Teenager's life

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J-2.

23 septembre 2013 à 20h06

Mon histoire, c'est pas l'histoire d'une ado qui fait sa crise et qui se sent mal dans sa peau. C'est une histoire lourde, qui date depuis que j'ai 2 ans. 12 ans que je supporte cette merde qui va me gâcher la vie dans 1 jour et 10 heures. Cette maladie, que j'ai eu la malchance d'avoir. 50 enfants en France qui en sont atteints, j'avais une chance sur je ne sais pas combien de l'attraper, et il a fallut que ça tombe sur moi.
Maintenant que je suis au collège, ça passe mieux, les gens sont plus matures, et je n'ai donc pas trop affaire aux moqueries. Mais, depuis que je suis petite, dès que je passais, les gens chuchotaient en me voyant, pour eux j'étais "la fille qui a une maladie et qui a eu un gros appareil sur la jambe". Franchement, c'est pas tripant quand tout le monde parle de toi, se moque de toi et vient toujours te demander ce qu'il t'es arrivé quand ils voient tes cicatrices. Le truc, c'est que ça m'a sincèrement pourri mon enfance.

La raison pour laquelle je ressens le besoin d'écrire ça ce soir, de raconter ma vie à un ordinateur qui ne me jugera pas, c'est qu'aujourd'hui était mon dernier jour de cours avant mon opération, et que maintenant que j'ai les hormones de l'adolescence ou je sais pas quelle autre merde, rien ne va plus. Rien que l'autre jour, mon voisin avait un stylo qui me rappelait une odeur anesthésiante de l'hôpital, et j'ai paniqué, j'ai commencé à faire des crises d'angoisses, ça devenait dure de respirer, et je lui ai balancé son stylo dans la classe. J'en deviens lunatique tellement j'angoisse, tellement j'en peux plus de vivre une deuxième vie à l'hôpital, ça devient une angoisse. Je ne sais pas comment je vais pouvoir supporter ça, supporter de rester une semaine minimum à l'hôpital. Tout à l'heure, en cours, j'ai encore angoissé, j'avais cette envie insupportable de pleurer, et je jouais avec mes ciseaux. J'ai regardé mes ciseaux, mon poignet, puis je me suis ressaisie, me disant que faire une connerie n'arrangerait rien.
J'ai ce sentiment de colère, d'injustice, de tristesse et d'angoisse qui me hante. Et personne ne peut le comprendre. D'autant plus que je suis dans un collège catho' où tout le monde est très croyant, et où ils m'obligent limite à croire. Je leur ai expliqué, comment peut-on croire alors que l'on est victime d'une telle injustice ? Je connais une fille qui a un cancer et qui est très croyante également, et, tous les soirs, je me demande ce qui se passe dans sa tête, quelle est cette étrange force qui la convainc de continuer à avoir la foi, de croire en elle et en tout quoi qu'il arrive ? Je trouve ça tellement invraisemblable.

Et puis, ce sentiment de colère que je ressens, qui me donne envie de frapper les gens, il n'est pas anodin. Tout le monde en rajoute, élèves comme professeurs, en venant me voir et en me disant qu'ils étaient désolés, qu'ils me souhaitaient bon courage... C'est bien gentil, mais ils ne se rendent pas compte qu'à chaque mot ils me font encore plus penser au pire. J'ai juste envie de m'isoler du monde, et de pleurer toute seule...
Et pile au pire moment de ma vie, je me retrouve accablée entre plein d'histoires de gamins dont je suis la seule qui pourrait arranger les choses, tout le monde me sollicite, comme si j'avais pas autre chose à foutre quoi...
Maintenant, cette question me trotte dans mon esprit. Les autres fois, ça allait, j'étais plus petite, mais maintenant que chaque sentiment est multiplié par 1000, comment vais-je pouvoir supporter le fait d'être hospitalisée ? Certes, j'ai mes amis qui viendront me voir, qui m'ont organisé une fête et tout, mais un énorme appareil à la jambe totalement handicapant pendant 9 mois, c'est pas que ça fait chier mais un peu quand même...

Peut-être qu'au final, je ne suis qu'une ado classique, qui se recherche, et qui se pose des questions, n'empêche que j'ai vécu tellement plus que tout le monde, que j'ai dû surmonter tellement d'épreuves, que j'ai maintenant une force que personne ne pourra jamais comprendre et ressentir comme je la ressens. Et c'est mon seul atout pour faire face à cette maladie, pour la combattre, malgré l'ignorance de sa provenance.