se donner en spectacle sans arrêt. Mais je me demande ce qui la pousse à faire ça. J’essaie de me rapprocher d’elle pour comprendre. J’ai dit à T, C et V que je faisais ça pour mieux lui faire un coup bas après parce qu’elles la détestent et c’est ce que je suis supposée penser moi aussi. Mais je ne sais pas pourquoi je me sens proche d’elle. Je l’aime bien en fait, elle est attachante, étrange mais attachante. Je suis sure qu'on pourrait s’entendre si je n’étais pas aussi intravertie en ce moment.
Elle m’a dit texto « je ne te fais pas confiance ». J’ai trouvé ça génial, là au moins je sais qu’elle était sincère. Elle pense que j’ai un problème alimentaire, c’est ridicule. Je lui ai dit mais elle ne me croit pas, elle m’a dit que je ne savais pas mentir. Je ne sais pas si je suis une bonne menteuse mais sur ce coup là j’ai bien joué. J’ai fait exprès de dire non avec une voix gênée et elle a cru que j’avais tenté un mensonge. Au moins je suis sure qu’elle n’ira pas chercher plus loin. Par contre si je veux me rapprocher d’elle ça va être difficile parce qu’il faudra que je m’assoie à côté d’elle en cours quelque fois. Et je n’ai absolument pas envie d’avoir quelqu’un à moins d’un siège vide de moi. C’est la distance de confort minimale en ce moment. Quand en cours de B elle s’est mise à côté de moi je me suis dit ce n’est pas vrai. Je me suis sentie pas bien mais j’ai tenu tous le cours. Je me sentais tellement fatiguée à la fin, comme si j’avais accompli une performance épuisante.

Je viens de regarder l’heure. Ca fait au moins une heure que je devrais réviser pour ma colle d’économie mais je n’y arrive pas. Je n’essaie même pas en fait. J’ai juste envie de rester là avec ma musique et écrire ce qui me passe par la tête. Quitte à ce que ce soient des pensées complètement décousues. Cela m’est égal. Après réflexion, je ne pense pas que je publierai mes ridicules petites phrases. Personne ne comprendrait mes cheminements d’idées tordues.

Attention, pensée importante : Faut-il que je continue à m’adresser à « vous » ou donner un nom à la personne à qui j’écris. En fait j’écris pour moi donc je pourrais m’adresser à moi-même. Mais ça ferait bizarre. Hey S tu sais ce qui m’est arrivé ? Bah oui imbécile vu que c’est moi duh. Mon dieu, je n’arrive pas à croire que j’ai écrit ça. C’est ridicule. Voilà, je ricane toute seule devant mon ordinateur, je deviens folle c’est clair. Bon, revenons-en à cette question problématique. Je n’ai quand même pas envie de parler dans le vide ! Alors, voyons voyons, mmmmmmmmh (oui j’écris littéralement ce que je pense)… Donc, ou en étais-je ? Ah oui à qui est-ce que je m’adresse. Je ne veux pas parler à un être imaginaire. Ce serait trop bizarre. Pas à mes meilleures amies, ce serait trop gênant. Oh je sais ! J’ai une illumination (notons le parallèle avec les illuminati) : LG bien sûr ! Elle comprendrait elle c’est sûr ! WOW je suis en train d’écrire à LG. Ou plutôt en train de t’écrire LG.

Oui en fait non, l’enthousiasme passé (10 secondes) ce n’est pas une bonne idée, c’est même une idée complètement débile. Je ne vais pas écrire à une star américaine qui ne sais même pas que j’existe et qui n’en a rien à faire de moi. C’est pathétique. Bon je vais remettre cette question à plus tard ça me prend la tête. Je vais faire quelque chose de plus constructif à la place, c’est-à-dire de l’économie. Oui chère page n°5 je t’abandonne lâchement pour ta concurrente que je n’apprécie guère mais qui me permettrai d’avoir une bonne note elle. Toi tu me vides la tête mais là j’ai besoin de la remplir. Je ne résiste pas à me féliciter pour ce trait d’humour particulièrement amusant, auto félicitation, applaudissements (merci il ne faut pas, non arrêtez c’est gênant, merci mes fans merci, non c’est naturel, un don si vous voulez…). Bon j’arrête mon délire et je vais vraiment à l’économie, le temps passe. Mais ne t’inquiètes pas page n°5 je reviens dès que possible (comme si une page pouvait s’inquiéter…).

vendredi 15 avril 2011

12 novembre 2011 à 14h28

Je considère mes mains. J’ai toujours aimé mes mains. Grandes et fines, des mains délicates de pianistes. J’ai toujours aimé me mordiller les ongles en réfléchissant, me mettre du vernis écarlate. Mais là je repense à ce que ces mains ont fait ont touché. J’ai du mal à m’imaginer que ce sont les mêmes mains. J’ai l’impression d’avoir deux corps différents. Celui qui l’a fait et l’autre, le pur (enfin pur, « pur de l’évènement » en fait). J’aimerai avoir seulement le deuxième mais en ce moment c’est le premier. Ce sont ces doigts qui tapent le clavier, qui appuient sur les touches, qui écrivent ces mots. Ces doigts qui ont fait l’indicible… Non pas que je sois une petite prude mais il y a certaines choses que je ne peux pas écrire. Ce n’est pas que je ne veux pas c’est que je n’arrive même pas à m’imaginer l’écrire.

C’est incroyable, il faut toujours que j’en revienne à ce sujet, comme si ma vie maintenant se résumait à ça. Je crois que je ne suis pas nette mentalement, je dois avoir un problème pour être obsédée à ce point par ça. Ce n’est pas un drame non plus. J’aurais pu subir bien pire. J’ai lu des centaines de témoignages sur internet. J’ai l’impression d’être différente de toutes ces filles anéanties, je ne veux pas leur ressembler, vivre dans la peur, me souvenir. Ce soir je vais boire un verre avec les filles. Je ne tiens absolument pas l’alcool alors un verre suffira. Je n’avais jamais compris les alcooliques mais maintenant je crois que je sais. On a ce fourmillement dans le ventre, on se sent bien, les soucis sont toujours là mais ils paraissent minimes. Le monde devient beau, sucré, tout devient extrêmement drôle, la timidité s’estompe (pour ne pas dire se dissipe, private joke). Je ne voulais pas sortir au début de l’année parce que je voulais être sérieuse, que mes parents soient fiers de moi. Mais maintenant, avec ce qui s’est passé, personne ne sera plus jamais fier de moi (ou si quelqu’un l’est ce sera parce qu’il ne sait pas ce que j’ai fait). Je veux me sentir bien. La semaine dernière, ce mojito m’a libéré d’un poids sur la poitrine. J’ai besoin d’en avoir un autre. J’y ai pensé toute la semaine. C’est flippant. En tout cas c’est ce soir. Et le lendemain, je serais fraiche et dispos pour le cours de P, mon modèle version adulte, mon idéal féminin (intellectuellement et moralement parlant, bien qu’elle ne soit pas moche du tout, attention je n’oserai quand même pas la critiquer quand même !). J’ai tellement hâte de ressentir cette sensation de liberté, d’insouciance, comme avant…Ricaner et commérer, des sports auxquels je suis excellente. On ne dirait pas comme ça mais j’adore critiquer pour critiquer surtout une fois lancée.Ca me manque ces crises de fou rire.

A force de tirer une tête de trois mètres de long, pas étonnant que l’on me fuie. C’est comme si j’assistais à un enterrement 24h/24. Pourtant T est toujours là, comme je suis « légèrement » (= complètement) lunatique, elle doit penser que c’est juste une passade et elle n’a pas l’air de m’en tenir rigueur. Heureusement qu’elle est là. Il y a aussi A qui bizarrement se préoccupe de mon « état », elle était là au moment où j’ai eu ce petit problème en culture g, ou j’ai fait un remake de stupeur et tremblements sans la stupeur. Elle a dû avoir peur. Mais bon, je l’ai gentiment rembarré donc j’espère qu’elle va arrêter de me demander toutes les 5 minutes si ça va.

J’ai dit à G que c’était hors de question que mon « journal » ressemble à un étalage de faits inintéressants concernant ma vie mais à mon avis c’est bien mal parti. J’adore parler de moi en fait. Evidemment je ne le fais pas parce que j’imagine que ça ennuie les autres. J’adore aussi écouter les histoires des autres, qu’on me raconte les petits secrets. Je trouve ça extrêmement intéressant. J’adore les potins en fait et les vrais secrets aussi bien sûr. T me dit que je suis tellement directe et gaffeuse que les gens n’osent rien me dire. Mais pourtant, j’ai l’impression que les gens aiment bien se confier à moi. On m’a raconté tellement de choses. En général j’ai remarqué qu’il y a des séries. Une fois j’ai eu le droit à la primauté de trois méga-secrets en une semaine. Nerveusement ça m’a complètement tuée mais je me devais d’être forte afin d’aider ceux qui en avaient plus besoin que moi.

Maintenant ça devrait être à mon tour d’être aidée, avoir une épaule sur laquelle pleurer mais je n’ose pas. Je n’ose pas en parler. Ce serait trop humiliant que quelqu’un sache. Pourtant, j’ai bien joué ce rôle d’épaule et je n’ai pas ressenti la pitié ou quoi que ce soit de négatif sur la personne. Je sais très bien que je me complais dans de fausses excuses mais ça ne change pas le problème. Je ne sais pas quoi faire, j’ai l’impression d’être dans une montagne de méga-hésitations : le dire à tout le monde ou me taire à jamais, éclater de rire ou fondre en larme… Je pense que tant que je n’aurai pas pris de décision finale je ne pourrai pas passer à autre chose. G m’a dit « je crois savoir ce que tu traverses ». Biieeeeeeeen sûr ! Tu parles ! Elle n’en a aucune idée et tant mieux j’ai envie de dire. Comme si j’allais me confier à elle. Elle est sympa mais faut pas pousser non plus. Elle n’a rien de mère Theresa. Ce que je traverse. L’expression n’est pas si mal choisie. Effectivement je traverse, je ne m’arrête pas, je ne contemple pas les moindres instants de cet épisode. J’essaie de passer au travers, d’oublier, de devenir un fantôme, un esprit. Est-ce que les esprits mangent des chewing-gums ? Si oui, j’en suis devenu un. Je ne me nourris pratiquement que de ça. G a raison finalement je crois que j’ai un problème avec la nourriture. C’est amusant que je mentionne G si souvent alors que je ne lui parle pratiquement jamais. Ses moindres phrases résonnent dans ma tête et me donnent matière à réflexion. C’est ma Socrate, elle accouche mon esprit, même si elle n’en a pas conscience. Elle m’a demandé de l’eau toute à l’heure. Attention alerte : grande réticence à prêter mes affaires. Surtout mon eau, celle qui me permet d’avaler mes médicaments chéris qui me font du bien. Trop de bien peut-être. Je suis complètement anesthésiée et je sais que c’est mauvais pour ma santé. Mais je m’en fous. J’ai un instinct de conservation qui est assez peu développé. Toujours à me fourrer dans des situations inextricables.

Revenons sur cette histoire de tricherie. Le groupe des 4 a triché (je ne résiste pas à citer leurs initiales : pour les filles A et C et pour les garçons V et B), je ne les ai jamais senti ceux-là. Ils ont l’air d’être dans leur petite bulle dorée champagne macaron, et vas-y qu’on va à l’île Maurice tous ensemble une semaine en vacance et vas-y qu’on pirate le site de B. Ils sont vraiment pitoyables. Le pire c’est qu’ils ne culpabilisent même pas et qu’ils s’en sortent sans punitions. Ça me tue. Sur ce coup je comprends que G se soit énervée, moi je pense exactement la même chose mais je n’ai pas osé le dire. Pour O et vraiment rien que pour lui parce que c’est quelqu’un de bien et je ne veux pas qu’il soit triste si on renvoie sa chérie. Pirater le site de B, non mais franchement ils pensaient à quoi ?
- A tricher banane
- Oh merci j’avais deviné ! Mais c’est de la violation de la vie privée quand même
- Et alors ?
- Et alors c’est mal ! Arrête de m’énerver !
Je pousse l’expérience du dédoublement de la personnalité à l’extrême et j’aime ça. Il y a une multitude de voix dans ma tête. Non je ne suis pas folle. Je me suis tue pendant tellement longtemps que le besoin d’extériorisation se manifeste de manière totalement bizarre. J’ai l’impression que je pourrais écrire pendant des heures sans me lasser. L’écriture automatique comme ça. Ecrire pour écrire, comme ça vient, sans se poser de question. C’est extrêmement grisant, c’est comme un souffle de liberté, une brise de félicité. Me voilà poète. Non poétesse.

Il faudrait quand même que je commence à réfléchir sur la manière selon laquelle je vais organiser mes pensées. Soit je continue comme ça, en écrivant ce qui me passe par la tête, en essayant d’exorciser ce qui m’énerve, soit je me donne un thème ou une question et je disserte dessus. Ce sera hyper intéressant. En même temps je fais ce que je veux. Je suis en train de penser à écrire comme si j’allais être notée et jugée mais cela n’est pas le cas. Je suis toute excitée à l’idée de continuer ce « journal ». C’est comme si je menais une double vie, un endroit autre que mes rêves ou je suis totalement libre, ou je peux dire et écrire ce que je pense vraiment.

Je pense que je vais faire un « journal » à la Werber » (mon auteur préféré), autrement dit je vais faire des parties un peu réflexions personnelles sur des sujets qui me paraissent intéressants (et oui mes pensées seront très niaises, caractéristiques d’une fille de 18 ans) et puis d’autres parties sur ma vie (ah là tout de suite je sens ma petite page Word que tu es subitement plus intéressée) et peut-être que j’insérerais des petits textes que j’ai écrit et auxquels je n’ai pas donné suite. Mmh ça se présente bien tout ça. J’ai hâte de m’y mettre. Mais un problème subsiste : ou garder mon fichier, ce serait bête (euphémisme, non tragique, catastrophique) que quelqu’un d’autre que moi lise mon précieux « journal ». Je vais opter pour la solution clé USB. Ce sera plus sûr c’est clair. Je vais m’y mettre dès ce soir après mon verre. Oh non il ne faut surtout pas que je commence à penser à ça sinon je vais être complètement déconcentrée. Comme si ce n’était pas déjà le cas. On fait un cours particulièrement inintéressant en économie aujourd’hui. En un sens ça m’arrange parce je peux écrire mon « journal ». Je sais j’utilise toujours des guillemets. Je n’ai pas envie de faire un journal. J’ai juste envie d’écrire un peu de tout et rien. Pas tenir tous les jours un pseudo journal ou j’écrirais des choses inutiles. Je me considère un peu au-dessus de ça quand même. Enfin je ne critique pas ceux qui ont des journaux intimes mais je ne vois pas vraiment l’intérêt de s’obliger à écrire si rien ne s’est passé ou écrire, encore mieux, « cher journal, aujourd’hui rien ». Où est l’intérêt, si c’est pour gâcher l’encre ou noircir un carnet autant écrire quelque chose d’intelligent. Oulla je suis presque sur le point de m’énerver contre la moi qui ne sens plus ses chevilles et qui se croie au-dessus de ceux qui font fondamentalement la même chose qu’elle… « You’re a very Bad girl S » (à prononcer avec la voix de Beyonce sinon ça ne marche pas).

Bon le cours va se terminer. Amen. Je pense que je vais revenir demain. Il y aura sûrement quelque chose d’intéressant à raconter.

samedi 16 avril 2011

12 novembre 2011 à 14h29

Bam et prend ça ma fille. Encore une note de merde. Doliprane my friend, I need some help. Donne-moi des vibrations. Tues-moi. En plus c’est en cours de P que j’admire tant et qui doit me prendre pour une débile profonde… Je me sens trop mal. Le doliprane tarde à faire effet. Je veux me sentir partir maintenant. Mon cœur me fait mal. J’ai l’impression que une main presse mon cœur et le détruit. J’ai envie de vomir, de mourir. Qu’est-ce que je fais là ? Dans cette classe ? Au milieu de tous ces gens intelligents ? Je ne suis pas à ma place ici. Je savais que je n’étais pas faite pour la prépa, je n’ai pas assez de volonté, de hargne pour me relever après les coups. C’est le coup de trop. Je voudrais tout recommencer à zéro, dans un nouveau corps. Je n’en peux plus de ce corps. Il fonctionne mal, il est laid.

Ça y est je commence à avoir des fourmillements dans les pieds et ça remonte progressivement. Je veux me sentir encore plus mal si c’est possible. Physiquement maintenant. Parce que là moralement je crois que je suis au maximum. Ce n’est pas une question d’être lunatique. Je suis vraiment mal. P nous demande « avez-vous déjà dit : je suis heureux ? ». Et bien non, je ne l’ai jamais dit et je ne le dirai sûrement jamais. J’ai l’impression que mon flux de sang s’accélère dans mes jambes. A mon avis ça va bientôt atteindre ma poitrine puis mes mains. J’ai des petits frissons dans les bras. J’ai hâte, hâte de partir, de m’en aller aux toilettes. De sortir de cette salle remplie de personnes. J’ai hâte de me sentir mal parce que là c’est moi qui choisis. En m’infligeant le mal, j’assure une certaine domination, un contrôle sur ma vie. Est-ce que c’est du masochisme pour autant. P me facilite la tâche. Elle parle de sexe, encore, de l’indifférence que l’on doit avoir envers les corps. Effectivement, ils s’en foutaient de moi, j’étais un corps, juste un corps, une enveloppe. Ça aurait pu être une autre. Encore un coup dans ma poitrine. Elle ne s’adresse pas à moi évidemment, je l’indiffère mais je prends ces remarques pour moi. Si elle parle de la maternité, là je vais craquer. Ah les vibrations arrivent dans mon ventre. Les battements de mon cœur ne vont pas tarder à s’accélérer. Je connais par cœur ces sensations maintenant. C’est tellement simple maintenant. Je commence à avoir mal aux yeux, les paupières qui tombent. Encore une évocation plus ou moins directe au sexe et ça y est je suis partie.

Sérieusement, on parle du bonheur, la bonne blague. Ma vie est une vraie plaisanterie. Je suis un amas de pathétiques petites cellules. Oh merde j’ai l’impression que je ne vais pas partir, j’y étais presque. Il va falloir que je me procure du doliprane à la pause. Mais comment ? J’ai l’impression de passer mon temps à aller à la pharmacie. Il faut que je demande à quelqu’un d’aller m’en chercher. Mais qui ? Quelqu’un d’innocent et un peu niais. Personne ne répond cette définition dans la classe. Personne. T va me faire une remarque si je lui demande. C’est compliqué tout ça. Mes muscles sont tout bizarres. Je sens presque mes os, mes articulations. Je me demande à quoi je ressemble en ce moment. Est-ce que ça se voit que je suis si mal ? Je ne pense pas. C’est marrant comment on peut être si différent extérieurement et intérieurement. Si ça se trouve, d’autres sont en détresse autour de moi et ils arrivent bien à le cacher et moi, égoïste comme je suis, je ne m’en rends pas compte.

Pour T, le suicide est une démarche égoïste. Peut-être qu’elle a raison. Moi ça m’attire, le danger et tout ça, laisser tout en plan et s’abandonner. Oublier ces images qui reviennent sans cesse dans ma tête. Ces flashs, ces sensations qui paraissent à chaque fois plus réelles. Ah, mal au cœur vraiment méchant. Je ne peux pas sortir maintenant, c’est bientôt la pause. Il faut que je tienne c’est dur. J’ai la tête qui commence à tourner. Faites qu’elle arrête le cours maintenant. Il faut que je dorme ça devient urgent. Il faut que je ferme les yeux. J’ai du mal à taper sur l’ordinateur. Mes lèvres se sèchent. C’est tellement bizarre. Si elle n’arrête pas dans une minute je vais devoir sortir. Je me sens trop mal. En fait ils font bien effet. Trop bien même. Il ne faut pas que je stresse sinon ça va accélérer mon cœur et ça va être pire. Oulla le son baisse. Pause, pause…

J’ai tellement froid. J’ai la tête encombrée. Je ne tiendrais pas jusqu’à la fin du cours c’est clair. J’ai du mal à respirer, il faut que j’inspire très fort pour ne pas perdre pieds. J’’ai comme un gout de sang dans la bouche. J’ai l’impression d’être et ne pas être là. Comme la dernière fois. Je m’observe écrire et suivre le cours. Mais psychologiquement je suis ailleurs. Mon esprit n’est plus là. La libération commence. Enfin je me détache de ce corps souillé… Je crois que je deviens dépendante de cette sensation de mal-être permanent. Ça me rassure en un certain sens.

dimanche 17 avril 2011

12 novembre 2011 à 14h30

Je suis sure que tu meurs d’envie de savoir comment ç’est terminé le cours de P. Et bien dans le couloir, Cl m’as dit que j’y suis restée 30 minutes, j’ai l’impression d’y être restée cinq. Je me sentais vraiment trop mal. P m’a demandé si ça allait mieux après cette baisse de tension. Elle a plongé ses yeux dans les miens. J’ai eu envie de pleurer et tout lui raconter, lui dire que je n’en pouvais plus de vivre avec ça mais je n’ai rien dit. Encore une fois. J’ai dit que ça allait mieux avec un sourire qui n’étais pas très convaincant vu sa tête.

Am m’a envoyé un message. Je me suis surprise à le draguer par sms, à lui répondre et tout. Mais qu’est-ce qui me prends ? Je sais très bien que je ne voudrais plus jamais que quelqu’un me touche. Pourtant, j’ai envie de plaire. I want a bad romance. J’ai l’impression que LG a écrit cette chanson pour moi. Plus j’écoute ses chansons, plus je me reconnais dans les paroles. Je vois des messages cachés, des non-dits. Peut-être qu’elle a subit ça aussi. Je ne sais pas. J’agis de manière complètement contradictoire.

Je viens de me souvenir qu’après être allée chez Cl, on a vu miss premier rang qui nous a dit que le métro 5 était louche. Je lui ai demandé si elle était sérieuse. Et là Cl me dit « oh mais relax tu ne vas pas te faire violer quand-même ». J’ai eu comme un blanc et j’ai senti mon sourire se figer et les larmes monter. Je leur ai vite dit au revoir. Je lui en veux d’avoir dit ça comme ça avec tant de nonchalance, comme si c’était une anecdote amusante. Il n’y a rien d’amusant à ce sujet. Ça me tue qu’elle ait dit ça.

Je suis en vacances pour deux semaines. J’ai plusieurs objectifs qui sont voir presque tous mes potes d’avant que je n’ai pas eu le temps de voir depuis l’année dernière, voir Am (mais j’hésite encore), faire mes devoirs en entier et sérieusement (oui j’ai cet espoir) et ne surtout pas gagner du poids, en perdre si c’est possible (si j’y arrive ce sera double félicitation parce qu’avec la perfusion de nourriture de ma mère ce n’est pas gagné), faire du sport (vélo 40 minutes tous les jours allez je suis motivée), me reposer. Comme ça à la rentrée je serais moins laide, plus intelligente et moins déprimée. Voilà ! Quel programme ! Il faut que j’arrive à le suivre. Aujourd’hui je me repose un peu histoire d’avoir un jour de vraies vacances. J’en profite pour raconter la suite de ma petite vie.

T vient de me dire qu’elle a un bon plan pour cet été : une semaine en aout dans le sud tous frais payés ! J’attends de voir mais déjà l’idée me plait pas mal ! Les beaux jours reviennent et le ciel bleu me redonne un peu de pêche même si les effets du doliprane sont toujours là. En général il faut bien deux trois jours après une forte dose pour ne plus avoir ces fourmillements dans les mains et les pieds. J’ai l’impression de parler comme une droguée. Je n’en suis pas évidemment. Je prends ces médicaments quand j’en ai envie et c’est moi qui décide. Je ne ressens pas de manque ou quoi que ce soit. Sinon j’arrêterais tout. Je ne veux pas finir comme ça. Je peux m’en sortir autrement mais là je choisis la facilité. C’est préférable pour tenir le rythme de la prépa.

Youpi ma mère vient de s’asseoir en face de moi. Qu’est-ce qu’elle peut être collante et pénible. En fait elle est assez simple à cerner c’est Bree Van de Kamp, au premier épisode de la saison 1 de desperate housewives. La petite ménagère qui veut être parfaite, proprette, qui passe son temps à astiquer son appartement ringard. Sauf que Bree a changé, qu’elle est devenue attachante. Moi ma mère n’a pas évolué, toujours aussi pathétique, elle ne vit que pour sa petite vie qui est loin d’être parfaite. Je n’ai pas envie de parler d’elle, elle est totalement inintéressante. Je suppose que je l’aime bien malgré tout à cause du lien maternel et des gènes et tout ça mais ça ne va pas plus loin. Elle me dit que j’ai changé et que maintenant j’ai une sale mentalité. En fait j’ai toujours eu cette mentalité, c’est juste qu’avant je disais ce qu’elle voulait entendre et maintenant je dis un peu plus ce que je pense. Et elle n’apprécie pas. Tu m’étonnes…
Sa manie de toujours vouloir tout ranger, tout contrôler, j’ai l’impression de vivre dans un musée. Et je les ai en horreur. C’est sûrement parce que j’en voie tous les jours en rentrant chez moi. Toujours ces stupides traditions : « on attend que la maitresse de maison soit servie avant de se servir à manger et de commencer ». Pathétique.

Est-ce qu’il existe une méthode pour maigrir vite sans efforts ? Je désespère… Je me mets au vélo dès ce soir. Mes parents ne sont pas là demain. Amen. Je vais pouvoir faire plein de vélo et me peser (ma mère a mis la balance dans sa salle de bain et je ne peux pas y aller sans me faire cramer direct). En fait le poids m’importe peu c’est plutôt la silhouette qui m’intéresse. Je veux me sentir bien. C’est comme les talons, je me sens plus sûre de moi en talons, j’ai l’impression que tout va bien que je fais face. Ce n’est qu’une impression qui ne dure pas mais au moins pendant quelques instants j’arrive à me mentir à moi-même, me dire que je vais bien. C’est le même effet que la musique. LG me redonne confiance, elle m’aide beaucoup mine de rien.

mardi 3 mai 2011

12 novembre 2011 à 14h31

Evidemment je n’ai tenu aucune de mes bonnes résolutions et ce n’est pas ce trimestre que je vais décoller niveau notes, je dirai même qu’il est fort probable que je devienne encore plus nulle, ça craint. En plus, comme je m’y attendais ma chère mère m’a bien bourré de glucides et de lipides ces vacances donc j’ai encore grossi (mais bien en mode on ne compte plus les bourrelets).

Ce matin j’ai recommencé une pratique que j’avais abandonnée depuis la première soit la lame. Je sais que je vais en devenir dépendante comme avant mais ça me soulage un peu. Je ne sais pas pourquoi je fais ça, c’est un peu masochiste non ? J’en peux plus de ressasser cette soirée, j’y pense tous les jours, toutes les nuits. Je suis capable d’y voir des allusions à chaque phrase ou chaque regard que l’on m’adresse. C’est épuisant de vivre dans la peur constante. J’ai lu une citation qui dit en substance que l’on ne peut pas oublier ce dont on ne se souvient pas. Est-ce que je suis alors condamnée à me souvenir de ces petites heures ? Je ne me souviens pas combien de temps je suis restée non maitresse de moi-même, je me souviens juste de m’être réveillé, dans cette voiture avec ces deux types à moitié nus. Tout ça reste particulièrement confus, j’ai l’impression que ça ne m’est pas vraiment arrivé mais ils étaient là à me toucher sans que je puisse me défendre. C’est là qu’intervient madame culpabilité. Est-ce que je n’aurais pas pu me défendre plus pour éviter ça ? Sûrement. Et c’est là qu’est le problème que je me dis qu’en peut dire que je mérite ce qui est arrivé. Quel est le sens de tout ça ? Comment est-ce que je peux trouver un sens à ma vie maintenant ? J’ai l’impression d’être une chose, un fardeau, que je ne contrôle même plus. Je ressens les effets du doliprane sans doliprane désormais, le mal à la tête, l’envie de vomir, des tremblements si on s’approche trop près du sujet. Et les gens le voient, ils savent tous que je ne vais pas bien mais je ne peux même pas me confier. Comment le dire.
- Hey S, tu vas bien ? Tu fais une tête bizarre.
- Non je me suis faite violer pas deux mecs et je le vis très mal merci. Et toi quoi de neuf ?

C’est juste non envisageable. J’imagine bien la réaction. Soit la bug de 20 secondes et après un : t’es sérieuse ? Ou sinon un petit rire nerveux genre ce n’est pas drôle comme blague. Tout ça pour dire que je me retrouve encore au point de départ. Garder tout ça pour moi jusqu’à ce que ça me détruise complètement. Physiquement je n’ai pas changé de manière radicale, loin de là mais mentalement tout me parait chamboulé, rien n’est à sa place. Je suis comme mes sacs, ordonnée, rangée comme dans ma tête mais depuis c’est carrément le bordel dans mes cours, mon sac, ma chambre. Je n’ai même plus envie de ranger, de tout classer comme avant. Ça me parait être dénué d’importance, de sens. A quoi bon faire tout ça ? L’attitude raisonnable serait de passer à autre chose parce que de toute manière c’est terminé mais je n’arrive pas. J’ai remarqué ce matin en maths (ce qui démontre ma capacité de concentration pensant ces cours) que le mot vie commence pareil que le mot viol. C’est amusant. Pour moi le viol (wow maintenant j’arrive à l’écrire, progrès dans la thérapie je gère) c’est ni plus ni moins qu’une forme de mort, de destruction sans retour en arrière possible. Ce n’est pas seulement le fait d’avoir fait cela sans consentement, c’est la violence, comme une destruction de l’intérieur. Comme si je devenais étrangère à moi-même et qu’il restait une part d’eux en moi, une trace indélébile qui ne partirait jamais. Je me sens sale en fait. Je me dégoute. Je me dégoute encore plus parce que je sais que pendant un moment j’ai éprouvé du plaisir à faire ça même si je ne voulais pas. C’est tellement contradictoire. Je crois que je suis un monstre.

J’ai essayé de me placer du point de vue de ces types. Est-ce que lorsque j’ai parlé pour la première fois au premier type il savait déjà comment la soirée allait se terminer pour moi ? Pourquoi moi ? Je sais que c’est extrêmement égoïste mais pourquoi est-ce que c’est tombé sur moi ? Je suis tellement fade et laide merde ! Ça n’aurait pas dû arriver. Est-ce que l’autre homme l’attendait dans la voiture ? Je ne sais pas. Je sais bien qu’il faut que j’arrête de me poser des questions auxquelles je ne peux pas répondre mais ça me tue de ne pas savoir ce qu’ils avaient en tête. Bon je sais très bien ce qu’ils avaient en tête mais pourquoi moi et pourquoi de cette façon ? Je suis sure que des filles sont prêtes à coucher avec des inconnus en pleine âme et conscience. Quel est l’intérêt de faire ça avec quelqu’un qui ne sait pas ce qu’il fait et puis pire avec quelqu’un qui sait ce qu’il fait et qui n’a pas envie ? What the fuck ? Je me souviens, on parlait de tout et de rien (surtout de rien), on s’est embrassé (avec consentement mutuel) et puis on a dansé c’était bien. Et puis je me souviens vaguement être sortie de la boite et avoir un peu marché dans la rue avec lui et puis là… c’est le drame. Non sérieusement et là je me « réveille, la tête lourde, j’ai les paupières qui ont du mal à s’ouvrir, j’ai la bouche pâteuse (un gout amer dans la bouche et je découvrirais bien trop tôt ce que c’est) et je remarque que je suis nue (un détail qui n’en ai pas un) et là grosse frayeur que dis-je peur panique, je vois que mon corps n’est pas tout seul dans ce que j’identifie comme une voiture. Il y a deux types qui me « caressent » à défaut de trouver un autre terme), j’essaie de me reculer et je vois du sperme entre mes cuisses. Là je crois que ça a été l’apothéose de ma peur. J’ai du mal à respirer, je me sens encore plus mal si c’est possible. Si c’est un cauchemar ce n’est pas drôle. Je crois que c’est terminé, qu’ils vont me laisser tranquille mais non ils se rapprochent et pendant qu’un me maintient immobile entre guillemets l’autre fait ce qu’il a à faire (inutile de développer), et ce jusqu’à je ne sais pas quelle heure. J’en ai déjà parlé plus haut, inutile de me répéter dix fois, c’est assez douloureux comme ça. Il faut que j’extériorise encore et encore jusqu’à ce que j’oublie. Je ne pensais pas que ce serait si difficile.

Je ne suis pas courageuse en fait, à la moindre difficulté je baisse les bras. Je ne suis même pas foutue d’oublier ces heures de ma vie. Autrement dit rien par rapport à toute ma vie entière. Je ne suis pas quelqu’un de bien et peut être que c’est une punition que l’on m’envoie ou je ne sais quoi. Je devrais peut-être l’accepter. Ça arrive à tellement de personnes et j’ai l’impression d’être celle qui le gère le plus mal. Je suis sûre que les autres arrivent à le cacher, à tourner la page. Moi je ne veux pas tourner la page en fait, je veux analyser, comprendre dans les moindres détails cette page et là peut-être que je pourrai la tourner. Peut-être.

J’ai l’impression d’avoir jamais autant cogité. Sur la vie, sur ma vie. J’ai cru que j’allais être enceinte quand je n’ai pas eu mes règles (là je me suis fait un petit coup de stress et je me sentais vraiment très mal) mais heureusement rien sur ce plan. Tout de même ça m’a secouée énormément. J’avais tellement peur. J’aurai avorté c’est clair mais quand même… Pas de MST dieu merci. Finalement il ne restera de cette soirée que mes souvenirs et un des pires souvenirs, celui dont je ne me souviens pas. Rien que de penser à l’éventualité que j’ai pu avoir un enfant ou une MST, c’est la même chose pour moi, un mal. L’apogée du déclin. Je ne me prends plus la tête à ce propos parce que ça n’a pas été le cas alors pourquoi en faire toute une histoire.

J’ai envie d’aller mieux et en même temps d’aller mal. Tout semble déréglé. Je crois que j’ai un trouble de la personnalité que je me regarde agir mais que ce n’est pas à moi que tout ça arrive, comme si ma vie appartenait à une autre personne au risque de devenir complètement insensible, ou hypersensible ça dépend des moments je suis tellement inconstante et changeante que je me fais peur. J’ai juste envie d’abandonner, de tout lâcher. Je suis devenue une vraie lavette. C’est peut être une passade mais j’ai l’impression que je ne m’en sort pas. Je n’ai pas envie d’être cette fille qui passe son temps à se plaindre pourtant c’est ce que je fais. Dans la mesure où je le fais ici ça ne compte pas hein ?

Je crois que je pourrais faire une dissertation sur le viol. Sur ces impacts physiologiques, psychologiques. J’ai envie de comprendre ceux qui font ça. Et en même temps j’ai envie de les tuer, de leur rendre au centuple la peur qu’ils m’ont fait. Je sais le pardon et blablabla… C’est ridicule. Comment est-ce que je pourrais leur pardonner s’ils n’éprouvent aucune culpabilité de leurs actes ? Ils en étaient même plutôt fiers ! Ils riaient. Quand je les ai suppliés de me laisser partir ils riaient. Le comble tu te rends compte ? Moi j’étais en train de pleurer et eux ils riaient. Comment est-ce que je peux vivre après ça ? Comment ? Rien que d’y penser j’ai des frissons partout. En parlant de frissons et de peur irrationnelle, c’est reparti, rebelote je n’arrive plus à m’asseoir à côté de quelqu’un. J’avais réussi pourtant lundi mais là j’ai carrément été limite vexante envers les autres car je voulais m’asseoir toute seule, tranquille sans quelqu’un qui me demande : T’écris quoi sur l’ordi ? C’est un journal intime ? – Effectivement très cher, j’exorcise un traumatisme récent et toi qu’est-ce que t’as à regarder mon écran au lieu du tien. Les gens sont si indiscrets parfois. Moi aussi mais ce n’est pas pareil. Parce que c’est moi. Tiens je viens de penser que je voulais écrire mes pensées de manière structurée ! Visiblement c’est un échec, c’est une pensée complètement dénuée de logique qui part en live comme moi. Ce dossier me ressemble en fait. Au fait page Word tu ne sais pas comment j’ai appelé le dossier ? Je l’ai appelé Gossips. Et là tu me demande pourquoi. Et bien il y a plusieurs raisons. 1. J’utilise des initiales pour parler des gens. 2. J’adore les potins. 3. C’est une feinte parce que je raconte bien plus que des potins. Tu as vu ça ? Trois points. Je redeviens quelqu’un de structuré ! Youpi ! Je suis guérie ! Non en fait non je ne suis pas guérie. J’écris un journal sans queue ni tête et je m’isole de plus en plus et je ne parle pratiquement à personne (genre l’antisociale quoi). Bon alors là j’ai un objectif très clair c’est m’arrêter à 10000 mots pour ce soir. Comme ça je termine sur une note positive, ronde, sans troubles. Mon côté maniaque refait surface ça craint. Bon alors je vais clairement faire du remplissage sur la fin de cet épisode avec une problématique joyeuse et optimiste: Vais-je me suicider ? Si oui quand ? (mission accomplie page Word).

mercredi 4 mai 2011

12 novembre 2011 à 14h33

B fait encore l’apologie de l’homme même si il admet qu’il ne fait pas toujours des actes glorieux. Tu m’étonnes. Je ne comprends pas qu’on puisse aimer voire admirer les hommes. J’ai bien dit hommes et pas humains quoi que les femmes sont sûrement aussi sadiques mais je n’ai rien en tête pour les critiquer. Elles ne m’ont pas fait encore de mal c’est plus subtil que ça. Ce qui me tue c’est cette lâcheté si caractéristique. Sérieusement ils n’ont même pas le courage ou la force d’assumer ce qu’ils ont fait. Ou peut-être qu’ils assument, c’est juste qu’ils n’ont pas conscience qu’ils ne m’ont pas seulement détruite physiquement mais aussi psychologiquement. J’ai l’impression que je deviens folle. Les moments où je me sens bien sont pratiquement inexistants désormais. Le RER est un véritable enfer. Quelqu’un s’est assis à côté de moi ce matin tout près, trop près, son coude touchait le mien je me sentais tellement mal à l’aise. Evidemment qu’il n’allait pas me sauter dessus et me menacer. Mais je ne sais pas c’est irrationnel les hommes me font tous peur. Je n’ai pas ce problème quand je parle via un media comme Facebook ou quand c’est vraiment nécessaire mais j’ai une légère appréhension à parler à ces personnes que je connais depuis plus de six mois. Tout me parait étranger. Est- ce que l’on connait finalement ceux qui nous entourent ? Sûrement pas. C’est clair. Entre ce qu’on dit, ce qu’on pense et ce qu’on fait il y a un monde. Est-ce que certains garçons de la classe sont des violeurs en puissance ? Cette idée me fait sentir trop mal. Je ne connais personne et personne ne me connait en fait. C’est triste. Allez une minute de silence.

Tout ça me fais penser à une petite anecdote que j’ai lue ou qu’on m’a raconté je ne me souviens pas quand exactement. En fait si l’on me demande de ne pas penser à un crocodile, surtout pas, et bien obligatoirement je vais y penser et je ne pourrais pas m’en empêcher. Et bien là c’est la même chose sauf que c’est moi qui me demande de ne plus penser à cette soirée mais évidemment j’y pense encore et encore, c’est une boucle infinie. C m’a dit qu’après la mort de son copain elle avait fait une déprime et tout mais elle s’en est bien remise maintenant. Moi je n’y arrive pas, je n’arrive pas à aller de l’avant, je reste le regard tourné vers le passé. Physiquement je suis bien là où je devrais mais psychologiquement je suis ailleurs, dans mes pensées. J’aimerai tellement coïncider de nouveau avec moi-même. Ne pas me poser autant de question. Ce n’est pas un dédoublement de personnalité ou je ne sais quoi. Les épreuves sont supposées nous rendre plus forts mais moi ça m’a complètement détruite. Je ne m’en remets pas. J’attends tellement le moment où j’irais mieux mais ça ne vient pas. J’essaie pourtant mais tout m’y fait penser. Rien que le mot homme, quand B dit le mot homme, direct je commence à me crisper et à avoir des tremblements. C’est invivable.

J’ai lu dans un sondage (je ne sais pas si c’est fiable) qu’environ une femme sur cinq se fera violer ou aura subi une tentative de viol. C’est tellement énorme. Tous ces monstres qui vivent parmi nous sans que l’on se méfie. Une amie m’a dit qu’en boite un mec canon lui a donné un verre et tout j’avais envie de lui hurler mais t’es complètement inconsciente ma fille. Mais j’ai agi de manière « normale » en lui conseillant de faire attention pour la prochaine fois. Tous ces gens ne se rendent pas compte.

C’est tellement difficile d’agir normalement. Je ne me souviens plus comment il faut faire. Avant je faisais tout sans me poser de questions, je savais le moment où il fallait rire, parler. Mais là j’ai tout oublié. Je ne me sens plus à ma place nulle part. J’ai sans cesse le regard dans le vague et je déteste ça. Pour dire la prépa ne m’intéresse même plus, j’ai l’impression que ce qu’y arrive ne m’arrive pas à moi, comme l’idée des deux corps. J’ai mon corps Sali (celui à qui tout est arrivé) et mon corps de tous les jours (celui d’avant). P nous a dit un samedi que on est tous matérialistes. Oui si elle veut. Je suis matérialiste mais je donnerai n’importe quoi pour ne pas l’être, pour croire que mon esprit est détaché de ce corps dans lequel je me sens si mal. Je ne l’ai jamais aimé ce corps mais comme quelque chose de déplaisant auquel on s’habitue. Là j’ai dépassé le stade du caprice et la présence ce corps m’est devenu insupportable. C’est plus un fardeau qu’autre chose.

Je m’abime les yeux à écrire en tout petit comme ça mais c’est le seul moyen pour que personne ne lise tout ça. J’aimerai bien en un sens qu’on me lise et qu’on me soutienne en connaissance de cause mais je sais que je le regretterai juste après parce que je n’assume pas ce que je suis. C’est un fait je ne m’assume absolument pas. Comment est-ce que je pourrais éprouver un moindre respect envers moi après avoir fait tout ça. Plus j’y repense plus je me dis que j’aurai plus me défendre plus, J’aurai pu dégager mes mains en rassemblant mes forces, les frapper et m’enfuir (oui toute nue ce n’est pas l’idéal mais je ne peux pas m’empêcher d’étudier toutes les possibilités, tout ce que j’aurai pu faire et que je n’ai pas fait. Est-ce que inconsciemment je n’ai pas voulu me défendre ? Je ne peux pas savoir et cette question est devenue une réelle obsession. C’est amusant j’ai toujours voulu qu’il m’arrive quelque chose, n’importe quoi. Eh bien voilà, il m’est arrivé quelque chose finalement et maintenant (comme je ne suis jamais contente), je me trouve ridicule, non complètement débile, d’avoir ne serait-ce qu’une seconde voulu ça. Mais pourquoi est-ce que je ne me réjouissais pas avant ? Quand je le pouvais encore ? Maintenant ma vie se résume à un mot, quatre lettres. Et ce n’est pas un mot joyeux. Je suis littéralement obsédée par ça. J’y pense nuit et jour, je fais des recherches, je lis des témoignages. C’est une véritable frénésie et je ne pense pas que j’arriverai à assouvir ça tant que je n’aurai pas fait le deuil de cette nuit-là. Je ne vois tellement pas comment faire. Evidemment la solution de facilité (le psychologue) n’est même pas une option. C me l’a conseillé pourtant mais j’ai décliné catégoriquement sa proposition. Je ne me vois tellement pas déballer tout ça à quelqu’un. Surtout quelqu’un qui ne serait pas spécialement qualifié. Enfin c’est ridicule. Comment quelqu’un qui ne me connait pas pourrait comprendre ce que j’ai vécu. On ne comprend ce genre de chose qu’à partir du moment où on les a vécues. Je croyais comprendre le viol, avoir fait le tour de la question (j’imaginais sans difficulté la peur que l’on puisse avoir) mais après avoir vécu tout ça eh bien je me dis que j’avais vraiment sous-estimé l’impact que ça pourrait avoir sur les « victimes ». Victimes. Je n’aime pas ce mot. Je n’ai pas envie de me voir comme une victime. Je sais (enfin j’essaie de me convaincre) que je ne suis pas coupable de tout ça mais j’ai toujours cette petite voix qui me dit : ma fille tu aurais pu te défendre plus, tu aurais pu partir, peut-être que tu n’as pas été assez claire quand tu disais non. J’ai envie d’oublier mais j’ai peur d’oublier. Je ne sais pas ce que je veux et y réfléchir comme ça me bouffe toute mon énergie.

Voilà j’ai encore passé toute une page sur cette question, encore et toujours c’est flippant. Je deviens réellement folle je crois. Est-ce que j’arriverai à penser à autre chose un jour ? A ne plus voir des allusions partout ? Je ne sais pas. Je ne pense pas en fait. C m’a dit qu’elle serait là si j’ai besoin d’en parler mais je sais pertinemment que je n’oserai jamais. Comment est-ce que je pourrai amener la conversation. Je veux me confier mais je ne sais pas par où commencer. Je ne vais pas quand même lui décrire minute par minute ce qu’il s’est passé dans cette voiture et tout ce qui m’est passé par la tête à ce moment-là et puis après lui expliquer que je me pose des question existentielles et que je deviens folle. Elle me dirait clairement d’aller me faire interner c’est sur ou elle me regarderait bizarrement avec pitié comme une pauvre petite chose qui n’arrive pas à se remettre d’un truc que tellement d’autres ont subi. En fait j’ai peur de ce qu’elle pourrait penser de moi. C’est pathétique. Et évidemment ce n’est pas elle qui viendra m’en reparler parce qu’elle ne voudra pas me blesser. Mais ça me blesse encore plus qu’elle fasse comme si de rien était. Je ne suis plus sure de rien. J’aimerai avoir des certitudes mais tout ce que je considérais comme acquis et inébranlable c’est révélé détruit à la première petite difficulté. Je ne sais pas comment faire pour me réapproprier ma vie d’avant.