Ce matin, 01h57.
C'est embêtant d'être amoureuse. D'abord parce qu'on passe ses journées à penser à l'autre, peu importe l'endroit où on se trouve et la chose qu'on est en train de faire (et du coup ça peut être vachement dangereux...), et puis surtout l'autre nous apparaît comme l'être le plus parfait au monde. Ouais, rien que ça.
C'est super flippant finalement.
Enfin, en même temps, j'sais pas. C'est juste ce qui m'arrive à moi. Et je trouve tout ça agacant, aussi agacant qu'agréable.
Charles Bukowski disait que l'amour est comme cette brume le matin, avant le lever du soleil. Qu'il disparaît aux premiers rayons. Qu'il disparaît en brûlant aux premiers rayons de réalité.
Alors être amoureuse peut s'avérer être une expérience traumatisante, une fois que l'on est plus amoureuse justement. Une fois que cette brume a disparu, que le brouillard idyllique qui entourait l'être aimé s'est dissipé, alors apparaît l'horrible réalité. Et avec, souvent, un horrible connard, vide de sens, ou plein de conneries.
Parfois c'est un aigre sentiment de regret, des souvenirs douloureux, des si seulement ou des j'aurais tellement voulu, mais ce n'est qu'un sursis.
Alors chacune des apparitions de ce cher ex être aimé n'est plus que chargée d'un profond mépris ou d'une gêne étrange que l'on éprouve à son égard, et surtout envers soi-même.
En le voyant, on se dit "mais qu'est-ce qui s'est passé? Bon sang qu'est ce qui m'a pris?". Et on a beau le décortiquer minutieusement, ces questions ne trouvent pas de réponse. On ne voit en lui qu'une erreur, notre erreur.
On préfererais ne pas le voir, d'ailleurs. Et quant bien même ça arrive, on dirait que c'est parce qu'il a surgit de nul part, et on croirait presque entendre cette musique de films d'horreurs, celle des trois petits bruits successifs, stridents, suivis d'un cri et qui précèdent toujours un assassinat.
D'ailleurs c'est ça la sonnerie de portable de Bertrand. Les trois petits bruits aigus, avec le cri à la fin, oui oui.
Lui la trouve parfaitement normale. Alors que même moi je trouve ça space comme choix de sonnerie. Et c'est pas comme si il avait un téléphone portable tout pourave. Il a un Sony Ericsson P900, quand même....
Merde, comme si il n'était pas suffisamment bizarre et sinistre. *bruit de porte qui grince*.
Julian n'est plus cette ombre au-dessus de moi. Il n'est plus ce fantôme qui m'étreignait où que j'allais, et me rendait tellement, tellement triste.
Au final on enterre des cadavres que pour en déterrer d'autres. Et pour l'instant à chaque fois que je pense à Bertrand, je souris.
A part ça,
à part ça, le week-end n'a pas été trop pesant.
Il a fait gris samedi et dimanche. Je n'ai pas arrêté de psychoter sur la nourriture, sur les repas que j'ai fait alors que je n'aurais pas du, et les aliments qu'il ne me fallait sûrement pas, même pas en rêve, songer à toucher du bout des doigts.
J'ai beaucoup écouté Everything in its right place de Radiohead.
J'ai beaucoup dormi aussi. Et ça n'a rien changé.
Du coup, j'irais chez le medecin demain, enfin dans quelques heures, même si je sais que ça prendra 2 secondes et que son diagnostic se résumera à bla bla bla rien de grave, bla bla bla des vitamines, bla bla bla plus de sommeil.
La seule raison pour laquelle cette nouvelle semaine ne m'angoisse pas tient au fait que demain c'est lundi, que lundi c'est très proche de mardi, et que mardi c'est le jour de mon Td de Droit Civil, auquel Bertrand assistera aussi.
En revanche, ce qui me fait déjà flipper, ce sont les partiels du second semestre, bientôt. Alors il va peut être falloir que je songe à me rendre en CM, un de ces jours, histoire de...
Bon j'exagère mais tout de même, je manque beaucoup trop souvent les CM de Droit Constitutionnel et ceux d'Histoire du droit aussi.
Il faut vraiment que je travaille plus.
Je crois que, si seulement il existe, je préférerais ne jamais rencontrer l'amour de ma vie.
Ce que je viens d'écrire n'a pas beaucoup de sens. Parce que c'est aussi tellement bon d'être amoureuse.
Mais c'est seulement que je ne crois pas en l'amour. Ou pas assez.
Parce que je déteste me sentir stupide. Que je déteste me retrouver face à la vanité des choses, de la vie. Parce que je trouve ça con de devoir passer de relations en relations, d'amours en amours.
De devoir donner des bouts de soi, de disperser des bouts de son coeur. En vain, et à la fin se retrouver seule comme au début, quoique plus écorchée et vide.
C'est qu'en fait, je préfère ne pas être aimée, parce que j'ai trop peur de ne plus être aimée.
Je ne suis pas quelqu'un de bien, et j'attends simplement de redescendre de mon nuage.