L'amour, ce monstrueux sentiment ...

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Archive du journal au 11/10/2018.

Sommaire

Lui, moi & le reste du monde ...

15 juillet 2014 à 22h35

Cher John,

J'ai besoin de prétendre que tu es une personne.

Je ne pense pas pouvoir écrire en me disant que tu es un "simple" journal ou un "simple" élément virtuel.

Ironique, n'est-ce pas ? Devoir prétendre que tu es réel pour que je puisse te parler alors que j'ai l'impression de perdre de plus en plus contact avec la réalité ?

Bref.

Moi, c'est F., 28 ans et amoureux.

Amoureux de T., 45 ans.

Oui, je t'entends déjà : "Il pourrait être ton père !"

Et ? Il ne l'est pas ! Alors, où est le problème ? C'est à ça que doit s'arrêter une relation, à l'âge qui sépare les deux personnes ? Parce que si cela te dérange déjà, arrête de lire, tu n'es pas prêt pour le reste !

Je l'ai senti la première fois que je l'ai vu.

Quelque chose dans l'air, comme si le temps s'était arrêté, comme si plus rien ne comptait.

Des étincelles, c'est comme ça qu'il en parle.

Et puis, nous nous sommes embrassés. Pendant plusieurs heures, et là encore, le monde s'est arrêté.

Il y avait des gens autour mais tout était flou. La seule chose que je voyais c'était son visage, son sourire, ses lèvres. La seule chose que je sentais c'était sa main, son odeur, ses cheveux sous mes mains, sa barbe sous mes doigts.

Des étincelles.

Magique.

Notre première fois ? Notre première relation sexuelle ? Faut-il que je t'en parle ?

Le meilleur sexe de ma vie. Et de la sienne aussi selon lui.

On se comprend, on se touche, il n'y a pas de retenue, pas de gêne, pas d'embarras.

Des étincelles, encore une fois.

Et puis, nos rendez-vous. Le cinéma, un repas, un verre, le petit-déjeuner, un concert, une ballade, un voyage de 5 minutes en train ou en tram, la discussion d'une heure sur un quai de gare, les compilations qu'on se fait, ... rien n'est horrible, rien n'est ennuyeux, rien n'est à jeter.

Des étincelles, encore et toujours.

Alors, pourquoi est-ce que cette relation qui semble si parfaite sur le papier me tracasse ? Pourquoi cette passion qui semble si magique, si "breath-taking" me dérange ? Pourquoi venir m'en plaindre auprès de toi ?

Parce que ce parfait amour ne peut pas tomber à un plus mauvais moment.

T. est en couple.

Et T., avant de me rencontrer, ne prévoyait pas de vivre encore longtemps ...

Je ne vais pas m'épancher sur son passé maintenant. Je sais qu'il a souffert, je sais quelques bribes de son histoire, je sais qu'il est torturé (peut-être autant que moi, mais je ne vais pas m'épancher sur mon passé non plus, pas pour le moment en tout cas).

Et comme toute personne torturée, en finir avec la vie est une chose à laquelle on pense.

Savoir qu'on ne vivra pas longtemps parce qu'il y a des choses qui sont trop dures à supporter.

C'est là, dans une sérieuse conversation que l'on avait, qu'il m'a dit que le dernier Noël qu'il a passé avec sa famille était, dans sa tête, le dernier qu'il passerait.

C'est là qu'il m'a dit qu'il m'aimait et qu'il ne savait pas ce que nous réservait le futur.

De un parce qu'il était en couple (même s'il ne ressent plus rien pour la personne avec qui il vit selon lui) et de deux parce que, dans sa tête, il ne pense pas être encore là pour longtemps.

Alors voilà.

Amoureux d'un homme qui n'est pas libre et qui, selon lui, n'a aucun futur à m'offrir.

La chose la plus sensée à faire serait de courir dans la direction opposée, de tout arrêter maintenant et de ne jamais me retourner.

Mais quand as-tu entendu que l'amour et la raison allaient de pair ?

Et donc ? Je dois continuer à m'attacher, à aimer, à donner, à recevoir, à voir des étincelles même si tout ça se finira mal ?

D'un autre côté, lui s'attache aussi. Est-ce que cela suffira pour qu'il revoit ses positions ?

Il pensait finir sa vie quand il regardait autour et qu'il ne voyait plus rien qui le retenait.

Mais maintenant, est-ce que les choses ont changé ou vont changer ?

Et si elles changent, qui me dit que ses pensées ne redeviendront pas les mêmes dans quelques mois ou quelques années ?

Est-ce que je suis vraiment en train de vivre ça ? Est-ce que je suis vraiment en train de tomber amoureux d'un homme qui veut mourir ? Est-ce que je suis vraiment en train de me mettre volontairement dans cette situation ?

Mais peu importe, je n'arrive pas à me résoudre à arrêter de le voir, à le faire sortir de ma vie.

Peu importe si cela se termine horriblement dans quelques mois avec moi, allongé sur le sol de ma salle de bains, le visage fatigué après avoir pleuré pendant des heures (laisse-moi te prévenir maintenant au cas où tu ne l'aurais pas déjà remarqué, j'aime faire dans le dramatique ...), je veux vivre pleinement cette relation.

Je veux encore rire, je veux encore l'embrasser, je veux m'endormir à ses côtés, je veux me réveiller à ses côtés, je veux qu'il me caresse encore, je veux le regarder dans les yeux pendant des heures, je veux discuter avec lui pendant des heures sur un quai de gare.

Je veux l'aimer, je veux qu'il m'aime.

Suis-je stupide ? Suis-je inconscient ?

Je n'en sais rien ... je n'en sais foutrement rien !

Quelqu'un a dit ironie ?

Karma marche aussi mais ça, tu ne pourras le comprendre que quand je t'expliquerai le reste ...

A bientôt,
F.

Pour un peu de bonheur ...

16 juillet 2014 à 23h09

Cher John,

Avant tout, sache que je viens de finir mon 5ème verre de vin et que je te serai gré de ne pas m'en tenir rigueur.

Je ne sais toujours pas quoi faire de mes sentiments.

Mais je pense que je ne suis pas tout seul à prendre les décisions.

Je pense que T. doit prendre ses responsabilités.

Soit ce qu'il me dit est vrai, il m'aime, il a de vrais sentiments pour moi et il ne me ment pas et il veut alors vivre quelque chose avec moi ou soit c'est de la connerie, il veut juste s'amuser avant d'aller voir si l'herbe est vraiment plus verte ailleurs et ça s'arrête là.

Après, j'ai toujours été quelqu'un qui doute, qui n'a confiance en rien ni personne.

Serait-il possible que toutes ces histoires de vouloir en finir avec la vie et d'avoir l'impression que sa vie va s'arrêter n'est pas un moyen de me faire peur, de me faire courir dans la direction opposée et se débarrasser ainsi de moi sans se donner le rôle de méchant mais en se donnant le rôle du gars torturé qui n'a rien à perdre et rien à offrir ?

Est-ce que tout ça serait en fait aussi simple ?

Tout ce que je sais c'est, qu'au fond de moi, j'ai cette petite voix qui me dit que rien de tout ça ne finira bien.

Qu'il y aura des larmes.

Que je veux que ça s'arrête, que je veux arrêter de me poser milles questions, d'avoir l'impression de vivre suspendu, en attendant que quelqu'un se décide à me dire ce que je dois faire !

Mais personne ne le fera, personne ne prendra les décisions à ma place !

Personne ne va me prendre par la main et me montrer le chemin à suivre !

C'est à moi à me réveiller, à mettre des barrières !

Je ne suis qu'un égoïste petit con !

Tu ne le croiras sûrement pas, mais je vais passer une bonne partie du weekend chez lui.

Comment est-ce possible puisqu'ils vivent ensemble ? Son compagnon se fait opérer demain matin.

Je suis actuellement en train de prier pour qu'il reste le plus longtemps possible à l'hôpital pour pouvoir profiter de mon weekend avec T.

Vraiment ? C'est moi ça ?

Autant cela me semble impossible, autant j'ai l'impression que c'est la personne que j'ai toujours été ...

Il me fait oublier tout ça quand je suis avec lui mais, quand il n'est pas là, j'ai du mal à pouvoir me regarder dans le miroir.

Je me sens si sale, si horrible.

J'ai l'impression d'être un monstre, prêt à tout pour être avec lui, pour être heureux, même si ce n'est qu'éphémère.

J'ai toujours dit que la seule chose qui me faisait vraiment peur dans la vie, ce n'était pas mon père ou les hommes ou le noir mais moi.

Pourquoi ? Parce que j'ai l'impression qu'après 28 années passées avec moi, je ne connais toujours pas mes limites, je ne sais toujours pas ce que je suis capable de faire, ce que je suis prêt à sacrifier ...

Je me répugne quand je parle comme ça ...

A bientôt,
F.

Il a ce don ...

16 juillet 2014 à 23h19

Cher John,

Juste deux secondes après t'avoir écrit qu'il fallait que je prenne une décision et que tout cela cesse, que je ne pourrai pas continuer longtemps à prétendre que tout va bien, T. se connecte pour me souhaiter bonne nuit et voilà ...

Je suis vaincu à nouveau, le monde s'arrête et j'ai tout ce dont j'ai besoin, là, à l'autre bout de l'écran.

Un simple bonne nuit, me rappelant que jeudi est juste à quelques minutes et que notre weekend va pouvoir commencer.

Et toutes mes peurs s'évaporent et le désir de le revoir grandit.

Juste l'idée de pouvoir passer mes mains dans ses cheveux, de poser mes lèvres sur les siennes, de le sentir en moi.

Et tous mes doutes s'évaporent ...

Je suis foutu.

A bientôt,
F.

A notre première nuit ...

18 juillet 2014 à 14h30

Cher John,

Me voilà de retour "chez moi".

J'ai retrouvé T. chez lui hier matin pendant que son compagnon se faisait opérer (je sais ...).

On a passé la matinée et le début de l'après-midi ensemble, à se câliner, à s'embrasser, à discuter, à rire, entre le salon et la chambre à coucher.

Il est ensuite reparti à l'hôpital pendant que j'attendais chez lui ...

J'ai été faire quelques courses.

Il est rentré, j'ai cuisiné, on a pris une douche ensemble, on a dîné, on est retourné se câliner et s'embrasser, discuter et rigoler, entre le salon et la chambre à coucher.

Encore une fois, le monde s'est arrêté de tourner.

On s'est endormi.

On s'est souvent réveillé (il a fait une chaleur épouvantable cette nuit), on s'embrassait, on se regardait, on se rendormait.

On s'est réveillé vers 4h du matin, on a fait l'amour, on est allé dans le salon pour regarder un film puis après une heure, on est retourné au lit pour s'embrasser et s'endormir à nouveau.

On s'est levé vers 9h, on a pris le petit-déjeuner ensemble, puis il m'a raccompagné jusqu'à la gare où j'ai repris le train pendant que lui est allé à l'hôpital rendre visite à son compagnon avant d'aller travailler.

J'ai été faire quelques courses avant de retourner chez moi, j'ai dîné, j'ai un peu regardé la télé et me voilà.

J'ai passé 24h magiques.

Je ne me suis pas aventuré en pensées sur le côté malsain de cette journée, sur les événements qui nous permettaient d'être ensemble là, à cet instant précis, parce que je savais que rien de bon ne pourrait en ressortir.

Mais quand même, c'était toujours là, dans un petit coin de ma tête.

Et d'un autre côté, j'avais l'impression d'être chez moi, comme si c'était là que j'appartenais, comme si c'était ma place !

Je me sens bien, je me sens heureux ...

Je le revois ce soir, on va encore passer la nuit ensemble, sans doute à l'extérieur, loin de la sobriété pour ce soir.

Il a pris congé à son boulot demain pour pouvoir profiter de cette soirée et de cette nuit avec moi.

Je me rends compte que je suis autant attaché à lui que lui à moi.

Je ne sais pas si ça me fait peur ou si ça me flatte ou un peu des deux ...

Et pourtant, je n'arrive pas à m'enlever de la tête l'idée que tout ça ne durera pas.

Qu'en tout cas, ça ne peut pas durer ...

A bientôt,
F.

La nuit ne fait que commencer ...

18 juillet 2014 à 21h28

Cher John,

Je suis de nouveau sur le départ pour retrouver T.

Rien de bien spécifique au programme, seulement qu'on sera ensemble, à nouveau, et que le monde va s'arrêter de tourner pour quelques heures, à nouveau, et que plus rien ne comptera pour moi que lui, à nouveau.

Je n'arrive pas à penser à autre chose qu'à ça, qu'à lui, qu'à "nous".

Et je me sens seul, si seul !

Je n'ai personne avec qui en discuter, mais vraiment personne ...

J'ai l'impression de un que je ne suis pas assez proche de quelqu'un pour commencer à m'étendre sur le sujet sans me sentir jugé (à juste titre ???) et de deux j'ai l'impression que personne ne pourra comprendre ...

Comme toujours, je ne sais pas ...

C'est le bordel total dans ma tête.

Souhaite moi quand même une bonne soirée.

A bientôt,
F.

Tout a une fin ...

19 juillet 2014 à 18h28

Cher John,

Comme il fallait s'en douter, mon weekend en tête-à-tête s'est terminé aujourd'hui, comme c'était prévu.

J'ai retrouvé T. à la gare et nous sommes allés dans le quartier gay pour y boire un verre.

On a parlé, on a discuté, parfois sérieusement, parfois pas.

Et puis, vers minuit, nous sommes allés dans un sauna gay ouvert de nuit.

C'est la deuxième fois que je passe la nuit dans ce sauna avec lui mais à vrai dire, on a pratiquement essayé tous les saunas de ma ville, qu'on fréquente au moins une fois par semaine.

Mon appartement est de temps en temps libre, on pourrait y rester mais il est vrai que c'est plus facile et moins "salissant" d'être dans l'eau que dans un lit, et ça nous évite de nous tracasser avec "ça", en espérant que tu reçoives le message ...

Bref, on a passé une bonne partie de la nuit dans la piscine, à s'embrasser, se caresser, se parler, se faire l'amour, en ne prêtant pas attention aux va-et-vient incessants des autres clients.

C'est comme ça quand je suis avec lui. Peu importe ce que je fais, peu importe où je suis, je me coupe de tout et je ne vois plus rien que son visage.

Parfois, on aime aussi épicer un peu "la chose" et il m'est déjà arrivé de prendre de l'ecstasy avec T.

Cette nuit fait désormais partie de ces fois-là.

La libération, la légèreté, l'abandon total, les sensations, ... je n'en ai pas besoin pour passer un bon moment (je t'avoue même que mes meilleurs moments étaient quand j'étais sobre) mais j'ai envie de vivre à fond, et ça s'arrête là ...

On est resté là jusque 7h du matin.

Nous nous sommes rhabillés et puis j'étais censé repartir chez moi et lui chez lui car son compagnon rentrait normalement de l'hôpital ce matin.

Changement de dernière minute, il me prend un ticket de train et me demande si ça me dérange de faire l'aller-retour avec lui, juste pour qu'on puisse passer encore un peu plus de temps ensemble.

J'ai accepté avec plaisir.

J'ai adoré le fait de terminer ce weekend sur un trajet en train, plutôt que de se dire au revoir sur le pas de la porte d'un sauna.

On était là, assis l'un à côté de l'autre, à se regarder, à discuter, à s'embrasser occasionnellement, ...

On est descendu du train et avant de regarder les horaires pour mon voyage de retour, il a sonné à son compagnon pour avoir plus d'informations sur son retour.

Son compagnon n'allait pas rentrer avant 11h, ce qui nous laissait donc encore 2h ensemble.

On est donc retourné chez lui, on s'est arrêté dans une boulangerie pour me prendre un café, on est arrivé chez lui, on s'est couché dans le divan et on s'est embrassé puis endormi.

On s'est ensuite réveillé vers 10h50. Il était donc temps pour moi de repartir chez moi et pour lui de partir avec sa belle-mère qui allait arriver d'une minute à l'autre pour aller récupérer et ramener son compagnon avec T.

Sa belle-mère est arrivé en voiture, il est descendu et m'a laissé seul dans l'appartement. On s'est dit au revoir.

J'ai attendu quelques minutes avant de partir à mon tour en fermant la porte derrière moi et en vérifiant que tout était en ordre.

J'ai pris le tram, j'ai pris le train, je suis rentré chez moi.

Je me suis douché et je me suis installé dans le divan pour regarder un peu la télé.

Là, je me réveille d'une petite sieste, la tête en vrac.

Sous ecstasy, c'est bien. Mais après, la descente est toujours un peu dure, surtout physiquement. Et le fait d'être resté dans un jacuzzi pendant 7 heures n'aide pas !

J'ai la gorge en feu, les jambes n'en parlons pas, les yeux qui piquent, je suis exténué mais je ne regrette rien.

Si c'était à refaire ? Je referai tout pareil.

Le seul petit bémol ? Quand j'ai dû attendre qu'il ait démarré avec sa belle-mère pour pouvoir repartir.

Cela m'a une nouvelle fois mis face à la réalité et ce n'est pas agréable. Mais ce n'était pas désagréable parce que je pensais à la personne qui partage sa vie et que je me sentais coupable par rapport à lui, mais désagréable parce que ça m'a rappelé qu'il n'était pas "à moi", qu'il me faudrait attendre un nouveau "complot", un nouveau "mensonge" pour le revoir.

C'est ce que je suis devenu, son autre vie.

C'est toujours dans ces moments-là que j'ai une petite voix qui retentit et qui me dit "il ne quittera jamais S. pour toi, tu ne feras jamais vraiment partie de sa vie".

Il y a des fois où j'en suis conscient et je l'accepte et puis, il y a des fois où j'ai l'impression que c'est la chose la plus difficile à surmonter (ce qui est ridicule parce que si tu savais ce que j'ai déjà traversé, tu me mettrais 3 claques en me disant de me réveiller et d'arrêter de fabuler et de reprendre ma vie en main).

Oui, reprendre ma vie en main. Parce que je me rends bien compte par moi-même que je perds pied.

Mais je ne sais pas vers qui me tourner et je ne peux pas me permettre financièrement une aide psychologique. Alors j'attends, j'attends que la pièce tombe, j'attends que tout s'éclaire.

J'y pense, continuellement, sans savoir quelle direction prendre. Je dois le répéter dans toutes mes lettres mais, je me sens perdu.

A bientôt,
F.

Les mots ...

19 juillet 2014 à 18h59

Cher John,

En-dehors de ce qu'on a fait, j'ai quand même envie de te raconter ce qu'on s'est dit.

On parle parfois pour ne rien dire, pour se raconter nos histoires, nos expériences.

Il y a beaucoup de plaisanteries, beaucoup d'humour, beaucoup de légèreté.

Et puis, juste comme ça, la discussion peut devenir plus sérieuse ou alors on se découvre en jouant.

Par exemple, hier, au bar, on devait se poser chacun 3 questions. Sur les 3 questions, on devait en choisir une à laquelle on ne voulait pas répondre et on était obligé de répondre aux autres.

J'ai posé parmi mes questions celle-ci : si tu devais choisir 3 mots pour me décrire, négatif et/ou positif, lesquels utiliserais-tu ?

Au niveau négatif, il m'a dit : mauvais goût vestimentaire (on en rigole souvent, il me regarde de haut en bas et soupire, me faisant comprendre que ce que je porte ne lui plait pas et que je pourrais être mille fois mieux si je m'en donnais la peine), ça me fait toujours sourire.

Ensuite il m'a dit que j'étais un peu naïf mais que ce n'était pas forcément une mauvaise chose. J'avoue, je pense être un peu rêveur, un peu trop optimiste. Mais je garde toujours bien dans un coin de la tête que rien ne se passe jamais comme on le souhaite et que tout ou presque se termine toujours mal.

Puis, il a pointé mon insécurité. Il ne comprend pas d'où ça vient, pourquoi je n'ai pas plus confiance en moi parce que, selon lui, je pourrais faire des ravages si je le voulais.

Niveau positif : pour rejoindre le dernier point négatif, il m'a dit que j'étais mignon à croquer ("cute as hell" pour reprendre ses termes. Oui, on discute en anglais car il ne parle pas très bien français et je ne parle pas très bien le néerlandais, nos langues maternelles respectives. Heureusement pour nous donc, nous sommes tous les deux presque parfait bilingues en anglais).

Puis, il m'a dit que j'avais de l'humour, beaucoup d'humour et du genre qui lui plaît. Que parfois, on discute, je réponds quelque chose et c'est exactement la chose à laquelle il pense.

Enfin, il m'a dit que je faisais ressortir le meilleur de lui-même. J'ai fondu ...

A côté des petits jeux pendant lesquels on apprend à se découvrir, il y a les discussions vraiment sérieuses.

Où on se parle de nous, de nos sentiments, de comment on imagine le futur sans savoir s'il y en aura vraiment un.

On fantasme, on rêve, on est que nous deux pendant quelques heures et rien d'autre ne compte que ce moment-là, à cet instant précis ...

Et depuis peu, il y a ces 3 mots qui reviennent encore et encore. Ces 3 mots qui vous laissent parfois le souffle court, avec des papillons dans le ventre ou qui vous donne l'impression que votre cœur a sauté un battement.

Les gestes ont beaucoup d'importance. Les baisers qu'on s'échange, la tendresse qu'on se donne, le sexe, les caresses sur le visage, sur le bras ou sur la cuisse, les regards et les soupirs.

Mais les mots ont un plus grand impact. Les mots ont la force de pouvoir tout changer.

Les mots ont aussi la force de pouvoir tout détruire ...

A bientôt,
F.

Le ridicule ne tue pas ?

19 juillet 2014 à 20h25

Cher John,

Trois lettres dans la même journée, j'en ai des choses à dire ...

Je suis seul chez moi, à attendre des nouvelles de T.

Cela va bientôt faire 6 heures que je lui ai parlé pour la dernière fois et je me sens ridicule de ressentir ce manque ...

Puis, je pense et je rêve, je me dis qu'il est occupé à discuter sérieusement avec S., lui dire qui je suis, qu'il s'en va parce qu'il n'en peut plus, j'espère recevoir un message me disant qu'il prend le train et qu'il vient me rejoindre parce qu'il ne peut pas faire autrement.

C'est douloureux, physiquement douloureux.

Toute cette attente, tous ces espoirs, ...

C'est s'endormir le soir en lui souhaitant bonne nuit et en rêvant de ses bras et se réveiller tous les matins, seul.

Les journées où je n'ai rien à faire et où je suis tout seul avec moi-même sont les pires, parce que je n'ai littéralement rien d'autre à faire que penser à lui !

Il faut que je me trouve quelque chose pour évacuer toute cette pression.

Parfois, je me dis que je devrais m'ouvrir à d'autres rencontres, aller en rendez-vous, avoir d'autres personnes dans ma vie.

Et je me dis que je n'en ai pas envie, je n'ai pas envie de rencontrer d'autres gens, d'avoir d'autres personnes dans ma vie, d'embrasser d'autres hommes, de coucher avec, de partager mon intimité.

T. est le seul avec qui je veux être, mais que me reste-t-il à faire quand ce n'est pas possible ?

Des suggestions ?

A bientôt,
F.

Le monde autour

20 juillet 2014 à 17h07

Cher John,

Comme cela était prévu, une amie, C. est venue manger chez moi ce midi.

On a parlé de tout et de rien, de choses et d'autres mais, évidemment, on a parlé de T.

C'est quelqu'un de proche, ouvert d'esprit, avec qui je peux parler sans me sentir jugé.

Je ne discute pas de ma situation avec tout le monde parce que je pense que peu de gens comprendront ou du moins écouteront sans porter de jugement.

Ce qu'il en ressort ?

Je dois faire ce qui est le mieux pour moi.

Clairement, la situation actuelle n'est pas des plus agréables mais d'un autre côté, je ne m'imagine pas dire adieu à T.

J'ai encore envie de profiter de lui, de pouvoir rêver à d'autres moments avec lui, je n'ai pas envie que tout s'arrête du jour au lendemain.

A moi de trouver les limites, de savoir ce que je suis prêt à accepter, et jusqu'à quand.

Après avoir trouvé ces dites limites, à moi de les fixer, de ne pas me montrer plus naïf que je ne le suis déjà, à ne pas gober tout et n'importe quoi parce que je suis trop aveuglé par mes sentiments.

Il faut vraiment que j'avance.

Je fais du surplace depuis 2 mois et rien ne va vraiment.

Je me sens heureux en sa compagnie ou quand on se parle mais je me sens si malheureux et si vulnérable quand il n'est pas là.

Et comme je passe plus de temps sans lui qu'avec lui, je te laisse deviner de quel côté de la balance penche mon humeur ...

Il faut que j'avance, il faut que j'aille de l'avant, et à un moment, il faudra que je me décide si c'est avec lui ou pas ...

A bientôt,
F.

G.

20 juillet 2014 à 17h28

Cher John,

Je pense que pour mieux comprendre le "tout", je n'ai pas d'autre choix que de te parler de G.

G., c'est mon ex. La personne avec qui j'étais quand j'ai rencontré T., la personne que j'ai complètement occultée quand j'ai posé mes yeux sur celui qui hante désormais mes pensées.

Comme ça, du jour au lendemain, en l'espace d'un minute, j'ai tout oublié.

J'ai oublié les 6 années que j'ai passé avec lui, peu importe les moments heureux qu'on a pu partager.

Je ne sais pas vraiment de quelle manière s'est fait le changement.

Est-ce que je suis devenu quelqu'un d'autre ou est-ce que je suis redevenu celui que j'ai mis sur le côté pendant 6 ans pour être avec quelqu'un, pour ne pas être seul, pour me donner l'impression de rentrer dans un moule ?

Peu importe, après avoir rencontré T., après les premiers moments passés ensemble, j'ai eu cette impression (désagréable) que je me suis mis entre parenthèses pendant 6 ans, que j'ai menti sur ce que je ressentais vraiment, que j'ai fermé les yeux sur des choses qui m'ont blessé plus que ce que je ne le pensais.

Et tout a très vite basculé.

G. est devenu un poids mort, un boulet, quelque chose dont il fallait que je me débarrasse, quelque chose qui m'horripilait, qui me dérangeait, qui me ramenait cette image de la personne mièvre et chiante que j'étais devenue.

J'ai eu l'impression, d'un coup, en rencontrant T., que le monde s'ouvrait enfin à moi et qu'il était plein de possibilités, que j'avais encore tellement à vivre.

Evidemment, G. a remis notre rupture sur le dos de T.

Personnellement, je ne blâme pas T. (mais suis-je vraiment objectif à ce niveau-là ?).

Certes, il a été un catalyseur, mais je ne pense pas que sa présence ait changé quelque chose.

Il a juste accéléré le processus. Mais je pense sincèrement qu'à un moment ou à un autre, je me serai réveillé avec cette fâcheuse impression d'être passé à côté de quelque chose.

Et je préfère m'en rendre compte maintenant, quand j'ai le temps de pouvoir encore y remédier, que de m'en rendre compte à 50 ou 60 ans, et de me dire qu'il est trop tard.

Et si je me réveille à 50 ou 60 ans en me rendant compte que G. était en fait celui qu'il me fallait et que j'ai complètement tout foiré ?

Je n'en sais rien et, à vrai dire, je m'en fous.

Tout ce que je sais c'est, qu'à cet instant présent, j'ai fait le tour de ma relation avec G., que je n'étais pas heureux avec lui, qu'il ne me satisfaisait pas et que les choses sur lesquels j'avais fermé les yeux n'étaient pas si anodines que ça.

Que je mérite mieux que ça.

Ironique quand je suis cette personne horrible qui souhaite à des inconnus de rester le plus longtemps possible hospitalisés pour passer un peu plus de temps avec la personne que j'aime, non ?

J'en ai discuté aussi avec C. de ça, pendant le repas de ce dimanche, et elle m'a dit que ce n'était pas vraiment mon rôle de m'inquiéter de ça, que si T. voulait être infidèle, c'était son problème mais pas le mien.

Je ne sais pas. Je pense que je suis responsable aussi. Que si j'avais des scrupules et un peu d'estime pour moi et pour les autres, je n'engagerais pas une relation avec quelqu'un qui n'est pas disponible, que je ne mettrais pas une relation en danger.

Et au final, je n'ai pas fait mieux que T.

J'ai aussi été infidèle.

Certes, G. et moi étions en couple ouvert (cette discussion est pour une autre lettre) mais on s'était mis d'accord sur des relations sexuelles avec d'autres.

J'ai été infidèle sur un niveau plus intime, j'ai trahi ce qu'il y a de plus cher dans un couple, la chose qui ne se partage pas.

J'ai confié mon cœur à un inconnu, je lui ai permis de me toucher, de me parler et de m'embrasser de manière bien plus intime que si c'était juste du sexe sans sentiments et, je pense même, bien plus intime qu'avec G.

Et c'est la même chose pour T. par rapport à son compagnon.

Ce n'est pas juste du sexe, c'est beaucoup plus que ça, c'est beaucoup plus profond, beaucoup plus intime.

Il me confie des choses que très peu savent et que même parfois il n'a jamais dit à personne (bien sûr c'est ce que lui me dit et je ne peux pas le vérifier et il se peut très bien qu'il me baratine pour que je me sente plus spécial mais je décide de lui faire confiance).

C'est là que la trahison est plus grande, c'est là que la déception fait le plus mal.

Je t'avoue, qu'en y repensant, que je ne sais pas comment je suis encore capable de me regarder dans le miroir.

A bientôt,
F.

Parce qu'aujourd'hui est un nouveau jour

21 juillet 2014 à 8h42

Cher John,

Je vois T. aujourd'hui.

Ce n'était pas prévu. Nous ne nous voyons normalement que le jeudi, son unique jour de congé de la semaine (avec le dimanche évidemment mais, le dimanche, son compagnon est en congé aussi donc il le passe avec lui).

Depuis bientôt 4 mois, nous nous voyons une fois par semaine. Qu'il pleuve, qu'il neige (je t'avoue que ce n'est pas arrivé une seule fois depuis fin mars), que l'un de nous soit malade, rien ne nous arrête.

Et si le jeudi, ce n'est pas possible, pour une raison ou une autre, on trouve un moyen de se voir un autre jour. Ni lui ni moi ne concevons une semaine sans se voir, ne fut-ce qu'une heure autour d'un café.

Puis, il y a ces petits "bonus".

Ces matins avant son boulot où je le retrouve pour aller juste prendre le petit-déjeuner. Ces soirées où on est libre et où il y a un concert en ville auquel il m'emmène. Ces journées où il est de passage près de chez moi et où il essaie à tout prix d'arranger son horaire pour pouvoir me voir et me voler un baiser.

Aujourd'hui, c'est un bonus.

Aujourd'hui, ce sera une bonne journée.

Dans le registre des choses qui me mettent de bonne humeur, j'ai reçu un mail cette nuit de Sarah.

Sarah m'a redonné espoir quand, hier soir, je remettais encore tout en questions.

Il faut que j'avance au jour le jour, que je prenne tout le positif que je peux prendre dans ces moments et dans cette situation.

Il faut que j'arrête de me poser 1000 questions à la seconde, que j'arrête de vouloir aller plus vite que l'histoire.

Je ne peux rien changer à la situation, je ne peux pas (et je ne veux pas) lancer des ultimatums.

Tout ce que je peux faire, c'est en profiter, c'est essayer d'y trouver mon bonheur et de trouver la situation qui me convient le plus.

C'est tout ce que je peux faire.

Mais je dois arrêter de me culpabiliser ou de me sentir mal ou de m'en vouloir. Je ne m'en sortirai pas si je pars dans cette direction, si je me déteste ou me dénigre tout le temps.

Peu importe la personne que je suis, je mérite d'être heureux.

Pour ça, merci Sarah !

Voilà mon envie pour aujourd'hui John. Être heureux, profiter un maximum des moments en sa compagnie et, pour le reste, juste arrêter de trop réfléchir et voir ce que l'avenir nous réserve ...

Il faut que je me détache, que je prenne du recul par rapport à cette situation pour laquelle je ne peux rien faire. Mais je ne peux clairement pas continuer à y penser sans arrêt et vouloir aller trop vite.

Il y a plein de choses en jeu, il y a d'autres personnes concernées par cette histoire que T. et moi et le monde ne s'est pas fait en un jour.

Tout prend du temps, il me faut juste apprendre à avoir un peu de patience.

A bientôt,
F.

J'ai fini de me sentir désolé

21 juillet 2014 à 22h52

Cher John,

Pour une fois, je ne parlerai pas de T. dans cette lettre.

Mais de G.

Après avoir rompu avec il y a 1 mois et demi, il m'a fait sentir comme la pire des merdes, comme un monstre inhumain égoïste qui n'avait pas de cœur et qui n'avait d'égards que pour lui-même.

A raison, je pensais.

Après tout, je l'ai laissé tomber comme une vieille chaussette sans vraiment essayer de trouver une solution. J'ai tout arrêté, mes sentiments et nos projets d'avenir, sans nous laisser une chance.

Alors, oui, j'avais l'impression d'avoir détruit sa vie, de lui avoir vraiment brisé le cœur.

J'avais l'impression que plus jamais il ne trouverait le bonheur parce que plus jamais il n'aurait confiance en quelqu'un.

C'est comme ça qu'il me l'a présenté du moins. Qu'il était loin d'être prêt de commencer quelque chose avec quelqu'un d'autre ou de rencontrer quelqu'un d'autre, qu'il voulait être seul, tourner la page, panser son cœur meurtri, me haïr en silence.

Tout cela a été une période difficile, pour lui comme pour moi car nous avons signé un bail de 3 ans il y a 1 an d'ici et aucun de nous deux n'est capable de payer le loyer seul ou de rompre le bail à l'heure actuelle, ce qui viendrait avec beaucoup trop de frais !

Donc nous avons passé tout ce temps dans le même appartement, à se croiser, à essayer d'apaiser les tensions, à essayer de rester amis parce que l'un comme l'autre nous pensons que nous avons une complicité incroyable.

Et voilà, qu'il y a 2 semaines, il a rencontré quelqu'un en ligne. Quelqu'un avec qui il a discuté presque chaque minute de son temps libre. Quelqu'un qu'il a rencontré ce weekend pendant que j'étais de mon côté avec T.

Tout le weekend, j'ai eu droit aux photos de leur séjour, ce qu'ils faisaient, où ils étaient, ce qu'ils mangeaient, ce qu'ils buvaient, ...

G. lui a présenté ses deux meilleures amies avec qui ils ont passé une journée au littoral !

Je rentre aujourd'hui après-midi et je le vois enfin depuis vendredi soir.

Je vois qu'il se sent mal à l'aise, que quelque chose le dérange. J'aperçois son téléphone et là, je vois son nouveau fond d'écran. Une photo de lui et de son nouveau prétendant.

On peut dire que ça n'a pas traîné.

Puis, il m'annonce qu'il va venir ici, du mercredi au vendredi et qu'il va dormir à l'appartement.

Je n'ai aucun souci avec ça mais je lui rappelle que jeudi, comme chaque semaine depuis 4 mois, je vois T. et que, depuis que G. a repris le boulot (cela va faire 1 mois), il vient chez moi passer la journée.

Là, il se la joue supérieur et commence à me dire que non, qu'il préférerait qu'il ne vienne pas parce qu'il ne l'aime pas et qu'il n'a pas envie qu'il vienne chez lui.

Je sais bien qu'il le blâme pour ce qui est arrivé à notre couple mais honnêtement, en voyant qu'il ne lui a même pas fallu un mois pour remplacer celui qui soi-disant était tout pour lui et qu'il n'arriverait pas à oublier, je crois que la seule chose que T. a brisé, c'est un mensonge !

Evidemment, je ne me laisse pas faire et je lui dis que T. viendra, que ça lui plaise ou pas.

Il n'a pas d'autre choix. Mais il n'en reste pas là et exige alors que si T. passe la journée ici, j'ai intérêt à être parti avant 5 heures et ne pas revenir avant 9-10 heures parce que lui veut l'appartement pour lui et son nouvel amant.

Quelle classe !

Je n'ai jamais exigé qu'il parte pour me laisser seul avec T. ! La seule raison pour laquelle je reçois T. chez moi, c'est parce que G. n'est pas là et nous sommes toujours partis avant que G. revienne.

Dernière claque, avant d'aller se coucher, il me prévient (comme c'est touchant) qu'il va poster des photos de son weekend avec F-bis (son prénom commence aussi par F., super).

Pas de souci, il a le droit de faire ce qu'il veut.

Mais là arrive la photo de trop.

La photo du parfait petit couple sur la plage, collés l'un à l'autre, les joues l'une contre l'autre, l'amour qui rayonne.

.....................................................................................

Juste pour être clair, je ne suis pas énervé par le fait qu'il ait trouvé quelqu'un ou qu'il vive une grande histoire d'amour.

Je n'ai pas attendu qu'il soit sorti de ma vie pour le faire même si le tout reste compliqué.

Mais je me sens si stupide, si humilié.

Il m'a fait passer pour un monstre sans cœur, pour un égoïste, pour une ordure qui ne mérite que de brûler en enfer pour ce que je lui ai fait, pour lui avoir soi-disant brisé le cœur et lui avoir détruit sa vie.

Et ici, un mois plus tard, il se retrouve déjà dans les bras d'un autre, à avoir des projets jusque Noël ...

C'est ça l'amour qu'il avait soi-disant pour moi ? C'est ça ce que je représentais ?

Elle ne devait pas être bien grande la blessure s'il a fallu si peu de temps pour la réparer.

Et faire ça sur Facebook, là où sont tous nos amis qui ignorent même qu'on n'est plus ensemble parce qu'il m'a demandé de ne pas le dire parce qu'il n'avait pas envie de devoir tout expliquer à tout le monde.

Aaaah ils vont s'en poser des questions quand ils vont le voir heureux, à côté d'un visage qui n'est pas le mien.

Une belle merde.

Il m'a fait sentir comme de la merde, il m'a donné envie de sauter par le balcon parce que je pensais ne pas mériter vivre, parce que je pensais ne pas mériter être aimé !

Je me déteste !

Je suis en colère d'avoir été si con ! De l'avoir laissé m'atteindre et d'avoir cru ses paroles, ces mêmes paroles que mes parents m'ont répétées pendant des années et qui ont réussi à s'insinuer en me faisant croire que j'étais trop horrible que pour être heureux.

Il m'a fallu du temps pour croire que j'avais droit au bonheur après être parti de chez moi.

Et je l'ai cru lui, c'est lui qui m'a redonné espoir.

Jusqu'à il y a deux mois où il m'a rappelé tout ça, où il a réussi de nouveau à me faire penser que je ne valais rien, que je ne méritais rien à part la douleur que je ressentais.

Il n'y a rien de plus stupide qu'un cœur amoureux mais laisse-moi te dire qu'il n'y a rien de plus dangereux qu'un cœur blessé ...

A bientôt,
F.

Un jour après l'autre

22 juillet 2014 à 10h48

Cher John,

Cette semaine risque d'être riche en émotions.

Je pense qu'il est capital, si pas vital, que j'avance pas à pas ! Pas de brusqueries, pas de précipitations.

Il faut vraiment que j'y aille doucement, que je prenne les choses comme elles viennent et surtout, que je me protège.

Cela commence aujourd'hui avec la venue de ma mère.

Je dois lui annoncer que G. et moi c'est fini.

Je redoute déjà ce moment.

Elle va évidemment tout ramener à elle, commencer à pleurer, à me dire qu'il faut que j'essaie de faire quelque chose, de rattraper le coup.

Mon homosexualité a été un gros morceau à avaler pour mes parents.

Je me suis fait jeté dehors, en plein milieu de mes études.

J'ai dû trouver une solution rapidement pour pouvoir continuer à étudier.

J'ai pardonné (ou plutôt j'ai laissé passer parce que je ne sais pas si on peut vraiment pardonner à ses parents de vous abandonner du jour au lendemain pour quelque chose que vous n'avez pas demandé).

Et maintenant qu'ils ont "accepté", ils s'attendent à ce que je me montre reconnaissant et bienveillant, que je reconnaisse leurs efforts à chaque fois, que je loue leur ouverture d'esprit ... mais c'est loin d'être le cas.

Cela n'aurait pas dû se passer comme ça, je n'aurais pas dû attendre qu'ils prennent du temps pour accepter qui je suis vraiment.

Et ici, ce qu'elle va me dire, risque de m'énerver davantage.

Parce que je sais déjà ce qu'elle va me dire.

Elle va me dire qu'elle et mon père ont fait des efforts surhumains pour accepter G. dans leur maison et qu'elle sait pertinemment que mon père ne fera pas d'effort une seconde fois, que si je veux être accepté, je dois rester avec G. parce que je ne pourrais jamais rentrer avec quelqu'un d'autre !

Donc, en gros, mes frères ont pu ramener des dizaines de poufs à la maison, les culbuter dans leurs chambres sans aucun souci, leur rouler des pelles à table et tout ce qui va avec mais si j'ai le malheur d'avoir fait le mauvais choix et de me rendre compte que j'aime quelqu'un d'autre que la personne qu'ils ont mis des mois à accepter, ça ne va pas.

Je dois sacrifier mon bonheur pour qu'eux se sentent à l'aise !

Oui bien sûr maman, c'est comme ça que ça va marcher.

Après toutes les horreurs que vous m'avez fait subir, toutes les disputes, tous ces mois où je me suis retrouvé seul à devoir gérer ma vie sans personne autour pour m'indiquer la marche à suivre, je vais mettre le reste de ma vie entre parenthèses pour ta tranquillité d'esprit et celle de ton adorable mari !

Bref, cet après-midi s'annonce haut en couleurs !

Souhaite-moi bonne chance.

A bientôt,
F.

Une de faite !

22 juillet 2014 à 23h00

Cher John,

La journée se termine.

Au final, cela ne s'est pas si mal passé que ça avec ma mère.

Cela aurait pu être pire.

Il y a juste eu ce moment où elle allait commencer à pleurer.

Je l'ai arrêtée instantanément ! Je lui ai dit que je lui interdisais de pleurer, parce que je n'avais pas l'énergie et le courage de la consoler ou de la gérer pour le moment parce que je n'avais pas moi-même le courage et l'énergie de me gérer et de me consoler.

Elle a arrêté.

Cela s'est toujours passé comme ça ! Peu importe ce que je vivais, je devais toujours mettre de côté mes émotions et être fort pour elle et l'épauler.

Aujourd'hui, j'ai dit non.

Après avoir clos ce chapitre, nous avons parlé de tout et de rien et elle est rentrée chez elle.

La journée se termine.

Dans une heure, on est mercredi.

Dans 24 heures, on est jeudi. Et tu sais très bien ce qui se passe le jeudi !

Je me sens un peu mieux par rapport à T., j'ai l'impression d'avoir déjà pris un peu de recul et de me sentir plus libre par rapport à mes sentiments. Je ne sais pas si c'est une façade ou si ça va durer mais tout ce que je sais c'est que là, maintenant, je me sens bien.

Bien sûr, avant de retrouver T. et ses bras, il y a demain à affronter.

Demain, où je vais rencontrer le nouvel amant de G., où je vais les voir s'enlacer, se câliner, s'embrasser peut-être et, vu qu'ils vont dormir dans la chambre à côté de la mienne, il y a des chances que je sois potentiellement un témoin auditif de leurs ébats ... mais j'espère sincèrement que non !

Je pense d'un côté que G. a trop de respect pour moi que pour me faire ça.

Ou alors, s'il le fait, c'est vraiment pour me faire du mal.

Je ne peux de toute façon rien y faire pour le moment donc je dois attendre demain et je verrai bien ce que mercredi soir me réserve !

A bientôt,
F.

Wooosh

23 juillet 2014 à 18h03

Cher John,

Je te disais hier qu'aujourd'hui allait être une autre journée bizarre puisque j'allais faire la connaissance du nouvel homme de la vie de G.

Rencontre éclair !

Ils sont rentrés, j'étais en train de faire la vaisselle. Je suis arrivé dans le salon, on s'est fait la bise mais G. n'a pas fait les présentations donc heureusement que je sais comment il s'appelle.

Puis j'ai été légèrement ignoré, ils ont parlé entre eux, juste à côté de moi comme si je n'existais pas et voilà.

Je me suis senti stupide, je ne sais pas pourquoi.

Bref, après 5 minutes, ils ont pris leurs affaires et ils sont partis.

Je suis donc, de nouveau, tout seul pour la soirée.

Et je suis en colère désormais. Pas en colère au point d'hurler et de taper mes poings au mur mais un peu quand même.

Contre qui ? Tout le monde ? T. ? La situation ?

Je n'en sais rien.

Tout ce que je sais c'est que quand ils sont partis, je n'avais qu'une envie c'est prendre mes affaires et partir ...

Puis j'avais envie de parler avec T. mais ce n'était pas possible vu qu'il était au boulot.

Et même s'il ne l'était pas, je n'aurais pas pu puisqu'il aurait été avec S. et donc injoignable.

Et là j'ai été énervé contre lui.

Contre toutes ces fois où il m'a dit que, peu importe, j'étais toujours là avec lui dans un coin de sa tête, que c'était moi qu'il voyait dans le divan à ses côtés pendant qu'il regardait la télé, qu'il préférerait passer le weekend avec moi plutôt que de partir dans les Ardennes ou à Amsterdam avec S. comme ça a déjà été le cas.

Mais ça n'arrive pas, ça n'arrivera pas.

La vie est faite de choix. Et le choix qu'il fait, à chaque fois, c'est de rester avec S.

Si l'amour était suffisant, si c'était tout ce qui comptait vraiment, il serait ici avec moi.

Mais l'amour ne fait pas tout, n'est-ce pas ?

L'amour ne suffit pas, l'amour ne fait pas tout ...

Je me sens stupide ...

Une autre chose qui m'a énervée c'est le comportement de G.

Cela fait des semaines que c'est tendu entre nous, qu'on se parle à peine, qu'on se gueule dessus et là, en rentrant du boulot aujourd'hui, il était tout sourire, à rigoler, tout agréable, tout dans la légèreté ...

Quelle hypocrite, quel connard !

Cela m'a saoulé ...

Je suis saoulé de la vie ce soir en fait ... de me dire que tout n'est que déception et que l'amour ne suffit pas ...

Oh oui, l'amour est loin de suffire ...

A bientôt,
F.

Suspendu par un fil

24 juillet 2014 à 0h13

Cher John,

Ce que je peux être con !

Comme je te l'ai écrit dans ma lettre précédente, G. et F-bis sont sortis et je me suis retrouvé seul à l'appartement.

De son côté, T. était à un BBQ avec S. et des amis.

Donc, j'étais là, sur mon bureau puis plus tard dans le divan, à étudier ou à regarder la télé, seul, avec personne à qui parler.

J'ai craqué, je me suis habillé, et je suis sorti, seul.

J'ai embarqué un bouquin, et j'ai pris la direction du quartier gay.

Je me suis d'abord assis dans un petit café style "Starbucks" et j'ai siroté un café glacé tout en feuilletant mon bouquin.

Après avoir fini ma boisson, je suis parti, direction le Night Shop où j'ai acheté des cigarettes. Je suis un fumeur occasionnel, qui fume plus pour s'occuper l'esprit ou pour occuper son temps libre ou pour penser à autre chose que pour vraiment fumer de manière régulière et intensive.

Et là, à cet instant, j'avais vraiment envie d'une cigarette, après avoir fumé pour la dernière fois il y a 2 mois.

Après avoir réglé mon achat, je me suis dirigé vers le bar où T. et moi étions vendredi soir, je me suis assis à la terrasse, j'ai commandé un verre de vin rouge et j'ai fumé ma première cigarette.

Un gars s'est assis à la même table que moi, a commencé à discuter, j'acquiesçais, disais "oui" à l'occasion mais sans plus. Il a vite compris que je n'étais pas là pour discuter ou pour me faire des amis et ça s'est arrêté là.

Je buvais une gorgée puis allumais une cigarette, je sirotais mon verre tout en tirant sur ma clope de temps à autre.

Et j'observais. Énormément.

Peu importe où je regardais, peu importe la personne que je voyais marcher, boire, fumer, discuter, rire aux éclats, chuchoter ou juste respirer, je ne me voyais nulle part.

Je n'appartenais pas à cet endroit, je n'appartenais pas à cet univers, je n'appartenais pas à ce moment.

Je ne me sentais pas à ma place.

Pendant ce temps, je m'étais rendu indisponible pour presque tout le monde mais surtout pour T.

Je ne sais pas si je l'ai fait exprès, pour qu'il s'inquiète ou pour qu'il me prouve qu'il s'inquiète ou tout simplement parce que j'étais en colère contre lui d'une certaine manière de m'avoir laissé seul alors que j'aurais bien eu besoin d'être avec lui.

Evidemment, tout m'éclate un peu au visage maintenant.

Je suis rentré il y a 40 minutes et mon téléphone s'est connecté au Wifi.

Je me suis installé sur la terrasse de mon appartement et je me suis servi un dernier verre de vin et allumé une dernière cigarette.

Là, j'ai vu que j'avais quelques messages de T.

Il se demandait où j'étais et me disais qu'il venait de finir son BBQ et qu'il rentrait.

Il me disait aussi qu'il commençait à s'inquiéter en voyant qu'il ne recevait pas de réponses, qu'il espérait que j'allais bien.

Je me suis senti stupide pour ne pas l'avoir tenu au courant.

Je lui ai répondu que j'allais bien, que j'avais juste envie de sortir parce que j'en avais marre d'attendre seul chez moi alors que tout le monde était de sortie, occupé à vivre sa propre vie.

Je lui ai souhaité bonne nuit et lui ai dit à demain.

Vu l'heure, je ne pensais pas qu'il se reconnecterait.

Mais il l'a fait.

Au départ, ça été.

Il m'a juste demandé si j'allais bien, qu'il s'inquiétait et qu'il espérait que je n'avais embrassé personne. Il m'a souhaité bonne nuit et m'a dit qu'il allait se coucher.

Il m'a ensuite dit qu'il avait un mauvais pressentiment dont il n'arrivait pas à se débarrasser.

Je lui ai dit que non, qu'il ne s'était rien passé parce que je ne peux juste pas.

Honnêtement, je ne me vois pas embrasser ou caresser ou même flirter avec quelqu'un d'autre. J'aurai l'impression de le trahir.

Là, il s'est un peu énervé.

Il m'a demandé comment je savais que je ne pouvais pas. Est-ce que c'était parce que j'avais essayé ?

Il m'a ensuite dit qu'il devait partir se coucher mais qu'il était désormais de mauvaise humeur.

Je lui ai dit que non, je n'avais pas essayé, je ne peux même pas penser à essayer à faire quelque chose avec quelqu'un d'autre alors le faire vraiment, n'en parlons pas !

Je lui ai dit que j'étais allé à notre bar mais que je ne m'y étais pas senti bien, parce que je n'avais pas l'impression d'être à ma place, pas tout seul en tout cas. Mais que je n'avais pas envie de rester seul chez moi non plus.

Il m'a dit qu'il comprenait et a rajouté un bonne nuit.

J'ai répondu bonne nuit aussi et lui ai demandé si on se voyait toujours demain.

Sa réponse : "Oui, peu importe".

Cela m'a crevé le cœur.

Les larmes sont montées toutes seules.

Je ne m'attendais pas à cette réponse, à cette froideur.

Je lui ai dit, ironiquement, d'avoir l'air moins enthousiaste.

Il a terminé la conversation en me disant qu'il m'avait promis d'être là et que donc il serait là.

Ses derniers mots : "Je suis de mauvaise humeur maintenant. Désolé, c'est juste moi. A demain, je te fais savoir quand j'arrive."

Et il s'est déconnecté.

Je ne sais pas comment ça va se passer demain.

Tout ce que je sais c'est que ce petit jeu m'a juste fait réaliser que je ne veux pas le perdre, que j'ai de vrais sentiments pour lui et que je ne veux pas les jouer à la roulette.

Je l'aime et je pense sincèrement qu'il m'aime mais ce n'est pas suffisant. Son absence me tue, le fait que je ne puisse pas l'avoir près de moi quand j'en ai besoin me tue. Je sais que ce n'est pas possible d'avoir quelqu'un physiquement à ses côtés 24h/24 mais avec la technologie d'aujourd'hui, il est facile de se joindre par message, coup de fil ou skype. Et ce n'est pas comme si il habitait à 30h de vol de chez moi.

Mais même ça, je ne peux pas. Si j'ai besoin de l'appeler ou de lui parler, je ne peux pas garantir qu'il pourra le faire de son côté parce qu'il est peut-être en soirée avec S. ou occupé ailleurs avec S. ou en train de regarder la télé avec S. ou en train de souper avec S. ou en train de lire un bouquin dans le même lit que S. et il ne peut pas s'éclipser discrètement pour passer un coup de fil sans devoir s'expliquer après !

Je comprends que je n'aurais pas dû l'ignorer comme ça pendant toute une soirée et jouer avec lui et l'inquiéter.

Mais moi dans tout ça. Mes attentes, mes peurs, ma solitude. J'en fais quoi ? J'en parle à qui, je les confie à qui, qui les rassure, qui les comble, qui ?

La nuit risque d'être courte et la semaine risque de continuer sur sa lancée, riche en émotions.

Pense à moi, prie pour moi. Prie pour que dans quelques heures, je puisse l'embrasser, pour qu'il puisse m'enlacer et me consoler et me dire que tout ira bien et que ma connerie ne soit pas la fin de cette histoire, prie pour qu'il ne me laisse pas parce que, honnêtement, je ne pense pas, à cet instant, être assez fort pour le supporter.

Surtout si, après, je dois rentrer ici et supporter la présence de G. et F-bis.

A bientôt,
F.

Insomnie ...

24 juillet 2014 à 3h14

Cher John,

Je me doutais bien qu'il ne se reconnecterait pas mais quand même ...

Je n'arrive pas à dormir, je m'en veux tellement.

Je me sens si con.

Je me sens si inutile.

Je me sens de trop.

Je sens que si je disparaissais, à l'instant, mon absence ne ferait pas mal longtemps.

A bientôt,
F.

Journée épique !

24 juillet 2014 à 22h42

Cher John,

Cette journée a juste été un monstre d'émotions !

Je suis exténué et c'est vraiment parce que je veux te raconter cette journée tant qu'elle est encore fraîche dans ma mémoire que je suis ici !

T. s'est connecté vers 6h30 ce matin, me demandant si vraiment je n'avais embrassé personne et me disant qu'étant en couple, il n'avait pas à me dire ce que j'avais le droit de faire ou pas mais que s'il s'était passé quelque chose, il voulait savoir.

Il m'a aussi dit que, comme moi, il n'avait pas beaucoup dormi et était fatigué.

Je l'ai rassuré une énième fois, lui disant que non, rien ne s'était passé, que je n'étais pas là pour ça. Il m'avoue avoir du mal à me croire mais je lui répète encore que c'est la vérité mais que, par contre, je regrette m'être coupé du monde pendant 2 heures et de l'avoir ignoré et laissé s'inquiéter.

Je le sens encore en colère mais il me dit qu'il va quitter le PC et me rassure en me disant que de toute façon, on se verrait plus tard.

Il est revenu plus tard pour me dire qu'il serait là vers 9h30.

Le soulagement.

La conversation en ligne a un peu continué mais je sentais bien qu'il n'était pas tout à fait satisfait et qu'il restait malgré tout distant.

Bref, je me prépare et je me mets en route pour aller le chercher à la gare.

Je le vois, je l'embrasse et je l'enlace. J'aurai voulu rester là pendant des heures, au milieu du hall, à le tenir dans mes bras.

Nous sommes sortis et avons pris la direction d'un petit endroit sympa où nous prenons hebdomadairement nos petits-déjeuners.

Sur le chemin, on a évidemment rediscuté de tout ça, il me répète combien il a eu mal en s'imaginant que je puisse embrasser quelqu'un d'autre, combien il s'est inquiété. Je lui ai dit que j'étais désolé de m'être isolé mais que parfois c'était difficile de le savoir en train de passer un moment avec S. pendant que j'étais seul chez moi à penser à lui.

On s'est enlacé à nouveau, on s'est embrassé. On s'en fout généralement des gens autour, que ça plaise ou que ça choque. Comme d'habitude, le monde s'arrête et tout est flou.

La journée s'est passée dans une ambiance agréable, comme après une première dispute résolue.

On se sent tous les deux cons d'avoir réagi comme on a réagi et d'avoir pu blesser l'autre (comme il m'a blessé hier soir en étant distant et en essayant de me faire comprendre qu'il viendrait mais plus par obligation. Il m'a avoué que c'était dit exprès pour me blesser, ça a marché mais il s'en ait voulu que ça ait marché).

J'ai toujours trouvé que les mots pouvaient être plus meurtriers que les gestes. Il pense pareil et on en abuse.

On a repris le cours de notre relation, aussi compliquée soit elle.

Après le petit-déjeuner, nous sommes allés chez moi. De nouveau, des étincelles, peu importe ce que l'on faisait.

On a passé notre journée à étinceler. A faire de chaque minute un moment magique où on pouvait rire, être intime, être heureux, être bien. Et surtout, et c'est important pour moi de le préciser parce que je veux vraiment que ce soit clair que je n'ai pas besoin de drogue ou d'alcool pour passer un chouette moment, la journée s'est passée dans la sobriété !

On a terminé notre journée sur la terrasse d'un petit restaurant à boire un verre et manger un morceau.

On a discuté de choses et d'autres mais on a surtout parlé sérieusement.

On a parlé de nous, et je lui ai dit ce que je ressentais par rapport à S.

Que je ne le voyais pas le quitter et quitter la vie qu'il a, juste pour moi.

Il m'a alors dit qu'il faudrait sans doute qu'on arrête de se voir pour ne pas que ça fasse plus de mal. Je ne sais pas si c'est la fatigue qui m'a donné cette révélation mais je lui ai dit que non.

Que là, à cet instant présent, je l'aimais et que c'était tout. Je ne pense pas que l'amour qu'on éprouve pour une personne puisse évoluer ou devenir plus grand ou plus intense. Qu'une fois qu'on aime, on aime et cela s'arrête là !

La douleur ou la peine que je ressentirai en le quittant sera la même si ça arrive dans 2 jours, 2 semaines ou 2 mois. Je le pense sincèrement. Alors non, je refuse de le quitter, pour le moment du moins.

Que je resterai tant que j'y trouverai mon compte et que lui aussi mais qu'à partir du moment où je sentirai avoir fait le tour de notre relation, je partirai.

Nous en sommes aussi revenus sur le fait qu'il compte quitter ce monde bientôt, volontairement.

Je ne sais pas où j'ai puisé la force d'avoir les propos que j'ai eus mais pour une personne extérieure, cette conversation devait avoir l'air d'être d'un autre monde.

Disons juste qu'au final, je ne sais pas si c'est vraiment moi qui parle ou la personne qui veut plaire ou la personne qui n'y croît pas mais, je suis prêt à l'accepter.

Si c'est vraiment ce qu'il veut, je suis d'accord.

Je ne peux pas le retenir, je ne peux pas le faire changer d'avis, l'amour ne suffit pas, je m'en suis bien rendu compte.

Tout ce que je peux faire c'est le laisser partir. La seule condition que j'ai émise c'est qu'il me dise au revoir.

Il peut m'écrire une lettre s'il veut, me laisser un souvenir si ça lui chante mais, en tout cas, je veux qu'il me dise au revoir, une dernière fois, en vrai.

Je pensais qu'en écrivant toute cette histoire, je réaliserai à quel point le tout semble ahurissant mais au contraire, ça prend de plus en plus de sens.

On a continué à parler de ça pendant encore un moment avant de se décider d'arrêter, de se lever et partir.

On est retourné à la gare, il m'a fait écouter un peu de musique avant que son train arrive, on s'est dit au revoir proprement, on s'est dit "Je t'aime" et on s'est quitté.

Pendant que son train le ramenait chez lui, je partais de mon côté chez une amie pour passer la soirée ensemble comme cela avait été prévu puisque je n'avais pas le droit de rentrer à l'appartement avant 22h puisque G. et Crêpe-Suzette (le surnom que T. a trouvé pour l'amant français de G., j'ai trouvé ça marrant donc je le garde !).

Mais j'étais vraiment épuisé donc à 21h30, je me suis excusé et je suis parti, n'ayant qu'une hâte, retrouver mon lit (il est 22h40 et je n'y suis toujours pas !)

Je suis rentré, un peu à un mauvais moment je crois parce que les deux tourtereaux avaient l'air occupés (heureusement dans la chambre à coucher) vu le bruit que j'ai entendu quand je suis rentré.

J'ai pris un verre de limonade et j'ai juste été me poser deux minutes sur le balcon, pour voir si j'avais des messages de T. et y répondre et pour prendre l'air.

G. est arrivé, me demandant si ça allait et si j'avais passé une bonne journée.

On a un peu discuté, superficiellement, et puis il est reparti de son côté.

Je t'avoue m'en foutre un peu de la journée et de la soirée de G. et Crêpe-Suzette mais bon, il faut rester un minimum poli quand même ...

Et me voilà.

Te racontant tout ça.

Là, je vais vraiment aller m'étaler dans mon lit et dormir. Peu importe de quoi je rêve, j'ai passé une bonne journée malgré la fin inattendue où je me vois encore dire à T. que je peux concevoir ses envies et que je l'accepte.

Je me sens soulagé. Stupide, non ?

A bientôt,
F.

Ce matin, sur une autre planète

25 juillet 2014 à 9h54

Cher John,

Je me suis réveillé ce matin, seul.

La conversation de la veille me résonne encore dans les oreilles.

Je n'ai pas changé ma position, je ne pense pas différemment, j'hallucine juste sur le fait qu'elle soit réelle ...

Je me sens comme un lendemain après une nuit bien arrosée.

Mal de tête, au ralenti, faible, ...

La journée risque d'être longue je crois.

A bientôt,
F.

Que les jeux commencent ...

25 juillet 2014 à 23h14

Cher John,

En relisant la lettre que je t'ai écrite hier, je me rends compte à quel point le message que j'ai fait passer n'était peut-être pas celui que je voulais.

Certes, je peux comprendre le fait que quelqu'un puisse en finir avec la vie.

J'ai, je pense, une vision différente de la mort.

Je ne la vois pas comme une finalité, juste comme le passage à autre chose.

On ne naît pas de notre plein gré, personne ne demande à arriver sur cette Terre.

La moindre des choses, ce serait de laisser à chacun le choix de choisir quand partir.

Personne n'est en position de juger, personne ne peut dire ce que la personne a encore à vivre ou pas, s'il lui reste de belles années devant lui ou s'il reste, s'il se réveillera un jour avec un cancer de la prostate ou du poumon au stade terminal et qu'il partira dans d'atroces souffrances.

Mon point de vue est que chacun devrait être libre de choisir pour lui-même !

Après, même si je comprends et que j'accepte ce choix, je n'ai pas dit qu'il fallait acquiescer et laisser faire !

Je ne vais pas m'arrêter là, je ne le laisserai pas partir sans me battre un minimum ni sans essayer de lui montrer qu'on pourrait avoir quelque chose de bien tous les deux.

Je le pense sincèrement. Je pense vraiment qu'on pourrait faire et vivre quelque chose de magique tous les deux ! Je veux juste qu'il me donne une chance.

Et je vais tout faire pour le lui prouver désormais.

Je vais le travailler au corps, je ne vais pas le lâcher, je vais essayer de lui ouvrir les yeux, lui montrer que la vie (sa vie) n'a pas à s'arrêter là.

Et si, malgré tout, partir est toujours son choix, qu'il en soit ainsi.

Je ne demande pas de la pitié, je ne demande pas qu'on me console ou de la tristesse, je ne demande rien de tout ça.

Je pense, encore une fois, sincèrement, être capable de l'accepter ...

Je ne sais pas de quoi est fait demain.

Tout ce que je sais c'est que je l'aime, que je vais le lui prouver et que je veux profiter des moindres instants avec lui, peu importe le temps qu'il nous reste ...

A bientôt,
F.

Mens-moi

27 juillet 2014 à 0h35

Cher John,

Je me rappelle t'avoir dit dans une lettre que j'avais pas mal de soucis à faire confiance à quelqu'un.

Peut-être parce que les sentiments que j'ai pu avoir pour les gens qui comptaient (mes parents, mes "amis", ...) me sont toujours revenus en pleine face avec un goût amer.

Alors, j'ai toujours cette petite voix dans ma tête qui me répète sans cesse, quand quelque chose va bien, que tout n'est que mensonge, que rien n'est vrai, que personne n'est sincère.

Et c'est pareil avec T., évidemment.

J'ai cette petite voix dans la tête qui me dit qu'il ne fait que me mentir, que tout ce qu'il me raconte sont des bobards pour avoir ce qu'il veut, qu'il ne fait que me dire ce que je veux entendre pour que je me sente spécial ...

Et je sais à quel point c'est stupide. Je vois son regard, je vois ses attentions, je sens ses caresses, je sens ses baisers.

Mais le fait est que je peux survivre au mensonge. Je peux passer au-dessus, je peux l'oublier.

S'il décide de quitter ce monde comme on en a discuté et que tout ce qu'il m'a dit ce n'était que des mensonges, je pourrais aller de l'avant en me disant que je me suis fait berné par un sociopathe qui m'a embobiné et qui n'a fait que jouer avec mes sentiments.

Mais si ce n'est pas un mensonge, s'il est sincère sur ce qu'il ressent, comment survivre à ça ?

Comment passer au-dessus ? Comment apprendre sa mort et se rendre compte que mon amour n'était pas suffisant ?

Comment vivre avec le fait que la personne que vous aimiez à cet instant le plus au monde, la personne qui vous calmait, qui vous donnait l'impression que la vie valait la peine, que tout irait bien, que tout pouvait enfin être merveilleux, que le bonheur que vous attendiez depuis si longtemps était là, à portée de main, a décidé qu'il ne voulait rien de tout ça ?

Comment continuer à avancer ? Comment continuer à respirer ?

Et j'ai beau me répéter que je comprends que quelqu'un puisse vouloir en finir avec la vie, je ne peux pas comprendre que T. veuille en finir avec la mienne.

Je lui en veux pour ça, énormément.

Il m'a rencontré, il m'a fait tomber amoureux de lui, il me fait vivre ses moments magiques, il me permet de rêver, de fantasmer, de faire des projets, de lui parler des choses que j'aimerais faire avec lui, tout en sachant que dans sa tête, tout cela n'arrivera pas parce qu'il compte en avoir fini avec la vie dans quelques mois.

Et je n'arrive pas à me rationaliser, je n'arrive pas à retirer la prise sur cette histoire et à partir dans la direction opposée. Je ne peux pas me résoudre à l'abandonner.

Je voudrais qu'il me mente, je voudrais que tout ça ne soit pas vrai, je voudrais qu'il me brise le coeur maintenant, en me laissant partir plutôt que de me laisser dans cette attente insoutenable jusqu'au jour où il sera trop tard pour reculer.

Je voudrais qu'il me mente.

A bientôt,
F.

Juste un peu de soleil

27 juillet 2014 à 11h49

Cher John,

La semaine se termine.

Je ne sais pas comment sera celle qui arrive mais disons que, malgré tout ce qui se bouscule dans ma tête, je me sens serein.

Je vais certainement voir T., je vais certainement étudier pour la seconde session qui s'approche à grands pas, je vais certainement t'écrire, je vais certainement rire, je vais certainement pleurer, je vais certainement rêver.

Mais tout ça, ce n'est qu'à partir de demain.

Aujourd'hui, la journée a commencé avec un appel que j'espérais. La première chose que j'ai entendue en me réveillant, excepté pour mon chat qui me miaule tous les matins dans les oreilles pour avoir sa dose de câlins, c'est la voix de T. me disant bonjour.

On a discuté de tout et de rien.

Je me sens de plus en plus à l'aise niveau conversation. Je me rappelle qu'au début (et c'est valable pour toutes les personnes que je rencontre), je ne parlais pas beaucoup.

J'écoute beaucoup au départ, je cerne le personnage, j'évalue, je vois ce que la personne aime ou pas et puis je m'adapte. Je sais ce que je peux dire, ce qui fera rire, ce qui va énerver, ce qui va plaire.

Et voilà.

On a discuté pendant à peu près 20 minutes et puis on s'est dit au revoir et on a raccroché.

On s'est retrouvé un peu plus tard par mail.

Le contenu de nos conversations n'est pas intéressant pour les gens de l'extérieur. C'est principalement de l'humour ou alors on se parle juste de nos vies mais ce sont des détails.

Le plus important, c'est comment je me sens quand on se parle. Je souris d'un sourire idiot juste en sachant qu'il est à l'autre bout de l'écran. J'oublie la douleur que je ressens parfois quand il me manque ou quand je pense à l'amour que je ressens pour lui et que je ne peux pas vivre pleinement. J'oublie que tout est si compliqué.

Et c'est tout ce qui compte pendant ce petit intervalle de temps.

Puis, la journée reprend son cours.

Aujourd'hui, je pars rejoindre une amie chez elle. On va manger ensemble et discuter.

Je ne lui ai pas encore parlé de T. et je ne sais pas si je le ferai.

C'est une amie que j'ai en commun avec G. et même si je sais que je peux lui faire confiance, je ne sais pas si j'ai envie qu'elle sache des choses qu'elle pourrait répéter sans le vouloir, à une soirée bien arrosée même si, sincèrement, je ne pense pas que ce soit le cas.

Mais surtout, c'est parce que je ne peux pas tout raconter de T. et cela rend difficile le fait de comprendre toute la situation.

Bref, je ne veux pas me prendre la tête avec ça, je ne vais pas la voir pour ça. Je vais là pour me changer les idées, profiter du beau temps (et j'espère que cela restera une belle journée) et voilà.

G. est parti de son côté, chez ses parents. Je n'avais pas envie d'y aller.

Il ne leur a jamais dit qu'on était ensemble mais vu que j'étais son "colocataire", j'étais souvent invité à aller manger avec lui.

Et vu qu'ils ne savaient pas qu'on était en couple, je ne vois pas l'intérêt de leur dire qu'on est séparé mais je ne me sens plus "obligé" d'aller à chaque fois avec lui comme lui n'est plus "obligé" de venir avec moi quand je vais visiter ma famille.

Bref, je ne le verrai pas avant ce soir et c'est tant mieux.

Je pensais qu'on pourrait rester ami mais je ne pense pas que ça sera possible.

J'ai trop de colère en moi par rapport à lui et je ne le vois plus de la même façon.

On est allé hier ensemble au cinéma et on ne s'est presque pas parlé. Je n'ai plus rien à lui dire, plus rien à lui confier, plus rien à partager.

Il vient parfois, avec un sourire coupable sur le visage, et me sourit, me raconte des choses. J'écoute, je réponds poliment, je souris en retour mais intérieurement, j'ai juste envie de prendre mes affaires et de claquer la porte.

Ce que je vais faire dans pas longtemps, c'est certain.

A bientôt,
F.

Là où on l'attend le moins

27 juillet 2014 à 23h05

Cher John,

A chaque fois que je t'écris quelque chose dans une lettre, le contraire se produit juste après.

Je t'avais dit que je verrais une amie cet après-midi et que je ne pensais pas lui parler de T. du tout parce que je n'en avais pas envie et parce que je ne pensais pas pouvoir tout raconter, ce qui rendait difficile le fait de tout comprendre.

Et au final, je lui ai tout raconté.

Comment je me sentais, amoureux d'un homme en couple, homme auquel je n'arrête pas de penser, homme avec qui je me sens revivre, avec qui j'expérimente, avec qui je profite de la vie.

Et là, j'apprends qu'elle comprend parce qu'elle a été dans la même situation que moi (et l'est encore un peu).

Cela fait 4 ans qu'elle a une relation avec une personne qui est en couple.

La sensation de libération, j'ai un de ces poids qui s'est enlevé de mes épaules.

Je me suis senti enfin moins seul, réellement compris, réellement soutenu ...

Je lui ai même parlé de T. et de son envie d'en finir avec la vie.

Bref, au final, j'ai eu un vrai échange avec quelqu'un. On terminait les phrases de l'autre, on partageait nos expériences et sentiments pour se rendre compte qu'on avait les mêmes ...

Libérateur, je n'ai pas d'autre mot pour décrire ce dimanche après-midi !

Même si on a été d'accord pour dire que le tout était un énorme bordel, cela m'a fait énormément de bien de ne pas me sentir jugé ou incompris ou seul ...

Enfin.

Pendant un bref instant, aujourd'hui, j'ai vraiment souri. Pas grâce à T. mais à la vie.

Je me suis accordé pendant un moment l'impression que malgré tout, je réussirai à être heureux.

Peu importe comment mon histoire avec T. évolue.

J'ai pu apercevoir la fin du tunnel et je me suis vu surmonter tout ça.

Je me suis vu vivre.

A bientôt,
F.

Les premières fêlures ?

28 juillet 2014 à 10h15

Cher John,

Je me suis réveillé ce matin quand mon téléphone a commencé à vibrer sous les premiers messages que T. m'a envoyé.

Et, comme tous les matins, mon téléphone n'a pas quitté mes mains et nous n'avons fait que discuter.

Je me suis habillé, je suis parti faire les courses, toujours en discutant avec lui.

Mais je me suis senti distant, je me suis senti m'éloigner.

Je ne sais pas si c'est le fait qu'on ne s'est pas vu depuis jeudi et que forcément je prends du recul parce qu'il n'a plus la même emprise sur moi.

C'est comme si j'oubliais déjà comment je me sens, comment je suis quand il est là et qu'il m'embrasse ou me caresse le visage, comme si ce n'était qu'éphémère, si futile, comme si ça ne comptait pas vraiment.

Et d'un autre côté, je suis persuadé que quand je le verrai ce jeudi, je serai de nouveau ce gamin qui voit la neige pour la première fois ou qui arrive à la fête foraine et voit son premier manège mécanique.

Mais au final, je rejoins mon sentiment d'hier soir. Je vois un futur où il n'est pas là et je peux l'accepter, je peux le supporter, je peux survivre.

Cela m'effraie d'un côté, parce que je ne veux pas de ce futur.

Bref, nous avons continué de discuter. Il parle toujours de Cologne, en Allemagne où il aimerait m'amener.

Et jeudi dernier, on discutait des choses qu'on aimerait faire cet été.

Il m'a dit ce matin avoir regardé comment se rendre à Cologne en train (aucun de nous deux ne conduit) et a regardé aussi les tarifs pour voir si ce n'était pas trop cher (il sait que je ne suis qu'un étudiant et que je ne peux pas me permettre beaucoup et il ne peut pas non plus se permettre de payer pour deux tout le temps).

Je suis mitigé ...

J'apprécie le fait qu'il se renseigne et qu'il veuille m'y amener mais, d'un côté, je sais qu'il m'a dit qu'il y avait des choses qu'il voulait faire avec moi avant de "partir".

Alors je ne sais pas si je veux vraiment aller à Cologne avec lui.

Je ne sais pas si je veux penser pendant toute la journée où on y sera : "Est-ce que c'est un au revoir ?"

Je ne veux pas qu'il me dise au revoir ...

Qui pourrait supporter cet échec ? Se dire qu'il n'a pas été assez persuasif que pour retenir l'être aimé ?

Ce n'est pas pareil que quelqu'un qui vous quitte parce que vous ne le rendez plus heureux et qu'il veut quelqu'un d'autre.

Ici, il n'y a même plus assez d'intérêt que pour vivre ! Ce que vous lui apportez, ce que vous faites, l'amour que vous avez n'est même plus assez intéressant, assez fort que pour le garder en vie ...

C'est une horreur.

A bientôt,
F.

Home is where the heart is ...

28 juillet 2014 à 22h29

Cher John,

Les prochaines semaines vont encore être un cap difficile à passer ...

Je ne sais pas si je te l'ai déjà dit mais G. et moi sommes toujours en colocation.

Même si je ne vois pas ça continuer encore des mois, c'est pour l'instant la seule solution et cela reste assez lourd à supporter.

Le fait qu'on vive encore ensemble ne nous a pas permis non plus de pouvoir faire tranquillement le "deuil" de notre relation et il y a toujours à un moment ou à un autre de la colère qui ressort. Ne pas pouvoir l'exprimer ou la ressentir parce que l'autre est toujours là n'a pas été (et n'est toujours pas) facile.

J'ai appris aussi que Crêpe Suzette revient cette semaine, de mercredi à jeudi. Il revient ensuite la semaine prochaine, de mercredi à vendredi.

Mais ils vont à l'hôtel, parce qu'ils veulent plus d'intimité.

Je m'en fous.

Le seul truc, c'est que je vais me retrouver seul avec moi-même et, en ce moment, ce n'est jamais bon ...

Puis, G. part dans le sud de la France rejoindre Crêpe Suzette du 13 au 20 août.

Juste avant le début de ma session.

Cela ne peut se passer que de deux façons.

Soit ça va me permettre de souffler et d'affronter ma session de manière plus sereine, soit je vais complètement craquer et ça va faire tout foirer ....

Je ne peux rien prévoir pour le moment, on verra.

J'ai déjà prévenu T. du départ de G. et du fait que j'étais seul chez moi au moins une nuit par semaine pour les 2 semaines à venir puis ensuite toute une semaine.

J'espère qu'on pourra prévoir quelque chose aussi mais comme pour le reste, on verra.

Je sais qu'on se voit jeudi.

C'est déjà ça.

Je suis fatigué en fait. Mais vraiment exténué.

J'ai un traitement pour la thyroïde et je n'ai pas été des plus sérieux en ce moment avec toutes mes sorties, mes voyages à gauche à droite et mes nuits blanches et je pense être un peu déréglé à ce niveau.

Il va falloir que je m'y remette correctement pour reprendre un rythme normal et surtout rééquilibrer le tout.

Et toute la situation ne fait pas exactement que j'arrive à me reposer sereinement ...

A bientôt,
F.

Alone again

30 juillet 2014 à 18h08

Cher John,

Comme prévu, G. est parti ce matin et ne reviendra que demain après le boulot.

Ce qui fait que je suis tout seul ce soir, encore.

Je fais bonne figure.

Je vais aller au ciné pour ne pas rester entre ces 4 murs et voir un film que G. voulait aussi aller voir.

Je l'ai posté en ligne pour être sûr qu'il le voit et qu'il sache que j'avançais aussi de mon côté.

Je ne sais pas pourquoi. C'est fini alors pourquoi je m'en fais encore ? Par vengeance ? Par mépris ? Par méchanceté ?

J'ai besoin d'attirer l'attention, de lui faire savoir que je souffre, que je ne suis pas si heureux qu'il pense que je suis avec T., que tout n'est pas facile, que tout n'est pas évident, que je ne l'ai pas quitté pour quelqu'un d'autre mais que je l'ai quitté parce que je n'étais pas heureux !

Stupide, quand au fond, je ne le suis toujours pas.

Mais ces choses prennent du temps, non ?

Et je lui en veux tellement, pour tellement de choses.

Je repensais encore à quelque chose qu'il m'avait dit lorsqu'on s'est séparé.

Il m'a dit qu'il était déçu parce que je nous laissais juste tomber comme ça, que je ne me battais même pas pour nous et que c'était tout ce qu'il avait à savoir pour aller de l'avant.

Comme c'est facile de tout me remettre sur le dos !

Et lui, il s'est battu ? Il a essayé de me récupérer ? Il m'a demandé de choisir ? Il m'a dit que je devais quitter T. au risque de le perdre ? Il a fait quoi pour changer la situation ?

Au fond, ce qui me met hors-de-moi c'est qu'il a si facilement tout remis sur mon dos quand, au fond, cela l'arrangeait bien aussi !

Il ressentait la même chose que moi ! On était très bons amis mais plus rien d'affectif ne nous retenait vraiment, ne faisait de nous un couple et c'est tout !

Mais si c'est plus facile pour lui de tout me mettre sur le dos, ainsi soit-il ...

J'en ai assez de m'en faire.

Dans un registre plus "joyeux", aujourd'hui, on est mercredi, ce qui veut dire que demain c'est jeudi !

Et qui dit jeudi dit T. !

Je vais chez lui cette fois.

Petit-déjeuner, journée ciné, et puis il sera déjà l'heure de nous séparer.

Normalement, il y a des chances qu'il vienne la semaine prochaine mercredi soir, qu'il passe la nuit et qu'on passe jeudi ensemble.

Je ne sais pas si ça se fera.

J'ai pas mal de choses à dire. Et je ne sais pas s'il va vouloir les entendre ...

On verra bien demain.

Tu sauras quoi demain.

A bientôt,
F.

Foutu karma !

30 juillet 2014 à 22h33

Cher John,

Je pensais sincèrement que cette soirée allait bien se passer, que j'allais pouvoir sortir d'ici, aller regarder un film tranquillement, tout seul, au cinéma.

Je me suis rasé, je me suis douché, j'ai pris un vélo à une station près de chez moi, j'ai traversé la ville, je suis arrivé au ciné, j'ai déposé mon vélo à une station près du complexe et je suis entré pour prendre mon ticket.

Le film que je voulais voir, le seul qui passait à cette heure (tous les autres avaient déjà commencé ou alors je les ai déjà vu) n'est à l'écran qu'en VO + 3D ou alors en VF + 2D.

Merde ! J'ai horreur de la 3D et de la VF ! Je suis donc baisé ! Il ne me restait plus qu'à retourner chez moi !

Et bam ! La colère est remontée d'un coup, j'ai eu envie d'hurler, là, en plein milieu de la rue bondée.

Et ce que je me suis senti con ! On pourrait penser qu'en 2014 j'aurai pensé à vérifier le programme du ciné pour être sûr que le film était prévu en VO et 2D !

Mais noooon, j'étais tellement pressé de sortir et de ne pas rester seul que je n'ai rien regardé.

En temps normal, ça ne m'aurait rien fait. Je serai juste sorti du ciné et peut-être trouvé autre chose à faire !

Mais là, non. J'avais juste envie d'être dans une salle, loin de chez moi pendant 2h30, coupé de tout et ne penser à rien.

Je n'avais pas non plus envie d'aller boire un verre (vu le fiasco de la semaine passée, je me suis abstenu).

Et encore une fois, j'en ai voulu à G. et T., de vivre leur vie respective. Et je sais que c'est con !

Ils ne me doivent rien, ils n'ont pas à se soucier de savoir si ma soirée se passe bien.

Je me sens juste stupide !

Et là, à écrire, je me rends compte d'encore quelque chose.

Depuis le début, depuis que j'ai commencé à écrire, je ne fais que parler d'eux.

T. et G. (et leurs ramifications : Crêpe Suzette, S., ...).

Et moi dans tout ça ? Quand est-ce que je parle de moi ? De ce que je veux ? De ce que j'attends ?

Raaaaaaah ! J'étouffe !

Sur ce, je vais aller me fumer une cigarette ! Tant pis si ça ne leur plait pas quand je fume, j'en ai envie et je ne vais pas me gêner !

To hell with them ...

Et là, même si je suis en colère, je sais que tout ça sera oublié quand je verrai le sourire de T. demain quand il m'ouvrira la porte de son appartement et que je lui sauterai dans les bras pour l'embrasser !

To hell with me, yeah !!

A bientôt,
F.

How it's supposed to be ...

1 août 2014 à 12h55

Cher John,

Ce fut une belle journée ...

Je suis arrivé chez T. vers 9h hier matin.

On s'est enlacé comme si on ne s'était pas vu depuis des semaines (et c'est l'impression que j'ai eue en le voyant, que ça faisait des semaines).

On s'est embrassé, on s'est caressé.

On est allé faire quelques courses au supermarché, on est revenu chez lui, on s'est remis dans le salon 5 minutes pour s'embrasser encore un peu, on s'est laissé emporter (je ne sais pas comment tu appelles ça quand on se retrouve tous les deux nus sur le tapis du salon en deux minutes mais je pense que "s'emporter" est un bon terme pour résumer la situation).

On est ensuite parti déjeuner.

Après avoir fini de manger, on est parti dans le centre-ville, il m'a montré quelques-unes de ses boutiques préférées, il m'a offert un T-shirt parce qu'il a pensé à moi en e voyant (aaaarrrggghhh).

On est ensuite parti au ciné où on a été voir deux films l'un à la suite de l'autre.

Le deuxième film était très bien. Romantique, calme, musical, tout ce que j'aime.

En plus, on a eu la salle pour nous deux !

Promis, on ne s'est pas "laissé emporter" mais c'était juste génial.

On était là, assis tous les deux, main dans la main, à se faire des papouilles (à presque 30 ans, on pourrait penser que "papouilles" est un terme que j'ai rayé de mon vocabulaire mais non, il n'y a pas d'âge pour être fou amoureux), à discuter de tout et de rien.

La salle nous appartenait, que demander de mieux.

Le film s'est fini, les lumières se sont rallumées, on est reparti vers la gare où j'ai repris mon train et je suis rentré chez moi.

C'était juste parfait. Juste nous.

On n'a pas eu vraiment une "sérieuse" conversation, pas comme la dernière fois, je n'en avais pas le courage. Je lui ai juste dit que je repensais souvent à ce qui s'était dit jeudi passé et que j'avais du mal à le digérer, que j'avais pleuré tous les jours en y repensant mais que je n'avais pas envie d'en parler ...

On se revoit dimanche après-midi.

J'ai hâte ! C'est déjà dans 48h.

Et puis, je le revois mercredi, il passe la nuit avec moi.

Je l'aime, vraiment. Chaque fibre de mon corps est obsédée par T.

Chaque minute de mon temps libre est occupée par lui. Je pense aux moindres choses que je peux faire pour le faire sourire, une musique à lui faire écouter, un plat à lui préparer, ...

Je suis heureux, je me sens heureux aujourd'hui et c'est tout ce qui compte !

A bientôt,
F.

Les petites choses de la vie ...

1 août 2014 à 23h06

Cher John,

Je n'ai pas grand chose à dire sur la journée d'aujourd'hui.

J'ai étudié pour la deuxième session, j'ai discuté avec T., j'ai vu une amie, G. est rentré du boulot, on est allé manger un morceau en ville, on est rentré, T. m'a appelé (c'était inattendu et juste le meilleur moment de ma journée) et là je vais me coucher.

Il n'y a pas grand chose à dire sur aujourd'hui.

Une journée ordinaire, parsemée de moments extraordinaires.

Il ne s'est rien passé d'inhabituel ou hors-du-commun.

Juste des conversations banales, des mots échangés via mails ou oralement.

Mais je me sens bien.

Le seul point négatif, la sortie avec G.

C'était maladroit, désagréable, incompréhensible, silencieux, ennuyeux, presque douloureux.

J'ai perdu un ami.

Je ne sais pas si c'est définitif ou si c'est juste le temps de digérer le tout mais là, à l'heure actuelle, nous n'avons plus rien à partager, plus rien à nous dire et ça me rend mélancolique ...

J'ai perdu un ami ...

A bientôt,
F.

Malaise ...

2 août 2014 à 14h00

Cher John,

J'ai de plus en plus de mal avec G.

De plus en plus de mal à le supporter, à me montrer sympathique, agréable, à m'intéresser à lui, à sa vie ...

J'ai l'impression que tout nous sépare.

Plus je le regarde et plus je me demande ce qui nous a rapproché, ce qui a fait de nous un couple si proche, si intime, si complice !!

Est-ce que c'était tout du faux, est-ce que j'ai si bien que ça joué la comédie ??

Je ne comprends pas.

Tout ce que je sais c'est que c'est le weekend et qu'il ne travaille pas et que c'est pénible de l'avoir dans les pieds.

On est invité chez une amie ce soir. Je suis content d'y aller parce que ça va nous sortir de cet appartement et parce qu'il y aura quelqu'un d'autre pour dire de faire la conversation.

Mais en attendant, c'est juste lourd.

Vivement demain après-midi.

A bientôt,
F.

Un soupçon de bonheur ...

3 août 2014 à 21h35

Cher John,

Comme prévu, j'ai vu T. cet après-midi.

On est resté ensemble de 12h jusque 20h.

Seulement 8h mais ça m'a semblé bien plus que ça.

Je ne vais pas te raconter tout ce qui s'est passé parce que ça revient toujours à la même chose, tu sais ce qu'on fait quand on se retrouve et aujourd'hui n'a pas été une exception.

Mais c'était juste magique, c'était juste divin, c'était juste ce qu'il me fallait.

Et on a discuté, enfin.

On est revenu brièvement sur la conversation qu'on a eue à propos de son envie d'en terminer avec la vie parce que dans sa tête, c'était comme ça qu'il se l'imaginait.

Cela n'a pas vraiment abouti à une décision mais j'ai pu lui dire ce que je ressentais vraiment, qu'il ne pouvait pas faire une chose pareille, qu'il ne pouvait pas laisser des gens se soucier de lui, l'apprécier, l'aimer et ensuite partir comme si de rien n'était.

Puis, on a parlé de nous, de notre potentiel futur et là, j'ai eu l'impression d'arriver à quelque chose.

Encore une fois, aucune décision n'a été prise, ce genre de choses prend un peu plus que 8h pour vraiment être concret mais je l'ai vu se questionner, douter, se demander si, pourquoi pas, un futur entre nous serait possible au final.

Je l'ai entendu dire qu'il pourrait quitter S. et que les seules raisons qui faisaient qu'il restait avec lui étaient purement d'ordre financier, ce que je peux comprendre.

Mais la façon dont il en a parlé, il m'a enfin donné l'impression que la balance pourrait pencher du côté qui m'intéresse ...

Je ne sais pas ce qu'il va se passer encore une fois.

C'est la seule chose dont je suis sûr : tout ce qui concerne cette relation est un putain de mystère !!!

Mais tout ce que je peux dire c'est que je me couche avec de l'espoir ce soir et ça fait du bien !!

Et je me couche avec son odeur sur mes vêtements et sur mes mains, avec le souvenir de cette journée dans la tête, avec un sourire de 3 mètres sur le visage !!!

Je l'aime, vraiment. Et je sais que lui aussi ! Et là, à cette seconde, c'est tout ce qui compte.

A bientôt,
F.

Faites de beaux rêves ...

4 août 2014 à 23h48

Cher John,

Je suis heureux ce soir.

Je l'ai été toute la journée.

J'ai bien étudié, j'ai bien avancé même s'il me reste encore une tonne de choses à faire.

J'ai su me détacher du net, je retrouvais T. à mes pauses et je savais lui dire au revoir sans que ce soit une torture.

Cela fait du bien de pouvoir prendre du recul et de voir que tout est encore là quand je reviens.

Je me sens bien, je me sens serein.

Demain (enfin, dans 10 minutes), c'est mardi et je suis prêt à affronter la journée et mes cours comme aujourd'hui et puis, on sera vite mercredi, où je retrouve T. pour une soirée, une nuit et une journée.

J'ai le sourire aux lèvres.

Ce soir, je suis content d'être en vie.

A bientôt,
F.

As long as you are breathing ...

6 août 2014 à 13h47

Cher John,

Journée douce-amère aujourd'hui.

Comme c'est prévu depuis la semaine passée, T. vient ce soir et passe la nuit et la journée de demain avec moi donc ce côté là est le côté doux car je sais déjà que tout se passera bien, c'est une certitude.

Le côté amer vient du fait qu'aujourd'hui, cela aurait fait 6 ans avec G.

Une date spéciale, un cap qu'on aurait dû franchir et ça rappelle juste tout ce qui s'est passé, tous ces derniers mois, toutes les choses qui se sont dites, tous les ressentiments, toute la colère ...

Une page qui se tourne, un bouquin qui se ferme et qui a une triste fin.

Il me tanne sans arrêt sur le fait qu'il veut qu'on reste amis mais je ne sais pas si ce sera possible, si un jour on pourra se reparler normalement.

C'est tellement paradoxal parce qu'il veut qu'on reste complice mais il me coupe de sa vie parce qu'il ne veut rien me dire parce qu'il ne me fait pas confiance et parce qu'il a peur que j'utilise ses confidences un jour ou l'autre contre lui.

En plus, il m'a bien fait comprendre aussi que sa relation avec Crêpe Suzette évoluait dans le bon sens et qu'il me faudrait bientôt trouver un autre endroit pour moi vivre et que je ne serai plus longtemps le bienvenu ici.

Mais après, je dois sourire, être sympa et rester complice.

Parfois je ne sais pas s'il se rend compte qu'il se fout de ma gueule par moments ...

A bientôt,
F.

Now it's gonna be hell ...

7 août 2014 à 18h15

Cher John,

Que dire sur la soirée, la nuit et la journée passée avec T. à part que je voudrais avoir le pouvoir de remonter dans le temps et retourner hier soir à 19h et l'accueillir avec un baiser au milieu de la gare.

De là, on irait à notre endroit favori dans cette ville où on prend généralement le petit-déjeuner le jeudi matin.

Ils font aussi des cocktails en soirée.

On choisirait leur nouveauté qu'on boirait en discutant et en rigolant et en s'embrassant et en se câlinant.

On ne serait pas de très bons clients puisqu'on tiendrait 1h avec un cocktail tellement on parle.

Il m'avouerait avoir quelque chose pour moi et sortirait de son sac la bande-son du deuxième film qu'on a vu la semaine passée et dont j'ai adoré la musique ainsi qu'un film qu'il a vu, qu'il a adoré et qu'il veut qu'on regarde ensemble.

Il me dirait donc que je peux écouter le CD quand je veux mais que je dois laisser le film sous emballage et que je ne peux pas le regarder sans lui.

Puis, on commanderait un cocktail de l'ancienne carte qu'on n'a pas encore goûté.

Il serait l'heure d'aller souper.

On marcherait dans les rues de la ville, un peu ivre, toujours en se dévorant des yeux par moments, à parler et à rigoler.

On arriverait à ce restaurant dont il me parle depuis des semaines où on fait la queue à l'extérieur tellement c'est réputé.

On attendrait une vingtaine de minutes, ce qui resterait assez correct.

On s'assiérait à notre table, on commanderait et on attendrait encore un tout petit peu pour être servi.

On continuerait à parler, à s'embrasser (on ne peut pas s'en empêcher, peu importe ce que les gens autour pensent ou disent, peu importe les regards, tout est flou de toute façon ...)

Je lui beurrerai une tartine en attendant notre plat parce que je sais qu'il aime ça, il nous servirait un verre d'eau.

Il me ferait écouter une ou deux musiques de son lecteur mp3 pendant qu'il mange le bout de pain que je lui ai préparé.

On discuterait encore un peu.

Nos plats arriveraient, on dégusterait tout en parlant, encore.

Je lui passerai mon endive cuite parce que j'ai horreur de ça. Il goûterait mon plat, il me ferait goûter le sien.

Avant de terminer, il insisterait pour que je prenne un morceau de brocoli, même si je déteste ça, parce que c'est important de manger ses légumes selon lui.

On en rigolerait mais, à contre-cœur, je prendrai quand même une bouchée de ce brocoli après l'avoir trempé dans la sauce de ma viande.

On terminerait nos boissons et on partirait.

On irait prendre le métro pour se rendre chez moi.

En sortant de la station de métro, je lui demanderai de me guider jusque chez moi pour voir s'il se souvient du chemin. Il me conduirait jusqu'à ma porte sans se tromper ou presque.

On entrerait, on se débarrasserait, on s'embrasserait à nouveau, j'irai lui chercher un coca dans le frigo pendant qu'il irait m'attendre dans la chambre à coucher.

On s'allongerait, on discuterait encore, on s'embrasserait, on se câlinerait, on se laisserait emporter, on ferait l'amour, deux fois de suite.

On se prendrait dans nos bras et on s'endormirait, se réveillant de temps en temps, pour changer de position (moi dans ses bras puis lui dans les miens).

On se réveillerait au petit matin, on s'embrasserait à nouveau pour commencer la journée, peu importe si on a mauvaise haleine, on se rendormirait.

On se réveillerait à nouveau deux heures plus tard, on irait prendre une douche, on irait à la boulangerie chercher le petit-déjeuner, on rentrerait, on mangerait sur le balcon, je lui presserai un jus d'orange frais.

On retournerait au lit se câliner et faire l'amour à nouveau.

On se rhabillerait et on irait en ville.

On irait voir cette exposition qu'il a envie de voir, on prendrait notre temps, à marcher main dans la main encore une fois, en se foutant des regards.

On irait ensuite prendre un léger repas.

Puis on irait marcher dans le centre, prendre une glace vu la chaleur et on prendrait la direction de la gare pour qu'il reprenne le train qui le ramènerait chez lui.

On se dirait au revoir sur le quai de la gare, en s'embrassant, en rigolant, en s'enlaçant.

Les portes du train se fermeraient, je lui dirai en langage des signes comme je le fais à chaque fois que je l'aime, je marcherai à côté du train un peu tant qu'il ne roule pas trop vite, je lui ferai signe de la main et ce sera tout.

Et voilà ce qui se passerait encore et encore. Voilà ce que je veux.

Je ne dis pas que je veux ça pour l'éternité, je ne sais pas si je peux supporter vivre ça encore et encore.

Mais je sais que c'est ce que je veux. Pour l'instant. Et c'est tout ce qui compte, non ? Le présent, c'est ce qu'il y a de plus important, pas vrai ?

Le passé est inchangeable, on ne peut plus rien y faire et le futur est tellement incertain, tellement éphémère.

Donc c'est le moment que nous vivons à l'instant qui doit compter.

Et c'est ça que je veux, quelques minutes avec lui, encore et encore.

Quelques moments où plus rien ne compte que nous.

Qui peut dire que ça n'a pas de futur, que ce n'est pas concret, que ce n'est pas sérieux, que la vie ce n'est pas qu'une suite perpétuelle de cocktails et de baisers ?

On est si pressé à courir après la vie qu'on oublie d'en profiter, qu'on oublie de s'arrêter de temps en temps et d'apprécier les petites choses, le reflet du soleil sur les vitres d'un immeuble ou la chaleur de la pluie un jour d'été ou le vol d'un oiseau en plein milieu d'un ciel bleu.

J'arrête de courir.

Du moins, j'ai envie d'arrêter de courir.

J'ai juste respiré pendant ces 20 heures passées ensemble.

Mais là, la seconde session commence et, vu qu'elle est chargée, je ne sais pas quand je le reverrai avant la fin, le 8 septembre.

Je sais que le plus important sont mes examens et mes études mais je ne pense pas pouvoir tenir un mois sans le voir.

Je ne pourrais pas prendre une journée entière mais je dois au moins avoir une soirée où on va au ciné ou manger un morceau ou peu importe mais où l'on se voit !

Je ne vois pas comment il pourrait en être autrement.

Si je ne le vois pas pendant un mois, je sais que ça va être un enfer pour moi !

Je l'aime. Tellement.

A bientôt,
F.

Home ?

10 août 2014 à 22h22

Cher John,

C'est une soirée sans.

Juste moi, pour une fois, personne d'autre de concerné.

Je me sens seul, pas à ma place, de trop sur cette planète.

Et je me rends compte que c'est toujours comme ça que je me suis senti.

Comme si je n'appartenais nulle part.

J'ai 30 ans, et je n'ai jamais eu l'impression de pouvoir dire que j'étais chez moi.

Plus jeune, chez mes parents, je ne me sentais pas en sécurité, je ne me sentais pas désiré là, je me sentais toujours de trop.

J'y passais le moins de temps possible.

Comment trouver un équilibre quand on a l'impression de déranger, d'être le canard boiteux de la famille, comme une tache de vin rouge sur un chemisier blanc.

On a beau faire ce qu'on veut, on a beau frotter aussi fort qu'on peut, il restera toujours une petite trace.

Je suis parti dès que j'ai pu, de studio en studio, déménageant presque tous les ans.

Non, toujours pas de "chez-moi".

Puis arrive G.

On s'installe, on aménage, j'essaie de faire mon nid, de créer mon foyer.

Mais je dois partir maintenant, donc tout ça n'a servi à rien.

Je repars bientôt, à la recherche d'un nouvel endroit pour vivre, pour essayer de trouver ma place dans un monde qui tourne trop vite pour moi.

Je ne sais pas où je vais poser mes valises maintenant, je ne sais pas où je vais atterrir.

Tout ce que je sais c'est que je suis terrorisé.

Terrorisé à l'idée de tout recommencer, une nouvelle fois.

Retrouver des repères, s'habituer à une ambiance, aux bruits de la rue, aux réglages à faire dans la douche pour avoir l'eau à la bonne température, chercher le meilleur endroit pour poser mon bureau pour avoir assez d'éclairage venant de l'extérieur, trouver l'endroit parfait pour poser mon lit afin de voir les étoiles le soir en me couchant et pour me faire caresser les joues le matin par les rayons du soleil.

Se détacher et s'attacher à nouveau.

Trouver sa place.

En sachant que ce n'est qu'éphémère puisque je ne vivrai pas dans une chambre d'étudiant pour le restant de ma vie.

Ce n'est encore que pour quelques années. Il faudra à nouveau tout recommencer.

Est-ce que je suis trop jeune pour me tracasser avec ce genre de choses ? Est-ce que perds mon énergie sur des choses auxquelles je ne peux rien changer de toute façon ?

Peut-être.

Tout ce que je ressens aujourd'hui, c'est un vide.

Celui de n'appartenir nulle part.

Et ça me fait mal ...

A bientôt,
F.

Feeling small ...

12 août 2014 à 14h32

Cher John,

Je me sens vide aujourd'hui.

Une coquille vide, pas de courage, pas d'énergie, pas d'envie, pas de but.

J'ai vu T. ce matin, juste pour se voir, passer la matinée ensemble. Cela m'a fait du bien. L'espace d'un moment.

Là je retourne à mes bouquins, premier examen jeudi.

J'espère que tout va bien se passer. Je n'ai pas le choix.

Je ne sais vraiment pas ce que je vais faire si je rate.

J'ai l'impression que tout m'échappe, que tout me glisse des mains, que j'ai fait erreur sur erreur et que rien ne me remettra sur le "droit chemin".

A bientôt,
F.

Et demain

12 août 2014 à 22h29

Cher John,

Cette journée se termine.

Enfin ?

Oui.

J'ai aimé cette matinée où, encore une fois, j'ai pu prétendre que tout allait bien dans le meilleur des mondes même si je m'accroche de moins en moins au rêve et que la réalité reprend de plus en plus vite le pas.

Ce n'est pas une mauvaise chose en soi, il est temps d'avancer.

Je crois qu'est venu le moment où il faut aller de l'avant, et que suivent ceux qui veulent.

Je n'en sais rien.

Cela va se faire doucement car c'est un projet qui demande trop d'énergie pour le moment, énergie que je n'ai pas.

J'ai l'impression de ne raconter que de la merde depuis que j'ai commencé à écrire.

Demain, G. part en vacances pour une semaine et ne rentre pas avant mercredi soir.

Je ne sais vraiment pas à quoi va ressembler cette semaine en "célibataire".

J'ai une amie qui vient jeudi soir manger avec moi mais pour le reste, en-dehors des examens, je ne sais vraiment pas ce que je vais faire, ce qui va se passer, et comment je vais le gérer.

J'imagine que, comme pour le reste dans la vie, ce sera une surprise.

Rien ne peut vraiment être contrôler et pour quelqu'un qui n'aime pas laisser la moindre chose au hasard, cela s'annonce mortel.

A bientôt,
F.

Seul sur la route ...

13 août 2014 à 18h38

Cher John,

Voilà, G. vient de partir.

Il était à deux doigts de pleurer, me disant que ça lui faisait bizarre de partir sans moi et qu'il s'inquiétait pour moi, qu'il espérait que ça irait pendant qu'il était parti et que mes examens se passeraient bien.

C'est dans ces moments-là que je me rends compte que c'est vraiment fini pour moi, et que j'ai tourné la page.

Je n'ai pas peur du fait qu'il soit parti et que je me retrouve sans lui.

Mais j'ai peur du fait que je me retrouve tout seul.

La solitude.

C'est ça qui me fout les boules le plus je crois.

Bref, encore du boulot avant mon premier examen demain.

J'espère que ça va aller.

Je n'en sais rien. Pour l'instant, je ne vois pas plus loin que le 8 septembre, jour de mon dernier examen.

Je n'ai aucune idée de ce qui va se passer pour moi ensuite.

Je suis sans ressources et c'est l'état qui me verse une aide pour subvenir à mes besoins.

Même si sans ça je ne serai rien, le niveau d'incompétence frise le ridicule.

Et ici, l'assistante sociale qui s'occupe de mon dossier m'a fait comprendre à demi-mots que si ma session ne se passait pas correctement, je pouvais dire adieu à leur aide.

Juste ce dont j'ai besoin avant de la commencer, la dite session.

Wait & see, je suppose, il n'y a que ça à faire.

Pas vrai ?

A bientôt,
F.

Juste ce qu'il me faut ...

17 août 2014 à 22h36

Cher John,

T. est venu hier et a passé la nuit avec moi, G. étant en vacances avec le nouvel homme de sa vie.

J'en avais besoin.

De son sourire, de ses caresses, de ses baisers, de son réconfort.

Je me suis senti aimé, j'ai senti que quelqu'un s'intéressait à moi, que je n'étais pas seul.

Même si maintenant qu'il est parti, je me sens plus seul que jamais.

Il m'a apporté ce dont j'avais besoin, il m'a encouragé pour les examens (surtout que cette semaine va être vraiment dure et éreintante avec trois examens sur trois jours).

G. rentre mercredi soir.

Pendant la sieste cet après-midi, cauchemar. Il rentrait plus tôt que prévu et me faisait une déclaration où il me disait qu'il voulait qu'on se redonne une chance et me sautait carrément dessus pour m'embrasser, j'hurlais, je me débattais, lui disait que non, que je n'en avais pas envie.

Je me suis réveillé, je me sentais si mal.

J'ai beau avoir l'air calculateur, manipulateur, sans-cœur, un tyran parfois, froid et distant, je n'aime pas pour autant faire du mal aux gens.

Je sais qu'il espère qu'on pourra rester ami et je l'espère parce que c'est quelqu'un de bien mais j'ai du mal à y croire, je l'avoue.

De toute façon, tout ce qui ne concerne pas mes examens est enfermé dans une petite boîte, enfermée dans une boîte un peu plus grande qui est enfermée aussi dans une plus grande boîte et rangée dans un placard fermé à clé.

Je ne peux rien gérer d'autre.

Pour l'instant, tout me passe un peu au-dessus de la tête et, quand j'aurais fini mes examens, je prendrai chaque truc séparément et je le gérerai comme il faut mais, là tout de suite, je n'en ai pas l'énergie.

Je ne peux que profiter des petits moments de bonheur que j'ai sur la journée, que ce soit avec T. ou avec des amis ou avec les caresses et la douceur de mon nouveau petit chaton (oui, un nouveau petit chaton, depuis 1 mois maintenant), super attaché à moi et qui ne me quitte pas d'une semelle. Qu'est-ce qu'elle me fait du bien cette petite boule de poils et d'amour ronronnante.

A bientôt,
F.

En coup de vent ...

21 août 2014 à 21h19

Cher John,

Tellement de choses à raconter mais tellement peu de temps pour le moment.

En premier, avec G.

Il est rentré hier soir, plus amoureux que jamais.

Aujourd'hui, il y avait déjà les premières tensions qui réapparaissaient. J'ai souvent dû mal à garder mon calme et je suis très vite agressif. Le moindre truc qu'il dit et je démarre au quart de tour.

Il faut que je parte d'ici, vraiment.

J'ai peut-être déjà trouvé quelque chose mais à voir, et je ne veux pas tout foirer donc je préfère ne pas trop y penser, en parler ou espérer.

Deuxième, les examens.

Déjà passé mon 3ème, demain est le 4ème.

J'en avais 3 en suivant, j'ai dormi 3 heures depuis hier matin, et je ne vais pas dormir beaucoup plus cette nuit.

Je suis confiant donc c'est déjà un point positif.

Il me reste encore pas mal de boulot pour la suite mais je garde espoir.

En troisième (last but so not the least), T.

Je le vois demain, normalement.

Il vient de m'écrire, son compagnon veut discuter.

Il a eu quelques soucis dans la journée et était sorti boire en début de soirée pour se changer les idées.

Il vient juste de m'écrire pour me dire que son compagnon voulait le voir et voulait qu'ils discutent.

Et que lui avait un peu la tête dans les nuages (donc certainement pas le meilleur moment pour avoir une discussion !)

Il est rentré.

Je n'aurais pas de nouvelles avant demain je crois.

Tout ce qu'il me fallait une veille d'examen où je n'ai déjà qu'une nuit pour le voir.

Je ne sais pas pourquoi je m'inquiète en fait.

Pour ce qu'il pourrait dire, pour ce qu'il pourrait faire si ça tourne mal ou pour la peur que j'ai de ne plus le revoir ?

Bref.

Je n'ai pas plus de temps à y accorder pour le moment donc je vais réviser avec les yeux rivés sur mon téléphone dans l'attente de la moindre vibration.

Demain va être un joyeux bordel.

A bientôt,
F.

Comme un été sous la pluie ...

26 août 2014 à 17h03

Cher John,

Tout se chamboule, tout se passe si vite, tout part en bordel ...

Les examens ne se terminent pas, je suis crevé, j'ai des dizaines d'heures de sommeil à récupérer ...

Je supporte de moins en moins G.

Tout se passe très bien par sms ou mail mais quand je le vois, quand je dois passer une soirée avec lui, c'est une horreur.

Il faut que je me casse d'ici le plus vite possible, je le supporte de moins en moins, j'ai envie d'hurler, de le baffer.

Il m'insupporte.

Il est là à me balancer son bonheur à la gueule à chaque seconde de la journée, à partager sa vie mais moi, je ne peux pas parler de T., des choses qu'on fait, je ne peux pas l'emmener avec moi si on va au restaurant avec des amis, je ne peux pas l'amener dans ma vie parce qu'il ne veut pas le voir pour "toutes les mauvaises choses qu'on a faites".

Fuck off !

Va à la merde !

Je dois supporter ta Crêpe Suzette à la con, je peux l'entendre chier à 6h du matin, je peux être sympa et organiser ton putain d'anniversaire surprise et contacter tous tes amis et arranger tout ça, en consultant aussi ton putain de français (je n'ai rien du tout contre le français, juste un en particulier), je peux vivre mon bonheur sous tes yeux et tu peux fermer ta gueule !

Et T.

Tout se chamboule de son côté, tout s'emballe.

Il est désormais en plein milieu de disputes continues, de tension, ... avec S., son compagnon.

On a tous peur, même si moi je suis tout seul de mon côté, qu'il ne fasse quelque chose de stupide.

J'ai tellement peur. Je suis terrifié à l'idée d'apprendre qu'il ait pris la mauvaise décision, qu'il m'a quitté, que je suis seul.

J'ai passé mon dimanche à pleurer.

Et le stress des examens ne m'aide pas pour me calmer.

Je suis une boule de nerfs, une bombe à retardement.

Et j'ai peur aussi du jour où je vais exploser ...

Mais je ne peux pas, il faut que je tienne jusqu'au 8 septembre. Je n'ai pas le "droit" de me laisser aller. Donc, je stocke bien tout dans une petite boîte dans ma tête mais elle n'est pas extensible et je ne sais pas si je vais pouvoir me contenir encore longtemps.

Puis il y a tout le stress des résultats.

7 examens de repassage, c'est énorme.

J'en ai enchaîné 3 en moins de 48h la semaine passée et ça m'a lessivé.

Je ne sais pas ce que je ferai des résultats.

Si je réussis, je continue, j'imagine mais même ça je n'en suis pas sûr tellement je suis fatigué de tout.

Et si je rate, je ne pense pas avoir l'envie de recommencer ...

Je suis complètement éteint, sans aucune énergie et je ne sais vraiment pas ce qui me fait encore tenir debout.

T. ? Juste lui et son amour ? Ce serait suffisant pour le moment ? L'envie d'aller plus loin avec lui ? De me battre pour un hypothétique futur ? C'est ça ma motivation ? L'inconnu ?

Je suis ...

Je n'en sais rien.

A bientôt,
F.

Donne-moi des nouvelles de nous ...

21 septembre 2014 à 22h50

Cher John,

J'ai finalement craqué ...

Je n'ai pas été assez "fort" pour aller jusqu'au bout avec mes examens et j'ai arrêté le jour du dernier, le 8 septembre.

J'ai été le signer.

J'ai reçu mes résultats au fur et à mesure et même en réussissant celui-là avec 20/20, je n'avais pas la moyenne et je ne serai quand même pas passer dans l'année supérieure.

Ce lundi-là, je suis juste parti directement rejoindre mon frère à la mer, sans regarder derrière moi.

T. était quant à lui parti rejoindre sa meilleure amie depuis le jeudi d'avant.

Il était venu passer la veille chez moi et je l'ai amené prendre le train qui allait nous séparer pendant une à deux semaines.

Au final, le vendredi déjà, on passait quasiment notre journée sur Skype à discuter de tout et de rien.

Puis, on s'est pris à rêver que je prendrais à mon tour le train pour le rejoindre là où il était.

Et le rêve est devenu réalité.

Sans s'en rendre compte, sans y croire vraiment, mes tickets de train étaient réservés et j'allais le rejoindre à 900 kms de chez moi, sans connaître les gens chez qui j'allais séjourner, sans savoir où j'allais, à l'aveugle, sans penser à rien d'autre que j'allais déjà passer mes premières vacances avec T.

Et voilà, le lundi, je rejoins mon frère à la mer du Nord et je reste avec lui jeudi matin. De là, je repars sur Bruxelles pour prendre mon premier train qui me rapprocherait de l'homme que j'aime.

9h plus tard, je le retrouve enfin, m'attendant sur le quai de la gare, en route pour passer 6 jours magiques.

Visites, ballades, se cuisiner des petits plats en amoureux, baignade dans un lac, shopping, lézarder au lit, faire l'amour, regarder un film, aller au cinéma, sortir prendre le petit-déjeuner en ville, vivre ...

Tout est si parfait, tout se passe si bien, tout colle ... c'est juste ce qu'il me fallait à cet instant précis ... ma bouffée d'oxygène, ce qui me permet de garder la tête hors de l'eau malgré tout le reste.

Tout le reste, parlons-en ...

L'unif.

Je me suis réinscrit pour recommencer mon année mais je n'y crois pas, je n'y crois plus, je n'en ai juste plus envie ...

Je suis juste fatigué de tout ça, de tout ce stress permanent, de toutes ces tensions, ces inquiétudes, ces questions ...

Et de savoir que cela pourrait encore durer 4 à 10 ans selon la spécialisation que je choisirai, j'ai envie d'hurler.

Ma situation financière n'est pas mieux.

J'ai accumulé 3000€ de dettes sur 5 ans d'études.

Je n'ai nulle part où vivre, avec G. c'est de pire en pire et il m'a bien fait comprendre qu'il faudrait que je parte et que le plus tôt serait le mieux (pendant que je continue à me casser le cul pour son anniversaire, mais quel bouffon je fais !! Le truc c'est que je me suis engagé et que je suis comme ça, une fois que je commence quelque chose ou que je promets quelque chose, je me dois d'y aller jusqu'au bout ... mais tu n'as pas idée à quel point cela me gonfle !!)

T. de son côté a évidemment rompu avec S. et lui aussi doit désormais partir.

Tu te doutes qu'est évidemment venue sur le tapis la conversation "on emménage ensemble ?"

Naturellement, comme si cela coulait de source ... ce n'est même pas moi qui en ait parlé ...

En-dehors du fait que cela coûte moins cher de vivre à deux (on est tous les deux d'accord que si on le fait, c'est aussi parce que financièrement, cela est plus avantageux), on en a tous les deux énormément envie ...

D'autres conversations sont évidemment venues sur le tapis ...

Un mariage ?? "Je ne pensais pas me marier un jour, F. mais avec toi, pour la première fois de toute ma vie, j'y pense sincèrement ..."

Quoi ??

Il y a bientôt 6 mois d'ici (4 avril, notre premier baiser ...), nous étions tous les deux en couple, à "s'amuser", à se promettre qu'on ne tomberait pas amoureux et nous voilà maintenant à parler mariage et emménagement commun.

C'est juste surréel ...

Je sais que certains diront trop rapide mais il faut le voir pour y croire ... tout va ...

Je sais que c'est encore le début, qu'on en aura des disputes mais je n'ai jamais eu ça avec G.

Tout ne collait pas ! Dès le départ, on avait nos conflits et tout n'a jamais été parfait, loin de là ...

Ici, ça coule de source, comme si on se connaissait depuis des années.

Rien ne me semble étranger, rien ne me dérange, ...

Dernier sujet sérieux, prendre une année sabbatique, arrêter les cours pendant un an, lui le boulot pendant un an et partir à l'étranger, chez des amis à lui, là où nous avons passé les vacances ...

On en a discuté avec eux pendant la semaine où on est resté.

Evidemment, il y a pas mal de choses à régler avant que cela ne se fasse mais cela reste une option et une option plutôt tentante je dirais même ...

Pour finir, le weekend qui arrive, ce weekend de fin septembre est le fameux weekend, celui que T. avait marqué d'une croix rouge dans son calendrier personnel comme étant celui où il comptait en finir avec tout ça.

C'est toujours là, quelque part dans un coin de ma tête et ça me fout les jetons.

On en a évidemment parlé, il n'a plus l'intention de le faire mais beaucoup de choses peuvent encore se passer cette semaine qui peuvent le ramener à ses anciens démons.

Mais on a prévu de se voir ce weekend, on a prévu d'être ensemble et cela me rassure ...

Voilà où j'en suis ... où plutôt où je ne suis pas ...

J'ai T., que j'aime plus que tout et avec qui j'envisage sérieusement de passer le reste de ma vie et puis il y a tout le reste qui est un flou total.

Est-ce que je m'en fais pour ce flou total ? Non, pas vraiment ...

Je ne dis pas que je suis serein mais je sais que cela peut se régler ...

Il me faut juste un peu de temps.

Je pense que je vais bien.

Je n'en suis pas sûr mais je pense que oui.

Je suis heureux, même si cela reste parfois douloureux d'être séparé de T.

En tout cas, je suis amoureux et je me sens aimé, je me sens libre, je me sens bien, je sens que le monde est à portée de mains et que les possibilités sont grandes.

J'ai enfin compris que le seul qui pouvait vraiment m'arrêter c'était moi et j'ai décidé de ne plus être un obstacle.

Advienne que pourra.

A bientôt,
F.

De nouveaux horizons ?

23 septembre 2014 à 13h06

Cher John,

Je pense que ma décision est prise ...

Je vais faire une pause dans mes études et partir d'ici, faire le point.

Me trouver un petit boulot, de quoi gagner un peu d'argent ...

Deux choses cependant :

Où ? Anvers ? Angleterre ?

J'avoue que l'idée de partir faire le point en Angleterre avec T. chez ses amis est très alléchant.

Ensuite, régler mes dettes avant de partir.

Comment faire pour trouver ou emprunter 3000e rapidement sans aucun revenu ??

Je me donne quelques jours pour y réfléchir, en discuter avec T. et 1 ou 2 autres amis proches et voir ce qui peut se faire .....

A bientôt ...

F.

Compte à rebours ...

29 septembre 2014 à 5h16

Cher John,

2 bonnes nouvelles :

C'est la fin du fameux weekend que je redoutais tant et T. est toujours en vie et toujours amoureux.

Et c'est décidé, je pars en Angleterre, avec T. pour minimum 3 mois.

Pas de date définie pour le moment mais ça se fera entre le 1er et le 15 novembre.

Je n'ai pas vraiment peur de cette décision, je pense avoir toujours ressenti ce besoin de délocalisation, que ce pays, ce pays où je suis né, n'était pas fait pour moi.

J'ai peur des au revoir.

Certaines personnes vont vraiment me manquer.

Bizarrement, à commencer par Greg.

C'est la chose que je regrette le plus pour le moment. Il était mon meilleur ami et je suis si excité par cette décision que je voudrais pouvoir lui en parler, qu'il me soutienne.

Mais je ne peux/veux pas.

Il ne compendrait pas.

Ou alors il se braquerait à l'idée que c'est avec T. et partirait directement vers les "Il a une mauvaise influence", "C'est un égoïste qui ne pense qu'à lui", "Pense à ton futur", "Tu commets la plus grosse erreur de ta vie et tu vas le regretter".

Peut-être, peut-être pas ...

Et c'est dur de garder cet énooorme truc pour moi.

Je vois C. aujourd'hui, une amie très proche, avec qui je vais pouvoir en discuter.

Et demain, je vois M., une autre amie très proche qui elle, je suis sûr, va m'écouter et me guider.

Une fois sur place, on fera le point, loin de tout et on va voir ce qu'on peut faire en Angleterre, voir ce qu'on peut faire là-bas.

Et peut-être, je l'espère vraiment, le début d'une nouvelle vie pour T. et moi.

En écrivant ces lignes, je t'avoue être partagé entre le "Tu n'es pas vraiment en train d'écrire que tu vas tout laisser derrière toi pour partir en Angleterre" et le "Oh mon Dieu !!!! Dans un gros mois, tu feras tes valises pour déménager à plus de 900 km de chez toi en espérant y passer le reste de ta vie !!!"

Le moment qui va être le plus dur ?

Le dire à ma mère et mon petit frère.

Je sens d'ici le drame ...

Je retourne au lit, essayer de dormir un peu.

À bientôt,

F.

Tout au bout du chemin, l'inconnu ...

3 octobre 2014 à 16h06

Cher John,

Le 15 novembre semble si loin et pourtant je sais qu'il arrivera très vite.

Tout se passe bien ici.

Je sais où je vais, je sais l'objectif mais l'après reste un grand point d'interrogation.

Je ne sais pas du tout ce qui m'attend, ce qui va se passer ...

Mais je sais que je vais me donner les moyens pour que tout se passe comme il faut !

J'ai mis G. au courant.

Je ne m'attendais pas à une telle réaction.

Il me soutient, il approuve, il m'encourage à partir à l'aventure et à tenter le tout pour le tout !

Je ne te cache pas ma surprise !!

Je m'attendais à des reproches, à ce qu'il me dise que c'est une énorme connerie, la plus grosse erreur de ma vie et non, pas du tout.

Il me donne sa bénédiction (pas que j'en avais besoin mais ça fait du bien) et est content que je parte avec T. tenter autre chose et il nous souhaite que ça réussisse.

Tout arrive je suppose.

Mais il est triste à l'idée que je parte, à l'idée de ne plus me voir.

Je sais que ça va être un mois d'octobre chargé en émotions pour lui comme pour moi.

Prochaine étape : ma famille.

Il me reste aussi encore quelques amis à prévenir mais c'est ma mère et mon petit frère que je redoute.

Je m'occupe d'abord de mon petit frère, normalement ce weekend. Croisons les doigts.

Le soutien de G. me donne un boost supplémentaire, ça fait vraiment du bien.

A bientôt,

F.

Bye Bye Belgium

7 octobre 2014 à 12h58

Cher John,

Tout est enfin réglé du côté de T.

Il a trouvé une solution pour son adresse et il peut maintenant lancer les démarches pour prendre sa pause carrière.

De mon côté, j'attends juste un dernier rendez-vous fin octobre pour être en ordre au niveau de l'université et voir mon médecin pour être couvert par un certificat et je peux commencer à trier mes affaires.

Mon départ se fera aux environs du 15 novembre, dans un gros mois, si tout est fait du côté de T. évidemment.

D'ici là, je vais essayer de trouver un truc à faire, genre volontariat. Je me suis déjà renseigné et j'ai quelques coups de fils à passer cet après-midi.

Cela se concrétise en fin, cela prend forme.

Je me barre, je quitte tout et j'espère vraiment que cela va fonctionner et que si je reviens, ce sera uniquement pour quelques jours par année pour dire bonjour à un tel ou un tel ...

Ce soir, je lève mon verre à un nouveau départ !

A bientôt,

F.

Privacy is no more / Quand les mots peuvent tuer ....

8 octobre 2014 à 2h07

Cher John,

Je n'aurais pas dû.

Dès que j'ai vu que je n'étais pas sur le bon profil, j'aurais dû quitter immédiatement la page et ne pas aller fouiller mais cela a été plus fort que moi.

Et dès que tu commences à lire le premier mail et les premières remarques négatives à ton égard, tu veux en savoir plus, tu veux savoir ce qui se dit, à quel point les gens peuvent être faux, cruels et hypocrites.

A quel point tu peux souffrir de la plume des gens qui au fond ne devraient pas compter ...

Trahi, sali, stupide, seul, ...

Voilà comment je me sens après être arrivé par erreur sur le Facebook de G. et après avoir lu les conversations qu'il a eues avec nos "amis", attirées par elle comme un insecte par la lumière ....

Malgré tout ce qui s'est passé, tout ce que j'ai pu dire ici de manière anonyme, j'ai toujours défendu G. auprès de nos "amis", je ne lui ai jamais fait porté le chapeau, je ne l'ai jamais fait passer pour un connard et j'ai toujours dit aux gens de ne pas juger sans savoir, que les torts étaient partagés et que c'était la vie, point.

Il n'a pas eu autant de scrupules.

Au bout du compte, je ne suis qu'un gamin immature qui l'a utilisé pendant 6 ans, un drogué, paumé, qui ne prend aucune responsabilité, qui se laisse influencer par T. qui est une personne négative qui me contrôle et m'influence d'une mauvaise manière et que les seules raisons qui expliquent mon changement (parce que oui, apparemment, j'ai énormément changé, G. répète encore et encore qu'il ne reconnaît plus le F. qu'il a aimé) c'est le fait d'avoir perdu 90 kgs sans suivi psychologique (ça m'a complètement foutuen l'air) et la drogue (je crois que j'en suis à 4 pilules par jour là ... d'ailleurs, au moment d'écrire ces mots, je me sens légèrement en manque ... va peut être falloir penser à passer à la vitesse supérieure ...) !!

Le pire de tout c'est bien qu'au final tout ça leur semble bien normal et que le portrait que G. peint de moi n'étonne PERSONNE !!

Ça fait du bien de se sentir apprécier à sa juste valeur, d'être valorisé par ces amis, des gens proches ...

Mais j'exagère sans doute ... effet secondaire de ma prise régulière et excessive d'xtc diront certains ...

Je suis aussi retombé sur une conversation qu'il a eu il y a 3 ans (oui, oui, je suis remonté loin ....), lors de notre première rupture, où G. parle de la personne qu'il a rencontré quand on était ensemble etavec qui il a eu un "petit truc" pendant qu'on était séparé.

Au final, j'apprends qu'il ressentait pour ce gars exactement ce que je ressentais pour T. les premières fois.

Donc ça lui va bien de jouer les innocents quand la seule différence entre son histoire et la mienne est que pour lui ça n'a pas marché et qu'il est retourné avec moi parce que j'étais l'unique solution.

Donc, pour lui comme pour moi, c'était "être avec lui parce que c'est le seul mais pas parce que c'est l'unique".

Pour mon plus grand bonheur, j'apprends également que le sexe avec moi était juste horrible, que je n'étais qu'une grosse salope passive (en clair dans le texte), qu'il devait faire tout le boulot et qu'il était heureux d'avoir enfin trouvé quelqu'un (toujours la même personne citée avant) avec qui tout se passait bien, qu'il se sentait libre et heureux.

Donc, encore une fois, si lui ressent ça, c'est normal, je peux supporter, c'est mon devoir mais si moi je me rends compte que je suis avec la mauvaise personne par dépit et que je tombe amoureux de quelqu'un d'autre, je suis un monstre à lapider sur la place publique.

Je suis déçu ...

Surtout de me rendre compte qu'il a été super facile pour les gens d'acheter sa version des faits, celle où il est le héros dans l'histoire, le gars qui s'est battu jusqu'au bout pour son couple et où moi j'ai été la petite merde opportuniste, la sangsue, le parasite qui s'est foutu de sa gueule pendant 6 ans et qui a pissé sur l'amour qu'il me portait ...

Un petit résumé s'impose :

- Immature
- Opportuniste
- Drogué
- Influençable
- Irrespectueux
- Stupide
- Cruel
- Grosse salope passive
- Une suggestion ?

Une petite chose qui m'a fait un peu sourire (jaune, certes, mais sourire quand même) c'est qu'il se plaignait dans une conversation du fait que je n'avais pas mis mes parents au courant de notre rupture (cela m'a pris 2 mois je crois) et que pour lui c'était plus gérable et qu'il fallait que je le fasse ou alors il le ferait lui-même ...

Il est sérieux ?? Le gars il a 40 ans, il n'a jamais dit qu'il était gay à ses parents ou sa famille proche, j'ai été pendant 6 ans son "colocataire" et il fallait cacher les photos de nous et arranger la chambre d'amis quand ses parents venaient pour faire croire que je dormais là et il veut me faire une scène parce que ça m'a pris un peu de temps pour dire à ma mère que je vois une fois par mois que j'avais laissé tomber son pauvre petit cul ?

J'hallucine ...

Il a beau dire qu'il n'a pas confiance en lui ou quoi mais il a un sacré culot ....

Et là je rage, de me dire que pendant tout ce temps, moi, comme le gosse stupide et immature que je suis, je prépare son anniversaire surprise tranquillement et je prends contact avec toutes ces personnes qui discutent de moi et pensent que je suis une sombre merde, je prends le temps d'essayer de trouver des solutions pour arranger tout le monde, de faire de mon mieux pour lui faire une chouette surprise pour ses 40 ans ...

Je devrais peut-être faire ce que T. m'a suggéré. Continuer à tout préparer mais ne pas m'y rendre.

Il aura sa surprise et je ne passerai pas la soirée à prétendre que je suis content de les voir et à leur parler de ma vie et du fait que je suis heureux en sachant que derrière leur sourire se cache des "je souhaite que tu te plantes parce que tu mérites de souffrir".

Aaah elle est pas super chouette la vie ?

Je sais que je ne devrais y prêter aucune attention et qu'au fond, ceux qui croient vraiment ça de moi ne sont pas mes amis et ne devraient pas pouvoir me toucher comme ça mais même si la drogue a eu raison de moi, je reste humain avant tout ...

Je n'ai peut être pas assez de jugeotte mais avant de me salir si facilement, ils auraient dû se souvenir que j'avais malgré tout un coeur et qu'à l'heure actuelle, il n'y a plus rien de privé ...

A bientôt,

F.

Le don de soi ....

8 octobre 2014 à 2h15

Cher John,

Dans un autre registre, pour m'occuper l'esprit et éviter de rester un mois à ne rien faire en attendant le grand départ, j'avais décidé de chercher une association pour y faire du volontariat.

J'ai un rendez-vous demain après-midi dans un centre près de chez moi pour aider des enfants dans leur scolarité (école des devoirs, aide à l'alphabétisation, ...).

Je suis super emballé et j'espère que le courant passera bien avec l'équipe et les enfants.

Croise les doigts pour moi.

À bientôt,

F.

L'amour suffit, rien que ça

8 octobre 2014 à 18h45

Cher John,

Première après-midi au centre avec les enfants en tant que volontaire.

J'ai tout simplement adoré !

Ce contact, cette spontanéité, cette simplicité, cette satisfaction d'être apprécié par des gosses qui sont juste adorables, qui ne jugent pas (ou du moins, pas comme les adultes) et pour qui la ligne entre le bien et le mal est généralement simple, il n'y a pas de fourberies, pas de mesquineries ...

C'est facile.

J'y retourne vendredi pour voir l'autre aspect du centre, l'école des devoirs, qui ne se fait pas le mercredi et où il y a uniquement diverses activités.

C'est juste si bon de se sentir utile, d'avoir l'impression d'enfin servir à quelque chose !

Tu me donnes le minimum à vivre pour pouvoir payer un loyer, mes repas et peut-être un ou deux extras sur le mois, je fais ça pour le restant de ma vie.

Peut-être pas au même endroit, peut-être pas les mêmes enfants, mais bordel qu'est-ce que j'adorerais ça !

Et la soirée s'achève en beauté, je vais chercher T. dans quelques minutes à la gare, il dort avec moi, on est enfin seul à l'appartement et je crois que les murs vont trembler .... hum hum

A bientôt !

F., qui se sent heureux et épanoui ce soir !

You've got to pick your battles ...

10 octobre 2014 à 12h22

Cher John,

T. vient de repartir pour le weekend.

Je ne le verrai probablement pas avant lundi matin car il travaille aujourd'hui, samedi et dimanche.

Mais ça ne fait rien (enfin pas exactement, il va me manquer énormément) mais j'ai passé 2 jours et 2 nuits avec lui, toujours aussi magique, où on a ri, discuté, partagé de chouettes moments, où je me suis senti aimé, où j'ai aimé, ...

Le soulagement de savoir que notre départ était imminent, l'excitation de penser à tout ce qu'il y avait à faire avant de partir ...

Puis, j'ai reçu un sms de G.

G. qui me demande de quitter l'appartement de jeudi jusque samedi parce que Crêpe Suzette vient et qu'il ne veut pas me voir ...

Je suis déçu, je suis triste ...

Je ne comprends pas pourquoi ... Je n'ai rien fait à ce gars, jamais un mot de travers pour le peu de fois où je l'ai vu, j'ai été le premier à prendre contact pour l'inviter à l'anniversaire de G. que j'ai organisé, pour qu'il se sente inclus dans l'événement, pour lui faire comprendre que je n'étais pas une menace ...

Et quand il me voyait, il était tout sourire ...

Un hypocrite ...

Bref, c'est décidé, je terminerai l'organisation de l'anniversaire de G. mais je n'irai pas au restaurant au soir. Je n'ai pas envie d'être assis à une table en face de quelqu'un qui ne veut pas de moi, avec des gens qui pour la plupart pensent que je suis un parasite, profiteur, immature petit merdeux qui ne mérite pas quelqu'un d'aussi bon que G.

Je ne dirai rien à G., je n'ai pas envie de passer le dernier mois que j'ai ici à me disputer ....

Mais j'en ai fini avec lui je crois ...

Il a fait son choix j'imagine entre mon amitié et le nouvel homme de sa vie !

So be it ...

Mais je reste heureux malgré ça ! Je me suis réveillé à côté de l'homme que j'aime, le sourire aux lèvres.

Autre point positif de la journée, je retourne au centre cet après-midi travailler avec les enfants.

Une bonne journée s'annonce, et c'est tout ce qui compte !

A bientôt,

F.

J-28

19 octobre 2014 à 22h02

Cher John,

Le départ étant normalement prévu le 17 novembre, il ne me reste plus que 28 jours avant de prendre le chemin de l'Angleterre.

Je n'y crois toujours pas.

Autant tout se bouscule si vite, autant parfois les choses vont trop lentement.

J'ai annoncé à mes parents que je partais.

Je ne leur ai pas exactement dit toute la vérité et pour eux, je serai de retour dans 3 mois.

Il sera temps de leur dire que je reste plus longtemps quand je serai là-bas.

Bizarrement, tout s'est plutôt bien passé mais je pense que ma mère réalise tout doucement l'affaire et ne va pas tarder à me faire savoir tous les jours qu'elle déprime à cause de ça.

Bref.

Je pense que ce n'est plus vraiment à moi à essayer de la gérer, je pense qu'elle a 55 ans et qu'il est grand temps qu'elle se gère seule, comme j'ai dû le faire pendant tant d'années.

J'ai passé le weekend avec T. et on a même dormi à l'appartement du vendredi au samedi soir, chose qui nous avait été précédemment interdite suite à la venue de Sa Majesté du sud de la France.

C'était le seul moyen pour moi de voir T. ce weekend, trouver un endroit pour dormir, et je n'allais pas sacrifier mon bonheur parce que Crêpe Suzette a quelques troubles psychiques.

Que dire sur ce weekend ?

Et bien, comme tous les moments passés avec T., c'était magique.

Il y a un équilibre entre nous, il n'y a pas quelqu'un de plus fort que l'autre, pas de compétition.

On se soutient mutuellement et avec lui, je n'ai pas peur de devoir être un pilier de temps en temps.

On est allé au sauna samedi.

Nouvelle expérience pour nous, on a testé une balançoire (pas celle où s'amusent les enfants, si tu vois ce que je veux dire ...).

Autant te dire que je suis ressorti de là les jambes tremblantes.

Le sexe est juste magique !!

Et on ne s'est pas arrêté là.

On est ensuite rentré chez moi et vu qu'on avait l'appartement pour nous tout seul cette nuit-là, on a remis le couvert jusque 2-3 heures du matin.

Une fois encore, magique.

Il n'y a pas de honte, pas de barrière, pas de peur ... on se laisse aller tous les deux et on se fait confiance mutuellement et ça nous suffit.

On s'est ensuite endormi.

Puis, en plein milieu de la nuit, il me réveille.

"F. ? F. ?"

Je me réveille en plein sursaut et je lui demande ce qu'il se passe.

Il me répond, tout simplement avant que je l'embrasse et qu'on se rendorme : "I love you".

Comment ne pas fondre, comment ne pas avoir envie de passer le reste de votre vie à ses côtés, comment ne pas vouloir s'endormir et se réveiller en regardant son visage et en goûtant ses lèvres.

Je l'aime, il m'aime, et c'est tout ce que j'ai besoin de savoir là tout de suite.

Un éventuel mariage a déjà été évoqué, il m'a demandé de me renseigner et de lui dire mon tour de doigt ...

Pas pour l'année 2014 mais l'année 2015 pourrait être l'année de toutes les surprises ...

Il n'y a pas de règles de temps je crois, il faut juste le sentir et bon sang, avec T., je me sens bien ...

Plus que 28 jours et ce sera lui et moi pendant un bon moment.

A bientôt,

F.

Réminiscence

23 octobre 2014 à 13h04

Cher John,

Hier, G. a fêté ses 40 ans.

J'ai été mardi dans une boutique d'articles cadeaux pour lui prendre une carte.

Là, en me promenant à travers les rayons remplis de gadgets, me sont revenus en mémoire les moments de solitude que j'ai traversé pendant des semaines, la douleur qu'on s'est causé, la peine qu'on a ressentie.

J'ai pleuré, au beau milieu du magasin.

Comme un con.

Parce qu'au final, je me rends compte que j'ai mis tout ce qui s'était passé dans une petite boîte dans un coin de ma tête et que je ne m'y suis jamais attardé.

Parce que je me rends compte aussi que si moi j'ai dû prendre la responsabilité de notre rupture et m'excuser pour le mal que j'ai pu lui faire, il ne m'a pas rendu la pareille.

Je reste le fautif.

Je reste l'unique coupable.

Je suis le seul avec du sang sur les mains.

Je ne sais pas si c'est trop tard désormais pour qu'il présente ses excuses ou qu'il admette enfin ses erreurs.

Je pense qu'il a tourné la page et que là il essaie de s'investir dans la relation chaotique qu'il entretient avec Crêpe Suzette.

Il s'efforce, peut être de trop, à faire croire à tout le monde que sa relation avec son français est parfaite mais je sais que c'est de la poudre aux yeux ...

Il n'est pas heureux, l'autre ne sait pas comment le rendre heureux.

Je ne prétends pas savoir, ce n'est pas mon opinion.

Mais je sais qu'il n'est pas épanoui et qu'il essaie juste de s'accrocher à ça et de faire croire que tout va bien ...

Mais dans quel but, je n'en sais rien ...

Si c'est pour essayer de me rendre jaloux ou de faire croire qu'il est plus heureux que moi et qu'il a gagné, cela ne m'intéresse pas.

Je n'ai ni l'envie, ni le temps pour une quelconque pseudo-compétition entre ex.

J'espère juste qu'il ouvrira un jour les yeux, qu'il ne se perdra pas là-dedans et qu'il arrivera un jour à être heureux ....

A bientôt,

F.

J-27 - C'est officiel

23 octobre 2014 à 13h15

Cher John,

T. est venu hier soir et a passé la soirée et la nuit avec moi.

Soirée "normale", petit repas préparé par mes soins, un film à la télé ("Tracks" avec Mia Wasikowska, paysages somptueux mais ultra chiant dans le fond), dodo en amoureux, réveil en amoureux, petit-déjeuner en amoureux.

Puis, on est reparti sur la gare pour qu'il reprenne son train et on en a profité pour réserver nos billets pour l'Angleterre.

On y est, la date est fixée, on part le 19 novembre au matin !

Je n'y crois pas !

Dans 27 jours, j'ai l'impression que je vais renaître.

C'est absurde, je serai toujours la même personne, ce sera toujours moi qui monterai dans ce train aux côtés de l'homme que j'aime.

Mais une nouvelle vie va commencer, je le sens, à un certain niveau.

Bref ...

Il est temps maintenant de régler les derniers détails avant mon départ.

Autre chose que je sens au fond de moi, je ne reviendrai pas.

Enfin si, peut-être une semaine par an pour dire bonjour aux amis et à la famille mais plus jamais pour y vivre.

Et ça me fait du bien, quel bien.

Un soulagement ...

A bientôt,

F.

J-26

24 octobre 2014 à 12h47

Cher John,

Après avoir déposé T. à la gare hier matin, je ne savais pas quand j'allais le revoir.

Je savais qu'il ne serait probablement pas là ce weekend vu que je suis occupé avec l'anniversaire de G. et que lui doit déménager ses affaires chez sa mère du samedi.

Finalement, il a fait le déplacement hier soir ... Il est arrivé vers 23h et est reparti ce matin vers 7h.

On n'a pas beaucoup dormi, la nuit a été intense physiquement et je le sens aujourd'hui !

Je suis censé faire le ménage. Cela me prend généralement 2h en tout mais ici j'ai commencé depuis 10h et je ne suis même pas à la moitié, c'est pour te dire ...

Mais cela m'a fait énormément de bien.

De le voir, de le sentir, de l'avoir près de moi ...

Me sentir en sécurité.

On a essayé hier soir de trouver quelqu'un pour dire de pimenter un peu les choses.

Quelqu'un est venu, on a commencé mais finalement il ne plaisait pas plus que ça à T. et il est reparti.

Je n'ai eu aucun remords non plus ...

Pas qu'il ne me plaisait pas, le début était chaud mais c'était juste un ajout. Et il n'était pas indispensable.

Qu'il soit là ou pas ne changeait rien à ma vie, loin de là.

La seule personne qui comptait c'était T. pour moi.

Il serait si facile pour moi de trouver quelqu'un pour le sexe quand je suis seul ici car ce ne sont pas les sites de rencontres qui manquent, au contraire.

Et même si je ne rencontre pas, juste quelqu'un pour discuter, avoir un rapport virtuel, du sexe en ligne, ...

J'en ressentais le besoin quand j'étais avec G.

J'avais besoin de parler sexe avec quelqu'un puisque G. n'était pas intéressé.

Mais pas avec T.

Nous allons ensemble sur ces sites, pour s'amuser ensemble mais quand je suis seul, je n'en ressens pas le besoin, je n'en ressens pas l'envie.

Je le veux juste lui.

Il me suffit et j'aime ça, j'aime ce sentiment, de savoir que je n'ai besoin de personne d'autre que lui, que je peux enfin être un tout avec quelqu'un d'autre, me sentir complet, me sentir moi.

Et j'aime que ce soit réciproque ...

D'accord, notre vie sexuelle n'est peut-être pas des plus normales, surtout les weekends où on marche à l'ecstasy et où on peut faire l'amour pendant 10 heures d'affilée (oui, oui, je ne plaisante pas ....) mais elle ne regarde que nous, c'est à nous de voir si on se sent à l'aise avec et c'est tout.

Et notre relation n'est pas basée que sur ça et je le sais aussi !

Mais le fait que le sexe soit si incroyable rend cette relation juste parfaite.

Il n'y a pas de malaise.

On se fait confiance, on s'aime, on se laisse aller l'un avec l'autre parce qu'il n'y a pas de jugement, il n'y a pas de peur de décevoir, il n'y a pas d'attente.

On se fait l'amour ... et c'est bon.

Dans un autre registre, tout se met en place pour le départ.

Il ne me reste plus que mes vêtements à trier et pour la première fois de ma vie, je n'ai plus de place dans mes armoires !!

Je ne sais pas comment je vais transporter tout ça !

Je vais récupérer deux grosses valises la semaine prochaine et normalement, dans le train, j'ai droit d'embarquer deux grosses valises et un bagage à main.

J'espère que ça sera suffisant !!

26 jours ...

C'est ce qu'il me reste ici, à tirer dans ce putain de trou.

J'espère ne plus revenir. J'espère ne pas avoir à revenir.

Evidemment, avec ma chance, j'ai la désagréable sensation qu'à peine je serai arrivé que quelqu'un va passer l'arme à gauche ici et qu'il va falloir revenir ...

J'espère vraiment me tromper ....

On verra bien.

A bientôt,

F.

J-24

26 octobre 2014 à 1h21

Cher John,

Quelle journée qui vient enfin de s'achever.

Hier nous fêtions l'anniversaire de G., anniversaire surprise que j'avais organisé.

Evidemment, tout ne s'est pas passé comme cela était prévu.

Les gens qui annulent à la dernière minute, les gens qui ne viennent pas et qui ne préviennent pas et restent injoignables, Crêpe Suzette qui était censé occuper G. de la journée et qui emmène G. au restaurant vers 13h en sachant qu'ils sont attendus vers 15h et que j'allais passer ma matinée à cuisiner et préparer un apéritif avec des trucs à grignoter, ...

Puis petite prise de tête avec T. au téléphone.

Je lui explique que je suis énervé à cause de Crêpe et il commence à s'énerver en me disant que je ne dois pas me laisser faire, que je devrais lui dire que c'est un manque de respect, que je devrais me défendre, "stand up for myself" ...

Je sais que quelque part il a raison, que ce que Crêpe a fait c'était juste pour m'emmerder mais après je me dis que c'est de l'énergie gaspillée, que j'ai pas envie de commencer une bagarre avec quelqu'un que je ne verrai plus dans 3 semaines et que c'est du temps perdu.

J'ai détesté le fait d'avoir cette conversation au téléphone.

Surtout après, parce que j'aurai voulu pouvoir le prendre dans mes bras et qu'il me prenne dans ses bras.

Ne pas pouvoir se voir et se parler en face, ça m'a vidé.

Je me suis senti mal et j'ai vraiment passé un début de soirée maussade.

Au final, on s'est rappelé, on s'est dit des mots d'amour et tout a été mieux.

Il était vraiment énervé pour moi, le fait qu'on me manque de respect et qu'on me traite comme de la merde et je peux le concevoir mais le fait est que l'opinion de ce gars n'a aucun intérêt pour moi et comme je l'ai dit à T. je ne veux pas me défendre parce que je m'en fous.

Si Crêpe veut perdre son temps avec tout ça, s'il veut essayer de prouver qu'il est un meilleur petit ami pour G., qu'il le fasse, moi j'ai tourné la page.

Et je sais que le fait que toute cette soirée ait été organisée par moi et que la surprise fut réussie et ait vachement plus à G., il ne le digère pas et j'ai vu tout au long du truc que ça lui a coûté de sourire et de faire semblant de rien.

Bien fait pour sa gueule.

Mais le tout a quand même un goût amer parce qu'avec tout ça, toute cette discussion avec T., il me manque énormément et j'ai vraiment besoin de sa présence pour oublier cette journée.

Je le vois normalement dans quelques heures et j'ai vraiment hâte de pouvoir le sentir contre moi.

Je l'aime comme c'est pas permis.

Et je sais que c'est réciproque.

A bientôt,

F.

J-22

28 octobre 2014 à 14h51

Cher John,

Voilà à l'heure actuelle la seule chose qui m'occupe l'esprit dès le matin !

Combien de jours me séparent de ce départ.

Combien de jours me séparent du matin où je me réveillerai, prendrai une douche et ferai dérouler mes valises dans le hall jusque dans l'ascenseur puis vers la station de métro qui m'éloignera de plus en plus de ce qui ne ressemble déjà plus qu'un lointain (mauvais ?) souvenir et qui me rapprochera de cette nouvelle vie tant attendue.

J'ai peur de me décevoir.

Je mets tellement d'espoir, tellement d'attentes dans ce renouveau que j'ai l'impression que le moindre grain de sable dans l'engrenage va tout faire partir en fumée.

Mais bordel que je suis impatient.

Je compte aussi en jours que je passe séparés de T., tout comme lui.

Il nous reste à peu près 10 jours où on ne se verra pas et 12 jours où on pourra passer un moment ensemble.

A part lui, je n'ai littéralement plus rien qui me retient, je n'ai plus rien tout court.

Je me suis séparé de tout, plus rien ne m'appartient.

Et ce qui est encore à moi est dans un bac à linge ou dans une boîte prêt à être empaqueté et partir direction la cave pour être stocké ou direction l'Angleterre.

A partir de demain, il ne me reste que 3 semaines et je sais que cela va défiler, surtout que je vois T. tout le weekend.

La semaine prochaine devrait être un peu plus calme mais à partir du vendredi 7 s'enchaînent les soirées d'adieu et là va commencer le vrai calvaire.

Dire au revoir, surtout que dans ma tête je ne pense pas revenir de si tôt.

Ma mère va être un enfer à supporter, surtout qu'elle veut venir le plus longtemps possible et que, vu ma chance, elle avait posé une semaine de congé la deuxième semaine de novembre donc elle a énormément de temps à me consacrer.

Et puis on y sera.

Il sera vraiment temps de dire au revoir à tout ça, toute cette vie, tous ces artefacts, tout ce qui me semble si faux à l'heure actuelle, tout ce que j'ai créé dans ma tête, tout ce qui n 'était qu'illusion.

J'ai l'impression quelque part de m'être menti pendant des années, d'avoir joué un rôle, d'avoir créé une vie, d'avoir vécu la vie de quelqu'un d'autre, la vie que je voulais vivre mais qui n'était pas la mienne.

Je ne sais pas où m'emmènent les décisions que j'ai prises ces dernières semaines, je ne sais pas si c'est pour un mieux, je ne sais pas si j'en reviendrais et ni comment j'en reviendrais (plus fort ? plus faible ? toujours le même pathétique petit perdant qui n'a rien dans sa vie et qui n'arrivera à rien ?).

Est-ce qu'au fond, je ne continue pas encore à me mentir ? A vouloir croire que je suis possible de vivre cette nouvelle vie dont je rêve ?

Je sais que les doutes que j'ai, tout le monde les a, personne n'est sûr de rien.

Je l'avais déjà écrit quelque part, il n'y a aucune certitude dans la vie.

Je ne peux que mettre un pied devant l'être et espérer pour le mieux.

Il ne tient qu'à moi de faire que j'y arrive. Qu'on y arrive.

Je ne suis pas seul, et ça, ça fait du bien.

Je me sens aimé.

Et ça change tout.

A bientôt,

F.

Dans l'ombre

29 octobre 2014 à 12h56

Cher John,

Hier, en regardant une fiction à la télé, une question posée par la mère de la protagoniste à l'intéressée en question m'a ramené des années en arrière.

La question : "Est-ce que c'est à cause de ce qui s'est passé quand tu étais petite ?"

C'est toujours la même rengaine.

Si tu annonces que tu es homosexuel, cela doit forcément être lié à un quelconque trauma de l'enfance.

Une mère trop absente, un père abusif, un oncle un peu trop pervers, un professeur insistant ou, dans mon cas, un frère en pleine puberté qui a envie d'expérimenter ce qu'ils trouvent dans des livres pornos et pour qui la seule option est son petit frère de 10 ans à peine qui l'idolâtre et pense que c'est la personne la plus formidable du monde.

Je ne dirais pas que tout est parti de là, que ma vie a été un véritable enfer à partir du moment où mon frère m'a demandé de lui faire confiance et que ce qu'il me faisait faire était normal et qu'il ne fallait pas en parler.

J'avais des problèmes bien avant ça, j'étais seul bien avant ça, j'étais isolé, à devoir gérer l'école et ma vie de mon côté parce qu'un de mes instituteurs avait dit à ma mère qu'il serait mieux de me donner plus d'indépendance.

Elle n'y a pas été avec le dos de la cuillère.

Je suis passé du tout ou rien.

Je rentrais et je devais me mettre à faire mes devoirs tout seul, sans l'aide de personne, je montais ensuite dans ma chambre à lire ou à jouer, seul, à attendre que le repas soit prêt.

J'étais un électron libre.

Personne à qui parler, personne à câliner, personne pour me guider.

Et forcément, ma vie est devenue ce qu'elle est à cause de ça ...

Non, je ne suis pas d'accord.

On ne peut pas blâmer le passé continuellement, on ne peut pas prendre le passé en otage et l'utiliser comme excuse pour les erreurs qu'on fait.

A un moment, il faut juste le laisser partir.

Je ne crois pas que les abus subis par mon frère expliquent mon homosexualité, pas plus que mon père absent ou ma mère un peu trop détachée.

Je ne sais pas non plus si je suis né comme ça.

Je ne crois pas aux étiquettes.

Je sais que je pourrais tomber amoureux d'une fille, je sais que c'est déjà arrivé.

Si maintenant on en vient au sexe, c'est une autre question.

Je crois qu'il faut arrêter d'essayer de tout cataloguer pour tout justifier.

Essayons juste de vivre notre vie et d'être heureux sans regarder dans l'assiette du voisin si ce qu'il a est mieux que ce qu'on a.

Il n'y a quasiment plus que ça maintenant, on se nourrit tous sans cesse de notre propre jalousie ...

On ne vit plus, on survit.

A bientôt,

F.

J-21

29 octobre 2014 à 14h07

Cher John,

Je n'étais pas censé voir T. avant ce vendredi mais il vient finalement ce soir pour passer la soirée avec moi et reste dormir.

Et me voilà tout sourire pour le reste de la journée.

Demain, journée chez mes parents, la dernière avant mon départ normalement.

Ils viendront me rendre visite mais je n'irai plus jusque là.

Je verrai aussi peut être ma grand-mère que je n'ai plus vue depuis bientôt un an.

Ensuite, jeudi sera fini, arrivera vendredi et à la fin de vendredi commencera mon weekend avec T.

Fin de cette semaine et on se rapproche de la fin ou du début, cela dépend des perspectives.

Mon point de vue ?

Le début ....

A bientôt,

F.

J-16

3 novembre 2014 à 18h13

Cher John,

Une nouvelle semaine commence.

Mon avant-dernière.

Je ne sais pas exactement de quelle humeur je suis.

Je suis actuellement dans ce nulle part, dans l'attente.

Je sais que je pars et, tout ce qu'il me reste à faire c'est attendre que la date arrive et donc voilà ...

Je sais que cela arrivera plus vite que prévu mais en même temps ça ne passe pas assez vite.

Et j'ai encore des choses à faire.

Annuler mes abonnements, empaqueter les affaires que je ne prends pas avec moi, faire mes valises, faire mes adieux aux personnes à qui je tiens et voilà.

Passer mes derniers moments ici avec ceux qui comptent, profiter à fond des gens et des choses que j'aime.

Et mon chaton, que je dois laisser ici, avec G. (qui est d'accord pour le garder, c'était un chaton qu'on avait décidé à deux de prendre).

Il se fait opérer le 14 novembre (mon chaton, pas G.) et cela me permet alors de rester avec lui 4 jours le temps qu'il récupère correctement.

Et je ne dois plus m'inquiéter de Crêpe Suzette, c'est fini avec G.

Cela me fait doucement sourire (et je sais que je ne devrais pas).

C'était l'amour de sa vie et c'était à peine fini que G. avait déjà un rendez-vous deux jours plus tard et qu'il s'organisait un voyage sur Paris en s'organisant une visite dans quelques saunas gay de Paris.

Bref, ce ne sont pas mes affaires, mais l'hypocrisie ambiante dont il a pu faire preuve ces derniers mois est juste pathétique.

En attendant, je reste partagé entre deux sentiments.

Il y a une partie de moi qui s'extasie et hurle de joie : "Je m'en vais !!!!!!"

Et puis, il y a une partie de moi qui se crispe légèrement et qui se dit : "Je m'en vais ..."

La deuxième partie n'est pas une partie qui doute ou qui ne sait plus si c'est ce qu'elle veut mais c'est plutôt une partie qui a un peu peur et qui se rend compte que je saute dans l'inconnu.

Et je ne m'inquiète pas d'avoir peur, je pense que c'est une réaction naturelle.

Et j'en ai parlé avec T. et il est dans le même état que moi donc ça rassure.

Et cela rassure encore plus de savoir que je peux en parler avec lui sans être jugé, sans qu'il doute, sans qu'il se demande si je vais le faire ou si je vais le laisser tomber.

Savoir que je peux compter sur lui et que je peux lui dire ce que je veux, il continuera à me regarder de la même façon et à m'aimer.

Encore et toujours, je pense à T. et je fonds ...

A bientôt,

F.

J-15

4 novembre 2014 à 17h24

Cher John,

Comme je te le disais hier, entre G. et Crêpe Suzette, c'est fini.

Et comme je le pressentais, cela va être un petit cauchemar à gérer.

Ce matin, j'ai commencé à faire mes cartons.

G. est rentré de son boulot plus tôt et a vu que les meubles forcément se vidaient.

Les larmes lui ont monté aux yeux.

Il me dit alors qu'il avait normalement pris congé le 20 et le 21 car il devait partir avec Crêpe mais qu'au final, vu qu'il ne partira pas, il a annulé parce qu'il ne veut pas rester dans un appartement vide.

Je cite, "c'est pour se tirer une balle".

Je lui dis qu'il faut rester optimiste et que ce n'est pas facile pour moi non plus même si je suis motivé à partir.

Il se retourne alors sur moi et me dit "Reste".

Oh bordel !

Non quoi !

Il va pas commencer à me faire un chantage affectif.

Je lui ai dit d'arrêter, qu'il ne fallait pas qu'il commence avec ça et que c'était trop tard.

Bref, je suis assez énervé.

Maintenant qu'il est seul, il veut que je reste, et peut-être qu'on reprenne quelque chose ?

Non ! Ce n'est pas comme ça que ça marche.

Et je n'en veux pas !

On s'est fait trop de mal, et on s'est assez prouvé pendant ces derniers mois qu'on n'était pas du tout fait l'un pour l'autre et qu'on était limite toxique !

Et je ne suis pas un pantin non plus !

Il trouve quelqu'un, l'amour de sa vie selon lui et il faut que je dégage le plus vite possible pour qu'il puisse construire quelque chose.

Ils se rendent compte tous les deux que c'était de la connerie et je peux rester.

J'en ai discuté avec T. et il me dit que la meilleure chose à faire serait peut être de terminer mes valises et d'aller chez mes parents.

Mais mes parents n'habitent pas tout près et j'ai encore des choses à faire avant de partir et si je m'en vais, il nous sera impossible de nous voir avant le 19.

Bref, encore une fois, je suis énervé et je ne sais pas quoi faire.

Et T. est lui aussi énervé contre G. de faire ça maintenant.

Il me reste 15 jours à tirer et j'espérais les passer dans la joie et la bonne humeur, ce qui risque de ne pas être le cas.

Enfin .....

A bientôt,

F.

J-14

5 novembre 2014 à 15h35

Cher John,

Dans deux semaines, à cette heure-ci, je serai à mi-chemin entre Londres et mon nouveau chez-moi.

L'attente est presque insupportable.

T. arrive dans quelques heures, je le retrouve enfin (même si on s'est quitté lundi matin).

Et oui, nous sommes ce couple ennuyeux à mourir qui ne pouvons pas nous passer l'un de l'autre trop longtemps.

Et je ne vais pas m'en excuser !

Il reste normalement jusque demain puis je le retrouve vendredi chez lui et on reste ensemble jusque normalement lundi.

De là, il ne restera qu'une grosse semaine.

Je me stresse en me disant qu'un truc va bien foirer à un moment ou à un autre et je reste pour l'instant constamment sur mes gardes.

Je serai soulagé le 19 au matin à l'embarquement, à côté de l'homme que j'aime.

Et voilà, en-dehors du grand départ, je n'ai pas grand chose à dire, ce qui est normal je pense, non ?

Enfin, j'ai discuté hier soir avec G. en lui disant qu'il fallait qu'il comprenne que quoiqu'il dise, je ne resterai pas et que pour moi une relation de couple n'était pas une option avec lui parce qu'il était clair que nous n'étions pas faits l'un pour l'autre.

J'ai été soulagé qu'il me confirme qu'il était du même avis que moi et qu'il ne comptait pas me faire une déclaration de dernière minute ni une tentative désespérée d'attirer mon attention dans le but de me faire rester.

Qui vivra, verra ...

A bientôt,

F.

J-13

6 novembre 2014 à 21h52

Cher John,

T. est endormi, juste à côté de moi.

Comme prévu, il est venu hier soir.

On a passé la soirée dehors (enfin je veux dire, hors de chez moi, car G. était là), au sauna.

Ce fut très agréable.

Peu de monde, donc pas mal de discrétion.

Quelques heures dans le jacuzzi à très bonne température.

Des câlins, des bisous et évidemment des moments plus chauds.

Mais en contraste, des moments de pure tendresse aussi.

Les moments je pense que je chéris le plus.

Le sexe est toujours incroyable, et évidemment que j'en redemande encore et encore quand c'est possible mais cela n'est rien comparé aux moments où on se prend dans les bras, où on s'embrasse pendant des heures et des heures et où on discute de tout et de rien tantôt avec légèreté, tantôt avec sérieux mais tout en restant proche.

On est rentré vers 1h, G. dormait et on a continué à faire l'amour dans mon lit, en toute discrétion, pour éviter de réitérer l'incident qui s'était produit il y a 6 semaines d'ici je crois quand G. a tout entendu.

On s'est endormi vers 2h du matin et on s'est réveillé vers 6h30 avec toujours le même appétit et on s'est câliné intensément jusque 7h30, quand G. s'est réveillé de son côté.

G. était en congé aujourd'hui, ce qui fait que T. & moi avons passé la journée à l'extérieur.

Je devais passer sur mon campus et il m'a accompagné.

On est ensuite allé dans le centre où on a pris un lunch rapide, on est allé au ciné voir "Pride", un film qui raconte l'union improbable des mineurs et des gays et lesbiennes dans une Angleterre où les deux communautés sont brimées et où les uns s'associent aux autres pour défendre ensemble leurs droits.

Bien que comportant quelques scènes assez hilarantes, le sujet était on ne peut plus approprié à l'ambiance je dirais presque mondiale qui règne aujourd'hui un peu partout.

Il faut se rappeler sans cesse que l'union fait la force et qu'ensemble, tout est possible.

Mais je pense l'avoir déjà dit quelque part, on est tellement absorbé chacun par notre propre bonheur (et moi le premier, loin de moi l'idée de jouer les saints moralisateurs) qu'on en oublie tout le reste et que tant que notre bonheur personnel est intact, on se soucie peu de savoir ce qu'on peut faire pour aider notre prochain.

Il faut attendre que notre propre sécurité, notre propre stabilité soit en péril pour commencer à chercher des solutions mais à ce moment-là il est généralement trop tard.

Bref, vraiment un chouette petit film à voir.

On est repartis dans le centre, on a été souper à l'extérieur, sur une terrasse chauffée, très agréable par ce temps et puis on est rentré.

On a regardé ensemble ma garde-robe, savoir quoi prendre, quoi jeter et sur quoi peut-être encore hésiter un peu.

Et là, nous voilà au lit.

Je t'écris pendant que je regarde l'homme que j'aime dormir à poings fermés.

Dieu qu'il est beau, Dieu que je l'aime, Dieu que je suis heureux, Dieu que je suis fier de l'avoir à mes côtés.

Demain matin, je repars avec lui chez lui.

Son ex part au Danemark pour le weekend ce qui va nous permettre de passer un peu de temps ensemble chez lui et changer un peu de lieu vu qu'on est quasiment toujours fourré chez moi.

Ce n'est pas un reproche, mais avoir enfin un endroit rien que pour nous où G. n'est pas là et où on peut dormir dans un vrai lit et pas dans un convertible (qui est de bonne qualité, mais il ne vaut quand même pas une bonne literie).

Bref.

Le weekend s'annonce rempli de câlins, je peux te le garantir.

Juste lui, moi et le reste du monde.

Comme toujours je crois ...

A bientôt,

F.

J-9

10 novembre 2014 à 0h04

Cher John,

J'ai voulu t'écrire hier avant de passer une nuit très intense et épuisante avec T.

Mais suite à une erreur de manipulation, je t'ai écrit sur un de mes anciens journaux.

Ce n'est qu'aujourd'hui que je me suis rendu compte de l'erreur.

Après avoir relu les quelques écrits de ce journal qui date d'il y a plusieurs années, je l'ai supprimé.

Il n'a plus rien à voir avec la personne que je suis aujourd'hui.

J'étais à cette époque un jeunot qui découvrait les plaisirs de la vie en solitaire et qui profitait de sa liberté pour essayer de se prouver qu'il pouvait être sexuellement actif ...

Dieu que j'étais malheureux !

Vouloir enchaîne les conquêtes, c'était excitant, certes, mais à quel prix ?

Je ne me suis jamais senti aussi seul que lorsque j'avais à ma disposition des dizaines de contacts avec qui passer 10 minutes de plaisir.

C'était ça que je cherchais ? C'était ça qu'il me fallait ?

Non, loin de là.

J'essayais de me prouver que j'allais bien, que je ne souffrais pas, que le monde d'indécence dans lequel je me complaisais était le mien et, le pire, était le bon !

La seule anecdote marrante relevée sur cet ancien journal est que j'utilisais comme pseudonyme pour signer la lettre T., première lettre du prénom de mon actuel compagnon.

Rien de bien exceptionnel, mais ça m'a fait sourire, comme s'il faisait déjà partie de ce tout à l'époque.

Bref, fin de cette semaine et fin de ce weekend magique.

Je suis rentré "chez moi", seul.

T. a des trucs à faire de son côté demain matin avant notre départ mercredi prochain (!!!!!!) et il est donc resté chez lui mais je le vois déjà demain soir, il vient dormir avec moi et restera une partie du mardi.

Cette semaine s'annonce intense en émotion.

Le bal des "au revoir" commence demain.

Semaine marathon, et il faut tenir jusqu'au bout.

Je vois ma mère 3 fois jusqu'à mon départ, il va falloir que je prenne sur moi.

Souhaite-moi bonne chance.

A bientôt,

F.

J-8

11 novembre 2014 à 3h14

Cher John,

Et voilà, la première soirée d'au revoir se termine.

Cette journée fut interminable.

J'ai tout d'abord été chez mon médecin pour aller chercher les document qui me couvriront au niveau de l'université et me permettront, si je le souhaite, reprendre l'année prochaine mes études là où je les arrête maintenant.

Ensuite ça été la course entre La Poste et mon fournisseur internet pour diverses démarches administratives que je devais effectuer avant mon départ.

Puis, retour à l'appartement où j'ai terminé l’empaquetage des affaires qui m'appartiennent mais que je ne prends pas encore avec moi.

Tout est maintenant rangé dans la cave et c'est un peu ému que je me rends compte que ma vie entière tient dans 6 malheureuses boîtes en carton ...

Mes amies sont ensuite arrivées et j'ai passé avec elles et G., qui fait partie de ce groupe d'amis, une soirée sympa pendant laquelle on a remonté le temps et on s'est rappelé les souvenirs depuis le moment de notre rencontre à 4 ...

Quelques larmes ont coulé et j'ai aussi revu des images de l'ancien moi.

Ce moi monstrueux qui faisait 210 kilos et dont je ne suis plus que l'ombre désormais après m'être fait opéré et après avoir jusque maintenant perdu 96 kilos !

Revoir ces images du tas infâme que j'étais a été presque insupportable.

Je ne comprends toujours pas comment j'ai pu me laisser aller comme ça et comment j'ai pu vivre comme ça !

La soirée s'est finalement achevée dans les rires en parcourant et en se remémorant les souvenirs les plus heureux de nos moments passés ensemble.

Une seule chose manquait, T.

Il était censé venir mais cela n'a pas été possible au final.

Je le vois ce soir, après avoir passé la journée à réconforter ma mère qui vient me rendre visite et qui va venir se plaindre et se lamenter sur sa triste vie et le fait que je l'abandonne ...

Vivement demain soir pour retrouver T., c'est la seule chose qui va m'aider à traverser cette journée ...

Le départ approche, mais il reste encore pas mal de moments assez dur à traverser.

J'ai hâte que tout ça se termine enfin ...

A bientôt,

F.

J-7

12 novembre 2014 à 9h27

Cher John,

Dans une semaine, à cette heure-ci, mon train démarrera pour Londres.

Le bal des au revoir continue.

J'ai vu ma mère hier, toute la journée.

Elle a été intense, elle a été lourde, elle a été égale à elle-même.

Je ne pourrais pas encaisser encore deux jours comme ça.

Elle est censée revenir vendredi avec mes deux frères et ma belle-soeur puis mardi avant mon départ avec mon petit frère et mon père.

Non.

Cela ne pourra pas se faire.

Je ne peux pas, je ne veux pas.

T. est venu hier soir et j'ai pleuré toute la soirée.

Pas qu'elle va me manquer ou que la voir me fait mal, c'est devoir prétendre être quelqu'un que je ne suis pas quand elle est là qui me fatigue.

Je ne peux pas lui cracher ma haine et mes reproches au visage quand je la vois, parce que je ne veux pas lui faire de mal alors je garde tout à l'intérieur et c'est moi qui souffre.

Et vendredi, je vais devoir supporter la venue de mon grand frère, celui qui m'a humilié, qui m'a détruit, qui m'a coûté tant d'années de vie.

Celui qui m'a fait sentir mal au point de vouloir me jeter d'un pont, celui qui a fait que ma mère ne voulait plus me toucher parce que je la dégoûtais de m'être laissé faire, celui qui m'a coûté mon père parce qu'il ne m'a plus adressé la parole, celui qui a fait que j'avais peur de rentrer chez moi ne sachant pas dans quoi j'allais me retrouver, quel coup j'allais ramasser, quelle critique j'allais recevoir, quelle solitude j'allais ressentir.

Et je suis là, à lui dire qu'il est le bienvenu, pour faire plaisir à ma mère.

Quelle vie je mène ? Quels mensonges je perpétue ?

Ils agissent tous comme si rien ne s'était passé, comme s'il ne m'avait pas utilisé comme poupée sexuelle pendant des années, comme si je n'avais pas fugué, comme si mon père n'avait pas tenté de me tuer, comme si je n'avais pas voulu mourir à plusieurs reprises.

En écrivant ces lignes, en repensant à tout ça, en ayant les visions de mon enfance et de mon adolescence traverser mon cerveau à grande vitesse, je me demande ce que je suis en train de faire.

Et je sais que T. a raison quand il me dit que rien ne m'oblige à les voir, que je peux leur dire d'aller se faire voir et que je veux partir sans leur dire au revoir.

Je sais que c'est ma vie et que je ne dois m'excuser de rien ...

Mais là, tout de suite, je n'y arrive pas ...

Je ne sais pas où je trouve la force de faire comme si de rien n'était, de jouer leur jeu ...

Mais je suis épuisé ...

Et c'est ce que je lui ai dit au téléphone à ma mère.

Pas toutes ces reproches mais que je voulais que vendredi soit le dernier jour que je la voie avant mon départ.

Que je lui dise au revoir et que ce soit fait.

Que j'en sois débarrassé.

J'ai l'impression d'être sur des montagnes russes depuis lundi matin et je pense que le trajet va durer jusque lundi soir.

Une horreur.

Vivement le départ.

A bientôt,

F.

J-4

15 novembre 2014 à 1h49

Cher John,

Une autre journée qui s'achève.

Ma famille est venue et est repartie.

Cela s'est mieux passé que mardi, j'imagine parce que mes frères étaient là et que ma mère savait que c'était la dernière fois qu'on se voyait avant mon départ et qu'il fallait qu'elle en profite.

Au moment des "au revoir", G. était là et il m'a dit par la suite que j'avais eu l'air plus triste la semaine passée en terminant mes cartons qu'en serrant et en embrassant ma mère et mes frères.

Que rajouter à ça ? Le portrait est dressé ...

Ensuite, j'étais censé avoir une soirée avec mes amies d'unif.

6 étaient censées être là au départ mais au fur et à mesure que la semaine passait, je recevais les excuses de ces amies qui ne pourront pas être présentes et j'ai passé ma soirée avec une seule amie.

Cela n'était pas plus mal.

On a pu discuter, rigoler, un peu pleurer et profiter l'un de l'autre.

Puis au final, on a été rejoint par une autre fille qui est arrivée avec 4 heures de retard.

Elles viennent de repartir.

Je ne sais pas comment je me sens.

Trop d'au revoir ? Ou est-ce que mon esprit ne réalise pas encore que je m'en vais et que je ne sais vraiment pas quand je les reverrais ?

Je me sens vidé je pense.

Quoiqu'il en soit, le weekend s'annonce réparateur.

La journée du samedi va être la plus fatigante.

Demain, j'aide G. a remettre les meubles à leur place (tout avait été modifié quand on s'est séparé pour pouvoir me donner un espace-lit et il faut maintenant tout changer à nouveau).

Ensuite, en début d'après-midi, je vais normalement dire au revoir à ses parents et je me rends ensuite avec lui voir d'autres amies avec qui nous allons simplement prendre un verre.

Je vais ensuite à la gare direction T. !

Petite soirée au restaurant avec ses collègues et ensuite on passe le weekend ensemble.

T. a réservé un hôtel et nous restons ensemble jusque lundi matin.

Puis, il me reste lundi pour terminer ma valise, dire au revoir à 2-3 personnes au soir et retrouver T. mardi matin près de notre gare de départ où on va normalement aussi prendre un hôtel pour être juste nous deux et tranquille.

Je sais que G. a prévu de venir me dire au revoir mercredi matin à la gare avant mon départ avec une ou deux amies.

T. m'a prévenu parce qu'il ne savait pas si c'était une bonne idée et si j'en avais envie.

C'était quelque chose que je pensais moi-même à organiser, mais juste vraiment pour une ou deux amies très proche.

Je ne veux voir personne de ma famille, je ne le supporterai pas.

Et T. le sait et a fait passer le message à G.

Et voilà.

Ce sera là, au milieu de cette gare, que je dirai au revoir aux dernières personnes et que je partirai pour ce nouveau voyage.

Encore une fois, je suis vidé.

Et à écrire ces mots, je me rends compte que mon esprit ne percute pas encore et je ne sais vraiment pas comment je vais réagir quand la pièce tombera.

Je ne crois pas que je vais soudainement péter un plomb, perdre la tête et me mettre à courir en rond sur le quai, loin de là.

Je suis heureux, je suis serein, je sais avec qui je pars et ça me fait un bien fou.

Je sais aussi pourquoi je pars, je sais ce que je veux, je sais ce que je veux accomplir et j'ai au fond de moi la détermination nécessaire pour y arriver.

J'ai juste l'impression d'être vidé et de ne plus rien ressentir par rapport à tout ce que je laisse derrière moi et surtout par rapport aux gens que je laisse.

Est-ce que je me protège involontairement ? Est-ce que mon esprit bloque toutes ces données pour éviter que ce ne soit trop dur ?

Peut-être, je n'en sais rien.

Ou peut-être que c'est quelque chose que j'ai toujours su, que tout ceci n'était qu'éphémère et qu'il est juste temps pour moi de passer à autre chose.

Mais je sais aussi que les gens à qui je tiens vraiment seront toujours là, quelque part, et qu'à l'heure actuelle il est quasiment impossible de couper vraiment les ponts avec quelqu'un et de rester sans nouvelles.

E-mail, Skype, Facebook, Instagram et j'en passe ...

On est tous connectés, en permanence.

Comment avoir l'impression de quitter vraiment quelqu'un quand tu sais que le soir même de ton arrivée tu peux déjà la voir et lui parler ?

C'est ça je crois qui me donne l'impression que je ne quitte personne, c'est que je peux sans cesse rester en contact sans devoir attendre comme avant l'arrivée d'une lettre ou d'un pigeon voyageur.

On verra ...

A bientôt,

F.

J-2

17 novembre 2014 à 14h15

Cher John,

Fin d'un parfait weekend encore avec T.

Je viens de rentrer pour la dernière fois dans l'appartement qui était le mien et dans lequel j'ai emménagé avec G. il y a un peu plus d'un an.

Mon foyer, mon repère, mon refuge.

Qui n'est plus le mien.

Je repars à 0, dans moins de 48 heures.

J'en connais qui me disent que j'ai de la chance, qu'ils aimeraient avoir le courage de le faire.

En vérité, j'aimerais avoir le courage que tous me concèdent car, là tout de suite, j'ai un peu la boule au ventre à l'idée de ce vide dans lequel je me lance.

Ok, d'accord, ce n'est pas tout à fait un vide.

Je sais où je vais dormir, je sais avec qui je vais dormir et je sais que j'ai déjà quelques options mais quand même, c'est un grand changement.

Et là, quand je dis ça, j'en connais aussi qui me disent "si ça ne te plaît pas, tu n'as qu'à rester".

Mais ce n'est pas ce que j'ai dit. Je ne m'en plains pas. Loin de là.

J'ai hâte que tout ça commence même si ça reste encore à l'heure actuelle un peu surréaliste.

Mais voilà, on y est.

Ce soir, je retrouve 3 amies super proches avec qui je passe une dernière soirée pour ensuite venir dormir ici.

T. arrivera tôt demain matin, on terminera nos valises ensemble histoire d'optimaliser l'espace dans les bagages et puis on verra.

Je ne sais pas vraiment ce qu'on fera mais soit aller à la piscine et en ville soit au sauna pour dire de se détendre une dernière fois avant le grand départ.

On devait normalement passer la nuit à l'hôtel mais au final on restera "chez moi".

Je ne pense pas qu'on dormira beaucoup cette nuit-là mais on sera ensemble et c'est tout ce qui compte.

L'aventure commence bientôt.

J'ai hâte d'être là-bas.

Une chose que je meurs d'envie de faire c'est d'être sur la plage jeudi, et d'écrire sur papier, face à la mer.

C'est rien du tout, c'est banal mais qu'est-ce que j'en ai envie.

A bientôt,

F.

J-1

18 novembre 2014 à 21h18

Cher John,

Et voilà, on y est.

Plus que quelques heures avant le grand départ.

Les valises sont prêtes, T. est au lit et m'attend ...

Je ne pense pas qu'on va beaucoup dormir cette nuit.

Je n'ai pas grand chose à dire.

Je pense que l'excitation et le stress ont raison de moi ce soir.

Je pense que je serai de retour avant de quitter ce qui était mon chez-moi.

A bientôt,

F.

Jour J

19 novembre 2014 à 6h17

Cher John,

Dans 45 minutes, notre taxi arrive.

La nuit ne fut pas la meilleure mais elle ne fut pas la pire non plus ... je me sens reposé, c'est le principal.

T. est prêt, je termine mon café et je file à la douche pour être tout propre et sentir bon pour le voyage de 7h en train !!

Comme dirait les candidats d'une émission de télé-réalité que je t'avoue honteusement regarder pour mon petit plaisir personnel et dont je ne citerai pas le nom pour éviter un lynchage public : "L'aventure commence maintenant"

A bientôt,

F.

J+1

21 novembre 2014 à 1h01

Cher John,

Voici la fin de ma première journée dans mon nouveau chez-moi.

Je m'apprête à aller dormir car demain je commence déjà à travailler (cela n'aura pas tardé !)

Le voyage d'hier, bien qu'éreintant, s'est passé simplement et tout en douceur.

Si l'un de nous était sur le point de craquer, l'autre était là pour le rassurer.

Et bien que ce voyage ait duré quasiment 13h en tout, je n'ai pas vu le temps passer.

Aujourd'hui, on est retourné se balader près de la plage où nous étions déjà allé début septembre.

Toujours aussi beau, toujours aussi ressourçant, toujours aussi amoureux.

On est allé faire quelques courses et puis nous sommes allés au cinéma.

J'ai l'impression de vivre avec T. depuis des années, de le connaître depuis des années.

Je ne dois me forcer pour rien, je ne dois faire semblant pour rien, je suis juste moi et ça nous suffit.

On attendait ce moment avec impatience, pouvoir être ensemble sans devoir comploter ou devoir se dire que ce n'était que pour quelques heures.

Il n'y a plus à se presser ou à se dire qu'il faut faire telle chose à tel moment avant de se quitter sans vraiment savoir quand on se reverra.

J'avais peur que le côté financier puisse être un problème mais 2h à peine après mon arrivée et j'étais déjà engagé pour débuter à mi-temps pour surtout commencer à aider à préparer le restaurant avant le service.

Ce sera 2-3h par jour, 6 jours par semaine et surtout le matin.

C'est déjà un bon début et cela nous permet aussi à T. et moi d'avoir le reste de la journée ensemble.

On verra où ça nos mènera.

On prend ce voyage un jour à la fois et je pense que c'est la meilleure façon d'avancer pour le moment.

Wish me luck !

À bientôt,

F.

Home ?

8 décembre 2014 à 21h19

Cher John,

Me voilà enfin, bientôt 3 semaines après mon départ de la Belgique pour l'Angleterre.

Que s'est-il passé depuis lors ?

Progressons par catégorie ...

Boulot : ce n'est pas le boulot le plus crevant de la Terre. Cela ne me prend que quelques heures par jour, du lundi au samedi. Je travaille là où je vis donc je n'ai pas à me prendre la tête avec les transports ou 30 minutes de marche le matin. Je me lève, je m'habille et je m'y mets.

En quoi cela consiste ? Je prépare les pommes de terre pour le midi et je nettoie les huiles de friture.

Je prépare par semaine 500 kgs de pommes de terre ... tout passe par machine et je dois juste m'assurer que tout est propre.

Il ne faut pas réfléchir beaucoup et ça me permet d'avoir un peu de temps pour moi et de pouvoir prendre du recul et penser au futur.

Je n'ai pas vraiment beaucoup avancé à ce niveau-là mais cela ne fait que 3 semaines.

Amour : tout se passe si bien avec T.

Je me sens heureux, je me sens complet, je me sens moi, je me sens satisfait.

Et je le sais heureux.

On avance au jour le jour et ça nous va pour l'instant.

Viendra le temps où il faudra prendre une décision ou l'autre mais je n'ai aucune crainte à ce sujet.

Je sens qu'on peut se reposer l'un sur l'autre et qu'on s'écoute surtout.

Il ne nous manque plus qu'un lit correct qui devrait arriver dans le courant du mois de décembre parce que pour l'instant on dort sur 2 matelas séparés qui ne sont pas très confortables et vu qu'on essaie d'être le plus possible près l'un de l'autre, on finit toujours au milieu où c'est encore moins confortable !!

Et en écrivant cette phrase, je me rends compte que si notre plus gros problème pour le moment est d'avoir un nouveau lit, je pense que ça va plutôt bien entre nous.

Vie sociale : à part la soirée où J. et F., les amis de T. pour qui je travaille, sont dans la maison, on est pour la plupart du temps juste tous les deux.

On papillonne au cinéma où on a une carte, on va faire du shopping, on se ballade, on va visiter les villages voisins, on va à la piscine où on a aussi une carte, on va au vidéo store local louer des films où on a également une carte (on s'intègre à fond ici ...), on va faire des courses, on cuisine, on lézarde au lit, on se câline, on fait l'amour, on ne s'ennuie pas.

Et voilà.

Je ne peux pas dire que j'ai trouvé mon nouveau foyer, que je suis ici chez moi et que je vais y rester mais là, pour l'instant, je me sens heureux et c'est tout ce qui compte pour le moment ...

À bientôt,

F.

Un an plus tard ...

2 novembre 2015 à 19h09

Cher John,

Voilà bientôt un an que je suis parti de ma terre natale pour retrouver à 900 kilomètres de chez moi sur la côte ouest de l'Angleterre.

Et depuis, il s'en est passé des choses !

Je ne suis plus en Angleterre depuis bientôt 6 mois. Je suis revenu ici, "chez moi".

La colocation ne s'est pas extrêmement bien passée avec les amis de Thom et malgré le fait qu'on se plaisait pas mal là-bas, nous n'avons pas eu d'autres choix que de revenir ici.

Le retour ne s'est pas exactement bien passé puisque celui-ci, étant fait à la dernière minute vu qu'on s'est quasiment fait jeter à la rue, nous a coûté toutes nos économies et on s'est retrouvé ici sans rien.

Cela nous a pris 2 mois pour trouver un nouveau chez-nous. Et en attendant, retour à la case départ.

Je me suis retrouvé chez G. et T. s'est retrouvé chez S.

Je ne sais pas dans quel univers tordu j'ai atterri mais après avoir eu l'impression de faire mon deuil de mon passé, je me suis retrouvé en plein dedans. Mais bon, heureusement que nos ex respectifs étaient là pour nous accueillir car autrement, je ne sais pas ce qu'on aurait fait.

Cela a été 2 mois très dur, rempli de stress et de moments assez difficile.

Beaucoup de larmes évidemment, de disputes avec T. suite à la tension permanente et aux soucis d'argent.

Mais au final, on a réussi encore une fois à tout traverser, à deux.

On s'est trouvé un nouveau chez nous dans lequel on vit maintenant depuis bientôt 5 mois.

Pas encore beaucoup de meubles mais c'est cozy & it feels like home !

Après un mois de retour ici, j'avais déjà trouvé un nouveau boulot et après seulement 2 mois je recevais déjà un CDI.

Je suis aussi vite devenu une personne de confiance dans l'entreprise de +/- 100 employés dans laquelle je travaille puisque je suis le représentant du personnel.

Cela m'a permis il y a 2 mois de repartir sur l'Angleterre, à Londres, pour prendre part à des réunions d'affaire.

Avec T., nous continuons à être aussi amoureux et aussi complice.

En d'autres termes, tout va très bien.

Et me voilà de retour.

J'ai relu mes écrits de l'année passée et je me rends compte que j'ai toujours ce besoin d'écrire et de partager.

Surtout que j'embarque pour une nouvelle aventure.

Bon, cela ne comprend pas de déménagement total à plus de 900 kilomètres mais quand même.

J'ai décidé de devenir végétarien.

Une envie qui me trotte depuis quelque temps dans la tête.

Et j'ai décidé de sauter le pas.

Alors voilà F., super Veggie, de retour ici.

A bientôt,

F.

Along the way ...

8 novembre 2015 à 11h30

Cher John,

Dimanche enfin. Un peu de repos. Cela fait du bien.

A notre retour d'Angleterre, T. & moi nous sommes installés là où lui vivait avant de partir, à une cinquantaine de kilomètres de là où je vivais.

Ce n'est pas si loin et c'est le trajet que je fais tous les jours pour aller travailler mais quand même.

Au fil des semaines, je ressens le manque de mes amis que j'avais l'habitude de voir.

Mais la vie fait que tout le monde est de plus en plus occupé par sa propre vie et les agendas respectifs font qu'il nous est difficile de se voir.

Et il y en a qui ont changé. Ceux que j'avais en commun avec G.

Ils m'ont déçu je t'avoue, par leur façon de penser, par leur façon de voir les choses.

Lorsque j'étais en Angleterre, ils m'ont écrit pour me dire que je n'étais plus le même, que je me faisais influencer par T., que ça devenait maladif et que sur les photos on arrivait pas à nous distinguer. A 28 ans, ressembler à un gars qui fait 20 cm de plus que vous et qui a 18 ans de plus que vous, ça fait sourire.

Bref, j'ai dû me défendre d'être heureux en quelque sorte.

J'essaie de garder une relation amicale avec G. et le groupe d'amis que l'on avait mais j'ai de plus en plus de mal.

Sur Facebook, j'ai toujours des petits posts bien dirigés vers moi. Quand on parle, il y a toujours bien une remarque "ah, tu ne faisais pas ça quand tu étais avec moi" si j'ai le malheur de regarder un film qu'il m'avait proposé de regarder et que j'avais refusé parce que ça ne m'intéressait pas ou si j'écoute et apprécie maintenant un artiste qu'il écoutait mais auquel je ne prêtais pas attention quand on était ensemble.

Non, rien de ce que je fais n'est bien et je ne sais pas pourquoi je m'en fais, pourquoi je le laisse encore avoir un impact sur ma vie.

Par sentiment de culpabilité ? Parce que je me sens responsable ?

Je ne peux pas porter toute la misère du monde. J'ai déjà bien eu assez avec la mienne. Il est assez grand donc à lui de changer son fusil d'épaule et de faire quelque chose d'autre s'il n'est pas heureux. Mais il ne peut pas continuer éternellement à me blâmer pour ses malheurs.

F.

Saveurs retrouvées !

8 novembre 2015 à 11h34

Cher John,

Déjà une semaine en tant que végétarien.

Je ne peux pas vraiment dire que je sens la différence et c'est là que je me rends compte que je ne mangeais pas tant de viande que ça avant en fait, surtout au niveau des quantités après mon opération il y a maintenant plus de deux ans.

Je me rends compte aussi avec l'âge que je (re-)prends goût à des aliments que je ne voulais même pas approcher avec une cuillère en bois avant.

Des légumes que je détestais comme le chou-fleur ou les carottes cuites, des condiments comme la moutarde dont je raffole maintenant, le riz que je ne pouvais pas voir en peinture et ce genre de choses.

Je ne sais pas pourquoi je ressens le besoin de te parler de ça mais c'est surtout une constatation qui m'a fait sourire et j'avais envie d'en garder une trace quelque part.

Le sentiment d'apprécier la vie, d'essayer de garder l'esprit ouvert à tout, de prendre le bonheur où ça vient, même dans les petites choses comme une tartine au fromage avec un peu de moutarde.

A bientôt,

F.

Passion is overrated

8 novembre 2015 à 11h48

Cher John,

Une autre chose dont je me suis rendu compte récemment et dont je veux me souvenir c'est que je ne suis pas un fan.

Je m'explique.

Samedi passé, nous sommes allés avec T. faire la file pour une séance de dédicace pour un groupe dont il est fan.

Nous arrivons à l'endroit où ça se fait et il y a déjà une file de 200 personnes.

Perso, à ce moment-là, je me dis "on va faire marche arrière, je ne vais pas passer mon jour de congé à faire la file pour une dédicace et une photo".

Mais je vois T. qui s'avance et qui se met dans la file et bon, je m'y mets aussi. On en discute, il me demande s'il veut qu'on reparte mais je vois bien dans ses yeux qu'il est excité comme un gamin et qu'est-ce que j'ai d'autre à faire un jour de congé que passer du temps avec lui et le rendre heureux, hein ? Donc on reste.

En tout, 3 heures d'attente entre notre entrée dans la file et la sortie après les dédicaces et les photos.

Devant nous se trouvait une mère de 2 enfants avec son compagnon.

Je t'avoue l'avoir trouvée un peu pathétique.

A l'approche de la porte d'entrée, il y avait une fenêtre sur notre droite qui donnait dans la salle et grâce à laquelle on pouvait voir les artistes.

Elle s'est mise à pleurer. Vraiment.

J'ai pas compris comment on pouvait aimer quelqu'un qu'on ne connait pas à ce point-là. Ses enfants essayaient de lui parler, mais elle leur gueulait limite dessus en leur disant de se taire. Son compagnon n'existait plus, c'est à peine si elle le calculait. J'étais choque et triste pour elle. Et l'exemple qu'elle donne à ses gosses.

Je ne juge pas, chacun sa vie mais voilà.

Je n'ai jamais ressenti ce genre de sentiments, de genre de passion pour quelqu'un ou quelque chose que ce soit un chanteur, un acteur, un sport, un appareil électronique (il y en a qui pleure à la sortie de l'iPhone 6, right ?), un bouquin ou un jeu vidéo.

Et je me suis senti seul dans le monde à cet instant-là. Comme si j'étais vide, anormal.

Pourquoi est-ce que je ne suis attaché à rien comme ça ? Est-ce que j'essaie trop d'être réaliste ou quelque chose comme ça ?

Aucune idée.

Mais le fait est que je n'ai aucune passion dans ma vie (à part celle que j'ai avec T. me diront certains mais ce n'est pas pareil) et que je ne sais pas si je le vis si bien que ça.

Bref.

A bientôt,

F.

Panique sur la ville ...

21 novembre 2015 à 17h46

Cher John,

Je travaille dans la capitale belge qui, comme tu l'as peut-être lu dans les journaux aujourd'hui, était en état d'alerte maximale et en attente d'attaques imminentes.

Pas la peine de t'expliquer l'état de tension qui régnait dans le magasin, le stress ambiant dans les rues, à voir des militaires, kalashnikovs au poing et à voir les boutiques fermées les unes après les autres.

Nous étions un des derniers magasin à être ouvert, ce qui a évidemment rajouté du stress au niveau des employés, vu que cela donnait un peu l'impression d'être des "sitting ducks".

En plus de tout ça, les proches de tout un chacun s'inquiétant de plus en plus et donc à rassurer en permanence.

Nous avons finalement fermé le magasin vers 14h, nous avons nettoyé les machines et puis nous sommes partis.

Je suis reparti sur la gare avec un collègue et pris mon train pour rentrer chez moi.

Une fois rentré, j'ai évidemment appelé T. pour le rassurer et ensuite ma mère.

Elle a craqué à la fin de l'appel et s'est mise à pleurer.

La peur. C'est le sentiment qui l'habite depuis la semaine passée.

Elle a peur pour moi, chaque jour où je travaille sachant que c'est là évidemment qu'il y a le plus à risque.

Et je ne peux rien faire pour la rassurer.

Les médias s'assurent de ça. Ils nous bombardent d'informations grossies plus pour vendre et effrayer que pour informer.

Et ils gagnent. C'est la peur presque partout, personne n'est plus à l'aise, ce sont des militaires à tous les coins de rue, gardant les portes de cinéma ou les quais de gare, ce sont les rues désertées par les habitants, ce sont les magasins qui ferment leurs portes.

Et c'est ma mère, en pleurs, au téléphone, qui a peur que son fils se fasse tuer par un fanatique un peu trop agité.

Et je ne sais rien faire pour ça. Ou plutôt, je ne sais rien faire contre ça.

Ce soir, j'ai peur aussi John.

Ce soir, j'ai peur aussi.

A bientôt,

F.

Point de départ ?

8 janvier 2016 à 21h49

Cher John,

J'ai un peu le coeur brisé aujourd'hui, je me sens vide.

Je ne sais plus trop quoi penser ou comment avancer.

Je ne sais même pas par où commencer.

J'ai toujours eu cette idée en tête que nous, en tant qu'être humain, nous ne sommes pas faits pour vivre ensemble. Que nous ne sommes simplement capables que de vivre de courtes histoires intenses qui nous apportent chacune leur propre expérience avant de passer à la suivante.

Et voilà que j'ai l'impression que j'en suis arrivé à la fin avec T.

Enfin, c'est plutôt lui qui me donne cette impression.

Cela fait deux semaines que tout est un peu tendu entre nous, un peu bizarre.

Nous nous sommes salement embrouillés le jour de Noël lors d'une conversation où j'expliquais que je n'avais pas de problèmes avec une relation ouverte (ce qui me semblait logique vu que c'est là que j'étais avec G. et que c'est un peu ça qui nous a permis de nous rencontrer à la base avec T. mais bon, apparemment, ce qui est logique pour l'un ne l'est pas forcément pour l'autre).

T. l'a pris comme une proposition. Il a cru que je lui demandais d'ouvrir notre couple parce que j'avais envie d'aller voir si l'herbe était plus verte ailleurs et voilà.

Depuis ce sont des reproches, depuis il me dit clairement qu'il n'a pas confiance en moi et qu'il ne sait pas quoi penser et même qu'il ne me reconnaît pas et que je ne suis plus la personne dont il est tombé amoureux.

Le pire de ses propos : je crois que c'est la fin.

Au final, on a réussi à discuter de tout ça au calme (après avoir explosé ma tasse à café préférée dans la cuisine) et je pensais que ça allait mieux ou que du moins, on avait réussi à se mettre d'accord.

Jusqu'à aujourd'hui.

Hier soir, je lui dis qu'une de mes collègues veut aller boire un verre et que donc après mon service de fin de soirée, j'irai en ville avec elle et que je reviendrai probablement tard.

Il me dit ok mais pas trop tard.

Je lui réponds que je ferai mon possible mais qu'il faut qu'à un moment je puisse aussi sortir de mon côté avec mes amis et que, comme je lui ai déjà dit, je me sens seul parfois ici dans la ville où on habite et où je ne connais personne à part ses collègues et que j'aimerai pouvoir avoir aussi une vie comme lui l'a avec ses amis et collègues.

Il me dit qu'il comprend et que c'est ok tant que je ne découche pas.

Là je lui réponds que ce n'est pas prévu mais qu'il y a des chances que ça arrive un jour ou l'autre, ce qui me semble aussi logique mais encore une fois .........

Un peu plus tard dans la soirée, il me sort qu'il sait que nous ne durerons pas. Que c'est la vie et que c'est comme ça. Je reste un peu scotché et je lui demande ce qu'on est en train de faire si nous ne sommes pas faits pour durer ? On s'amuse avant de trouver quelque chose de mieux ?

Il me dit juste que c'est parfois l'impression qu'il a. J'avoue parfois avoir la même, que tout ceci ne sera pas éternel, qu'aucune relation n'est vraiment faite pour durer. Mais quand même, ce ne sont pas des choses que j'ai vraiment envie d'entendre.

Mais au final, tout va bien entre nous, jusque-là, du moins j'en ai l'impression.

Jusqu'à ce matin.

Au réveil, on se met dans le canapé et il me dit ok tu peux aller boire un verre mais pas de joint ou pas de drogue parce que je te connais si t'es un peu stone tu risques d'aller voir ailleurs ou de sortir dans des bars sans moi.

Si je n'étais pas réveillé au départ, je l'étais bien là.

Je lui demande pardon, il se répète. Je le regarde et je lui dis que je ne peux pas fumer un joint sans lui mais que si lui sort avec ses collègues et s'en fume un sans moi, c'est sans problème.

Et là nous sommes repartis deux semaines en arrière où il me sort que lui ne me fait pas confiance, qu'il sait comment je suis, que ce n'est pas normal ce que j'ai tenu comme propos il y a deux semaines, qu'il n'arrive pas à se sortir ça de la tête et qu'il ne veut pas que je traîne trop au soir parce qu'il pensera automatiquement que je me tape X ou Y.

Il me dit que quand on est un peu saoûl ou un peu high je peux vraiment être une pute et qu'il n'aime pas ça, qu'il ne comprend pas. Cela ne l'a jamais vraiment gêné jusque-là.

Je l'arrête et je lui dis que je ne sais pas trop ce qu'il attend de moi. Que sans confiance on n'ira nulle part et que je ne vais pas supporter ces "Roller Coasters" très longtemps !

On s'engueule encore. Je lui ressors ce qu'il m'a dit hier, que nous ne sommes selon lui pas faits pour durer.

Je lui explique qu'il faut qu'il prenne le temps de réflechir à ce qu'il veut.

Je lui dis aussi qu'il me donne l'impression qu'il est sur la défensive et qu'il est tellement persuadé que je vais le tromper qu'il me pousse encore et encore pour que je craque et que je l'envoie chier et que je le quitte avant que je ne fasse quelque chose d'irréparable.

Je ne sais pas quoi penser vraiment.

Tout ce que je sais c'est qu'il me faut une vie. Quelque chose. Un but.

Je ne peux pas rester enfermer dans cette relation, je ne peux pas baser mon existence entière là-dessus.

Je ne sais pas ce qui va arriver de nous, mais je pense que je ne peux pas faire grand chose, que les cartes ne sont pas entre mes mains.

Mais je peux en tout cas tout faire pour que moi, au final, je m'en sorte.

Je ne veux plus baser ma vie sur les autres, je ne veux plus donner ce pouvoir à qui que ce soit. Il n'y a que moi qui peut m'aider et personne d'autre.

Je ne pensais pas en arriver ici avec T. A me dire que c'est peut-être la fin.

Est-ce que rien n'est vraiment fait pour durer ? Est-ce que la vie est si cynique que ça ? Est-ce que rien ne vaut vraiment la peine ?

A quoi bon alors ? A quoi cela sert ? Nous traversons la vie dans quelle but ? Faire des rencontres et s'attacher pour mieux en souffrir ?

J'ai cette désagréable pensée depuis un bon bout de temps que si la vie s'arrêtait, là, maintenant, et bien cela ne serait pas si grave.

Et ce n'est pas comme ça que je veux vivre ma vie.

Je ne veux pas juste avancer sans me soucier du lendemain.

Je ne veux pas vivre en me disant que si demain ne vient pas, ce n'est pas si grave après tout.

Je ne sais pas. Je suis vidé à nouveau.

F.