Ma vie.

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Sommaire

FICTION

29 juillet 2014 à 18h01

Ce matin là, je ne me sentais pas bien. A peine réveillée, une sensation de mauvaise humeur me prit à la gorge. Je détestais ce genre de réveil. Mes lapins, Jason et Lucky, mordaient à leurs barreaux pour être nourris et, en bas, j'entendais mes cochons d'Inde appeler. Je réprimai un grognement et me levai de mon lit, enfilai un jogging, remplis la gamelle de mes lapins d'extrudés et descendis les escaliers, la musique à fond dans les oreilles.

- Bonjour ma chérie, sourit ma mère quand elle me vit entrer dans la cuisine.
- Salut, grognai-je en baissant le volume de ma musique.
- Bien dormis ? me demanda-t-elle.
- Bon, maman, je suis pas de bonne humeur là, soupirai-je.
- Oh, excuse moi, répondit-elle, visiblement agacée.

Je levai les yeux au ciel, exaspérée, et me dirigeai vers mes cobayes. Charly, un mâle de 2 ans, s'approcha de moi en trottinant, suivit de près par Mia et Abby, deux femelles d'1 an. Dans la partie gauche de l'enclos, Kim et Frisson m'attendaient à côté de leur gamelle, tandis que Aïcha et Maggy mangeaient paresseusement du foin. Je remplis leur gamelles d'extrudés puis allai préparer leur légumes. Je donnai leur gamelle aux deux groupes de cobayes ainsi qu'à mes lapins, puis allai donner ses extrudés à mon hamster Sybérien, Karly. Je remplis la gamelle d'eau de ma chienne, Nicky, une bergère Belge, puis remontai dans ma chambre sans un mot pour ma mère. Je me recouchai dans mon lit quand mon téléphone sonna. J'étouffai un juron et décrochai sans même regarder le nom de la personne qui osait me déranger un dimanche à 8h du matin.

- Allô ? dis-je en soupirant.
- Coucou ma belle, chuchota Caroline d'une voix ensommeillée.
- Salut chérie, répondis-je.

Un sourire léger vint se dessiner sur mon visage et une sensation de bonheur se faufila dans le creux de mon estomac. Caroline avait réussi a enlever ma mauvaise humeur en trois mots seulement.

- Comment vas-tu ? reprit-elle, toujours en chuchotant.
- Bien et toi ? Il y a un problème ? Pourquoi appelle-tu si tôt ? répondis-je.
- Non, tout va bien. J'avais juste envie de te parler. J'ai rêvée de toi, tu sais.
- Une minute, dis-je.

Je me redressai dans mon lit, mis quelques coussins dans mon dos, remontai la couverture jusqu'à mes épaules et repris mon GSM.

- Je t'écoute, souriai-je.

Elle me raconta son rêve en détail et, pendant ce temps, mes pensées s'envolèrent. Je repensai à notre rencontre, à notre premier baiser, à nos premier " je t'aime ". Je repensai à tout ce qu'on avait partagées en seulement deux mois de relation. Je projetai mon futur avec elle tout en écoutant sa voix cassée par le tabac me parler de son rêve si beau, si irréel et si magique. J'en eu les larmes aux yeux, et je reniflai discrètement.

- Mais ... Tu pleure, ? s'interrompit Caroline.
- N-Non, t'inquiète, tentai-je de la rassurer.
- Ben pourquoi tu pleure, mon amour ? s'inquiéta-t-elle, et sa voix se fit douce comme du miel.
- J'en sais rien ... Je pensais à nous et ... Et je suis si heureuse d'être avec toi, si tu savais ... Je t'aime tellement, Caro' ...
- Moi aussi je t'aime, Peg' ! Allez, ça te dis qu'on se voient tantôt ?
- Oui ... Merci mon ange. Au parc à 10h ?
- Génial. J'ai quelque chose d'important à te dire, me dit-elle, et je sentis dans sa voix ce petit sourire coquin qu'elle faisait quand elle savait qu'elle provoquait de la curiosité, et qui me faisait tant craquer.
- C'est à dire ? demandais-je en me crispant.

La dernière fois que quelqu'un m'avait dit ça, c'était mon ex, et c'était pour m'annoncer qu'il me quittait.

- Ne t'en fais pas, ce n'est pas par rapport à notre couple. C'est à propos de moi, me rassura-t-elle aussitôt.
- Explique, implorai-je.
- Tantôt, tantôt.
- Hummm, cédai-je.
- Allez, au parc à 10h ! s'exclama-t-elle avant de raccrocher.

Je posai mon téléphone sur ma poitrine et soupirai. C'était la première fois que je sortais avec une fille, et c'était ma plus belle relation. Je n'avais jamais été si fusionnelle avec un garçon. Je me penchai au bord de mon lit et pris Lucky en évitant soigneusement ses coups de pattes. Je le serrai contre moi et il se détendit en même temps que moi. Je le remis dans son enclos après lui avoir déposé un bisous entre ses deux oreilles pendantes. Je me levai de mon lit et me dirigeai vers ma garde-robe. Après quelques minutes de réflexions, j'optai pour un jeans, un débardeur jaune et une chemise transparente blanche. La tenue que je portais le jour de ma rencontre avec Caroline. Je l'enfilai puis me maquillai. Enfin, je pris ma brosse et peignai mes courts cheveux bruns foncés. Mes cheveux m'arrivaient aux épaules, mais ceux de Caroline étaient bien plus courts. J'adorais sa coupe. Elle avait de beaux yeux bleus, qui tiraient vers le gris quand ils étaient en pleins soleil. Elle avait des traits des garçons, et s'habillait, marchait et parlait d'ailleurs comme tel. Elle portait tout le temps une grosse chaîne en métal grise. Elle était très masculine, alors que j'étais très féminine. On étaient les parfaits opposées. Et pourtant, je n'avais jamais autant aimée.

- Peggy ?

La voix de ma mère me fit sortir de mes pensées.

- Oui ?
- Tu dors ? me demanda-t-elle en ouvrant la porte de ma chambre.
- Non non. Caro' a appelée, elle veut qu'on se voient à 10h, répondis-je.
- Ah. D'accord. C'est bien.
- Ouais.

Un silence gêné s'installa entre nous. J'ouvris la bouche pour parler mais elle me devança.

- Tu sais, Peg', tu vas avoir 15 ans demain, alors tu es libre de voir qui tu veux. Et tu as l'air de bien l'apprécier, cette Caroline. Mais tu me la présentera, un jour ?
- Maman ... soupirai-je.
- D'accord, d'accord, j'ai rien dis. Mais si elle veut venir demain à ton anniversaire ... Elle est la bienvenue.
- Sérieux ?! m'étonnai-je en ouvrant des yeux ronds.

Demain, toute ma famille allait venir à la maison pour fêter mon anniversaire. Jamais je n'aurai imaginer que ma mère propose d'inviter Caroline ! Je me retins de lui sauter au cou. Elle ne savait pas que je sortais avec Caroline, je devais la jouer cool.

- C'est super gentil, repris-je, mais je pense qu'elle a des trucs à faire, demain.
- Ah, dommage.
- Mais je lui dirais, on verra bien.
- Oui, bonne idée.

Je lui souris.

- Bon, je vais allez manger, on a rendez-vous au parc, dis-je en sortant de ma chambre.
- Tu pourrais prendre Nickyta avec toi ? Je ne l'ai pas encore sortie.
- Ouais, OK.

Je descendis les escaliers quatre à quatre et entrai dans la cuisine. Ma chienne m'attendait, assise devant la porte.

- Attend Nicky, on part pas maintenant, souriais-je.

Je jetai un coup d'oeil à l'heure : 9h. J'avais largement le temps de manger. Je me préparai un milk-shake banane-fraise et le bu en regardant distraitement la télé. Abby se mit à crier et je la prit dans mes bras quelques minutes. En la reposant, je jetai un coup d'oeil à mon orchidée noire, posée sur la table. C'était le premier cadeau que Caroline m'avait offerte, j'y tenais comme à la prunelle de mes yeux. Mes yeux se posèrent sur l'horloge juste au dessus et je sursautai en voyant l'heure : 09h50

-Nickyta ! criai-je en sortant du salon et en prenant sa laisse au passage.

Ma chienne sauta de son panier, posé dans la véranda, et déboula dans le couloir, son os en plastique encore dans la gueule. Je le lui pris et le jetai dans le hall avant de refermer la porte derrière nous.

Fiction chap 2

8 août 2014 à 23h54

J'arrivai au parc avec 10 minutes de retard. Caroline était là, assise dans l'herbe, dos à un arbre. Je restai là quelques minutes, à une vingtaine de mètre d'elle, à l'observer. Nickyta finit par tirer sur sa laisse, me tirant de ma rêverie. Caroline se retourna en m'entendant arriver, et son regard s'illumina.

- Coucou ! dit-elle d'un ton enjoué en se levant.
- Salut ! répondis-je sur le même ton.

Caroline caresse Nickyta qui lui lécha la main en guise de bonjour, puis elle me prit dans ses bras et m'embrassa doucement.

- Tu voulais me dire quelque chose ? demandai-je une fois que le baiser fut fini.
- Oui, mais je sais pas trop comment tu vas le prendre, répondit-elle en me regardant dans le blanc des yeux.

Je m'assit face à elle et arrachai une touffe d'herbe.

- T'as braquée une banque ? Tuée quelqu'un ? T'as quelqu'un d'autre dans ta vie ? Tu ne m'aimes plus ? dis-je à toute allure, ne voulant même pas imaginer ce que je disais.
- T'es bête, sourit-elle. Non, je n'ai rien braquée, je n'ai tuée personne, je n'ai que toi dans ma vie et je t'aimerai toujours.
- Ben je vois pas alors, déclarai-je, légèrement soulagée.

Caroline se racla la gorge, hésita, se tortilla, fuit mon regard et finit par déclarer d'une voix hésitante :

- Je ... J'aimerai annoncer à mes parents que je suis homo.

Tout mon corps se décontracta et je repris ma respiration, que j'avais retenue jusqu'ici sans m'en rendre compte.

- Oh, ce n'est que ça ! m'exclamai-je.
- C'est important pour moi, dit Caroline en fronçant les sourcils.
- Excuse-moi, c'est pas ça que je voulais dire ! m'empressai-je de m'excuser.
- C'est rien ... Ecoute, je ... Je vais pas y arriver seule. Tu sais que mon père est très coincé, et je sais pas comment il va réagir.
- Oui, je sais ... Et tu veux faire quoi ?
- J'aimerais ... le mettre devant le fait accompli.
- C'est à dire ? demandai-je en fronçant les sourcils.
- J'aimerais te présenter à mes parents.

Mon regard se figea. Avais-je bien entendu ?

- Quoi ? demandai-je, abasourdie.
- J'aimerais te présenter à mes parents, répéta Caroline.

Je détournai le regard et gardai le silence durant de longues secondes. Des centaines d'images, de phrases, de questions tournaient dans ma tête. Puis un sourire se dessina sur mon visage, un sourire que je ne pu réprimer. Un large sourire, franc, heureux. Je me retournai vers Caroline, qui me regardait d'un air interrogateur.

- Tu es sûre de toi ? demandai-je,