Sophie, Sophie.
Je pense un peu trop, je reste enfermée dans tout ce que je pense sans jamais totalement avouer ce que l'on appellerait une opinion parmi celles des autres. Me fondre dans la masse, n'être qu'une banale fille au milieu du troupeau, d'avoir les mêmes manières que les autres gamins de mon âge, rester cloîtrée chez moi toute la journée pour m'abrutir devant les jeux vidéos. Je ne veux pas subir ce quotidien sans vie. Je suis quelqu'un, je suis unique, j'existe, je ne suis pas ici pour vivre quelque chose de monotone et sans but.
Oui, c'est exactement ça. Il y a des jours comme aujourd'hui où je suis éclatante de vie et de bonne humeur, où je parle tout le temps et pendant lesquels je pourrais sortir et me mettre à danser dans les rues comme une idiote sans me soucier du regard des autres. Car ce regard a longtemps été une de mes seules préoccupations jusqu'à maintenant. Mais au final, qu'en ont-ils à faire de ce que je dis ? Rien du tout.
Les remarques, les préjugés, je ne les prends plus en compte. J'ai trouvé mon antidote, j'ai trouvé quoi faire lorsque ça n'ira pas ! Il me suffit de danser, de chanter, de m'éclater, de courir, de sauter, me défouler, me rouler par terre, il suffit qu'on me sourit, un geste gentil, n'importe quoi, et je reprends confiance. Un rien peut me rendre muette, un rien peut me rendre introvertie, ermite et réservée. Un rien peut me redonner le sourire, un rien peut me rendre service, confiante et assurée ! Je n'arrive jamais à oublier ces moments où tout le monde était heureux, quand je souriais, quand je riais aux éclats, quand je faisais tourner les volants d'une de mes robes lors de soirées.
Je ne les oublierai jamais. J'ai peur d'être triste, j'ai peur d'avoir peur, j'ai peur de pleurer, mais sourire ne m'effraie pas, sourire me tend la main, sourire est trop agréable pour moi. Je ne peux pas arriver à ce magnifique sentiment sans l'aide de quelqu'un. Je me rends compte que je dépends de mes relations avec les autres. Il m'est impossible de vivre sans.