Déjà 2 jours que je suis de retour au pays. Et depuis 2 jours, je ne fais que de penser à ma vie d’avant. Celle que j’ai vécu jusqu’à mes 18 ans, avant que je ne doive partir pour mes études. Mais aussi celle que je vivais entre ici et La Citadelle. Au fond je pense que je n’étais pas vraiment partie. De vivre à Rousquilles, ça m’a ouvert les yeux. J’ai vécu des choses là-bas que je n’aurais jamais pu vivre ici. C’est pourquoi je suis revenue différente. L’indépendance a du bon. Je me sens plus ouverte, plus sociale, plus indépendante. Ça a tout de même réussi à me faire voir que ma chère région n’est pas le centre du monde. Même si je refusais de l’admettre avant, pour moi, la Comté, c’était le bout du monde.
Et donc voilà la raison pour laquelle je repense à ma vie d’ici, aux gens d’ici. Je me sens décalée par rapport à eux. Je pense bien sûr à ma famille maternelle pour qui leur petit village représente tout dans leur vie. Ils sont nés là et souhaitent y rester jusqu’à leur mort. Avant de partir je les enviais car j’aurais aimé vivre comme eux, dans un monde fermé. Mais maintenant, je les plains presque, car ils n’auront jamais la chance que j’ai eu de partir. Je suis peut-être un peu arrogante ici. Je sais que certains de mes cousins sont allés loin, voir jusqu’au bout du monde. Mais même après avoir vu toutes ces choses ils sont revenus ici. En fait je pense surtout à mes 2 cousines et aux « 4 ». Eux ne sont jamais partis et ne pense même pas à partir. J’étais déjà décalée par rapport à eux avant mais maintenant j’y suis encore plus. Je commence à comprendre ce que pouvait ressentir Sabrina, ma chère coloc rousquillaise, lorsqu’elle est revenue du Mexique.
Enfin, aujourd’hui j’ai croisé Aurore du lycée. A cette époque, on était super copine, mais maintenant, on se retrouve à vivre 2 vies très différentes. Cette différence a commencé quand elle a arrêté ses études et à commencer de travailler. On s’est vu de loin en loin, puis plus du tout. Quand elle s’est fiancée, on s’est vu pour un café une fois, puis pour son enterrement de jeune fille. Et là je me suis rendue compte à quel point nos vies étaient différentes. Elle avait un bon travail, un copain/mari, une maison, une voiture hors de prix. Et moi, j’étudiai toujours, je vivais au crochet de mes parents, je n’avais pas d’argent, de copains, de voiture, rien. (Et je n’en ai toujours pas…) Tout ça pour quoi ? Pour me retrouver sans emploi à accepter le premier job venu même mal payé. Oui, j’envie Aurore, mais aussi mes cousins qui eux ont des jobs super bien payé… P*tain de région industrielle ! J’aurais dû faire un BTS ! Après je me dis qu’au moins j’ai un diplôme qui me promet plus qu’un travail à l’usine… Je sais que je vais trouver, mais ça prend du temps, et je n’ai pas envie d’attendre ! Surtout d’attendre chez mes parents.
Edit du soir : les petites remarques méprisantes de mes parents telles que ma mère « tu penseras à ranger tout ce bordel », en parlant de mes affaires du déménagement, m’ont encore coupé la joie de vivre et me rappelle à quel point je suis une grosse merde ! Merci maman et papa ! Mais bon je garde espoir car je planifie de me barrer en Ecosse pour aller voir ma sœur et peut être y travailler ! Quand je pense que c’est avec ce genre de remarque qu’ils nous ont fait perdre une grande partie de notre estime à mes sœurs et à moi, ça me rend malade !