- Manon, on déménage.
Sur le coup, j'ai pas tout de suite compris. J'ai dévisagée ma mère, en me demandant ce qu'elle racontait. Puis, j'ai compris, et j'ai éclaté de rire.
- AhAh ! Tu sais que t'as failli me faire peur, là ? ai-je lâché, en m'asseyant à table avec eux.
Il y a eu un grand silence, durant lequel même ma sœur n'a rien dit. Je les ai regardés en levant les yeux au ciel.
- C'est bon, pas la peine de jouer la comédie avec moi, je ne tomberai pas dans le panneau vous savez.
J'ai commencé à me servir sous des regards pesant.
- Bon c'est bon là, c'est désagréable de sentir trois paires d'yeux fixés sur sois !
- Manon, j'étais on-ne-peut-plus sérieuse. On déménage réellement. Je suis vraiment désolé, je sais qu'en plein milieu de l'année du brevet ça ne se fait vraiment pas mais je suis persuadé que tu arriveras à rattraper et à te mettre à leurs niveaux en deux temps trois mouvement, tu es bonne élève et...
- Maman, l'ai-je coupé anxieusement, arrête là tu vas trop loin dans ta plaisanterie !
- Mais elle ne plaisante pas, est intervenu mon beau-père. J'ai été mutée et nous n'avons pas le choix. J'ai proposé à ta mère de rester ici mais elle a catégoriquement refusé...
Commençant à légèrement paniquer, j'ai tourné la tête vers ma sœur. Elle ne disait rien, contemplais son assiette un air étrangement grave sur le visage. Pas un trait de son visage ne trahissait le fait qu'ils mentaient, pas un coin de sa bouche n'était relevé parce qu'elle était prête à éclater de rire.
- Attendez, ai-je demandé. Vous êtes entrain de me dire... de me dire qu'on déménage ? Pour de vrai ? Et que je vais changer de collège ? Et... Et que ce n'est pas une blague ?
Ils ont hochés la tête, et j'ai senti la colère commencer à monter. Ils se foutaient de moi, là ?
- Non mais vous êtes sérieux là ? ai-je lancé sèchement, retenant tout ce qui bouillonnait en moi. Est-ce que vous vous rendez compte de ce que vous insinuer ? Vous pensez réellement que je vais quitter toute mes amies alors que c'est notre dernière année ensemble, que je vais débarquer dans un collège pourri que je ne connais même pas avec des inconnus et que je vais finir mon année là-bas ? Mais enfin qu'est-ce qu'il vous prend ? Je croyais que vous étiez attaché à cette ville et que vous ne la quitteriez pour rien au monde ?! On a tout ici ! Notre famille, nos amis, vos boulots, nos écoles, notre maison !
- Justement, chérie. Georges a été muté, donc son boulot, il n'est plus ici maintenant. Nous n'avons pas le choix. S'il refuse, il se retrouvera au chômage. Et nous ne pouvons pas nous permettre de nous passer d'un salaire...
- Mais ils n'ont pas le droit de lui faire ça ! ai-je protesté. ''VOUS n'avez pas le droit de me faire ça !!
- Ecoute, ne complique pas les choses tu veux ? Tu crois vraiment que ça nous fait plaisir à nous, de tout quitter ?
- En tout cas, ça n'as pas l'air de vous traumatiser plus que ça ! Et puis attendez, tu n'as pas dit que nous, on pouvait rester ici ?!'' ai-je lancé à l'intention de Georges.
Le visage de celui-ci c'est assombri.
- Si.
- Manon, c'est mon mari ! Il est hors de question que nous vivions à 400 kilomètres l'un de l'autre ! s'est énervé ma mère.
- Ah ouais ? Et tu préfère foutre en l'air ma vie ?!
- Arrête un peu tes idioties tu veux ! Ce n'est pas foutre en l'air ta vie que de déménager ! Regarde-moi, je n'en suis pas morte ! Les amies, ça va ça vient, tu t'en feras des nouvelles. Tu aurais bien été obligée de te séparer d'elles un jour ou l'autre de toute manière. Tu entre au lycée dans six mois !
- Justement ! Je comptais profiter du temps qu'il me reste avec elles ! Et puis franchement, tu crois que je vais les remplacer aussi facilement ? Je ne suis pas toi !
Les larmes ont commencé à couler quand je me suis aperçu de tout ce que j'allais quitter. Et en plus de tout ça... Michaël.
- Je vous déteste.
Je l'ai lâchée calmement, en comparaison aux cris d'avant. Je suis monté dans ma chambre en claquant la porte, et j'ai mis ma chaine-hifi à fond.
Et voilà comment je me retrouve en larme à tout raconter ici...