Les sursauts

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Archive du journal au 11/10/2018.

Sommaire

Adieu

23 avril 2016 à 22h24

Hier, j'ai quitté Marie.

Le sacré se métamorphosait doucement en futile.

Nous avions rendez-vous au Télescope dans l'après-midi. Je la quitterais si elle commande un café.
J'ai quitté mon appartement avec deux lettres en main. La première consistait à une lettre d'amour que je lui avais écrite lorsque nous nous sommes rencontrés, la deuxième était une lettre d'adieu.

J'ai déambulé les rues, m'enfargeant dans mes incertitudes. Arrivé au Télescope, j'ai retrouvé Marie. Elle m'attendait depuis une quinzaine de minutes.

Les commandes de Marie dépendaient toujours de son humeur: un latte lorsqu'elle était gaie, un cappuccino lorsque la mélancolie la gagnait, ou un espresso macchiato lorsqu'elle était en colère.

Évidemment, Marie a commandé un latte. Je l'ai quittée et je lui ai remis la lettre d'adieu. J'ai payé sa commande puis je suis rentré chez moi.

Je ne m'intéresse pas à la résurrection d'un amour. Je préfère recommencer. Je préfère la mort, puis la naissance, peut-être.

Agnès

19 mai 2016 à 20h25

Je me baladais sur l’avenue des Champs-Élysées, et j’ai fait une rencontre.

Je ne suis pas familier avec les abords et, à bien y réfléchir, je n’ai jamais abordé qui que ce soit.
Toutes les rencontres que j’ai faites, des connaissances mondaines aux amours incommensurables et désarmantes, ne m’ont jamais appartenues. Je leur permets de s’approprier cette rencontre, ou, à tout le moins, de la partager avec le coïncident.

Je me promenais donc, à travers les rues, où le vacarme et le tumulte naissaient à nouveau, conséquence des jours printaniers, et j’ai reconnu cette femme que j’avais vaguement apperçue à l’anniversaire d’Alphonse, il y a de ça quelques mois. Néanmoins, de la reconnaître ainsi fût étrange car les visages ne me marquent jamais, je ne les porte pas en moi comme un prénom ou une allégorie.

Ignorant comment l’accoster, j’ai décidé de la suivre. J’ai ainsi succédé ses pas durant un quart d’heure, jusqu’à ce que l’embarras me gagne. Je me suis arrêté, à la demande de ma conscience qui m’implorait de m’immobiliser.
Cette m’avait entendu, durant la traversée de cet itinéraire dont j’ignorais le lieu de départ et de destination, car elle s’est précipitamment retournée vers moi lorsque je me suis arrêté.

Elle m’a curieusement invité dans son appartement. De la musique classique jouait, j’ignore qui était le compositeur, je n’ai pas osé lui demander, et elle m’a servi du thé au chaga. Nous nous sommes vaguement présentés (elle s’appelle Agnès et elle aura bientôt trente ans) et nous avons discuté de cinéma (elle apprécie les films de Jean-Luc Godard et de François Truffaut.)

J’ai passé ainsi quelques heures en sa compagnie et je suis ensuite rentré dans mon appartement qui semblait avoir perdu ses couleurs. Cette rencontre était plaisante, je ne m’en retrouve toutefois pas renversé, mais mes amours ne prennent jamais vie spontanément, je dois y mettre du temps.

Marie

31 mai 2016 à 16h25

J’ai détruit nos rêves avec les armes du hasard. L’apathie m’a arraché de toi. Je me suis retrouvé contraint à une période dénuée d’affectivité. Tu m’étais achromatique. Tu m’étais insipide. Tu ne m’étais tout simplement plus. L’embarras me gagne en te caractérisant de cette manière. Ton essence repose justement dans tout ce qui est extérieur à l’insipidité. Ton essence repose dans le sublime.
Cette lacune d’affectivité a altéré non seulement ma perception, mais mon entendement du monde. En cette circonstance, la malveillance, et notamment le médiocre, m’ont aussi gagné. La cruauté s’avérait une opportunité miraculeuse pour renaître.
Je t’ai été infidèle. Je n’en ai pas ressuscité. J’en suis mort.

Nous nous retrouverons dans l’incommensurable et le grandiose.
Nous nous retrouverons là où nous avons toujours été.