Bottes en cuir et veste large, paire de jean, ça déménage. Oubliant, par delà tout, sa grande peine, baroudeur s'en allant, la guitare dans son dos, sa musique le suivant au trot.
Babouille, car tel était son nom, s'éloignait une fois de plus de ce qu'il pensait être sa maison. Il marchait, en traînant des pieds et en soupirant. Il quitta le champs d'herbe folles et entra dans la forêt sombre. Il commencait à avoir faim et sommeil, ayant quitté sa masure au matin, et sentit en lui toutes les craintes que l'on pouvait ressentir. Un craquement, au dessus de lui, attira son attention. Il apercu alors le jour qui déclinait, et son effroi fut à son comble. "Non !" hurla t-il. Et il se précipita. Cet alors que se passa quelque chose d'extraordinaire : son pauvre corps amaigri fut soulevé par la brise, et il atteignit, chevauchant une volute d'air frais, la cime d'un grand pin se dressant vers le ciel. Il se posa de telle façon, que l'arbre formait une sorte de nacelle. Babouille s'agenouilla, leva les yeux vers le soleil qui descendait inexorablement vers l'horizon et se mit à gémir, marmonnant des paroles incompréhensibles. C'est alors que le soleil disparut, lancant dans un ultime effort son dernier rayon de lumière.
Babouille cria et s'effondra sur les épines du pin. Le rayon se transforma en épée d'or et entreprit un piqué vers le corps agité de spasmes. Elle fonça, mais manqua Babouille et alla se ficher dans la terre nue. C'est alors qu'un être éblouissant, fait de la lumière dans sa plus éclatante clarté, apparut. Arrachant l'épée du sol, il la relança à nouveau vers Babouille puis disparut. Mais l'épée fut interrompue dans son vol. Une main aux longs doigts fin et gracieux en avait attrapé le pommeau. (à suivre)