Si je devais t'écrire

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Archive du journal au 11/10/2018.

Sommaire

Chère grand-mère,

2 novembre 2014 à 0h20

Mamie,

Je ne t'ai pas connu, je n'ai jamais pu te voir. J'ai jamais rien pu faire avec toi. Alors que d'autres ont pu profiter de ta présence, qui n'ont peut-être pas apprécié à sa juste valeur.
Je n'ai pu avoir que des éloges de ta personne. Enfant, j'ai rêvé de t'envoyer une lettre au paradis, la donner à un petit Cupidon. J'ai rêvé de cela pendant des années en pensant à des stratagèmes pour t'envoyer cette lettre. Je me suis dit que si je volais, j'aurais pu te la donner en mains propres. Que si je mourrais pendant quelques secondes, j'aurais pu te l'envoyer et puis qu'on me réveille juste après.
J'aurais pu savoir ce qu'il y avait de l'autre côté. Savoir si il était vrai que tu jouais avec les nuages, que tu jouais aux cartes comme le disait maman. Je voulais savoir si tu y étais bien...
Avec le temps, j'ai mûri et j'ai appris ce qu'était un cimetière. Et devant ta tombe, je priais si fort, je serrais mes mains si fort et je parlais si fort dans ma tête que je pensais que tu m'entendais.
Et maintenant je me dis, que t'es un peu comme la tête du bébé dans le soleil du dessin-animé Teletubies. Je me dis que tu dois veiller sur moi, que ta vie n'a pas pu s'arrêter là. Ce n'est pas possible, pour quelqu'un qui mérite plus que le paradis.

De peu j'aurais pu être dans tes bras, avoir une grand-mère aussi formidable pendant au moins quelques minutes. Je me dis que c'est la loi de la nature : une personne meurt pour laisser sa place à une personne qui naît. Donc je ferais en sorte d'être reconnaissante de la chance de pouvoir vivre.

Ce que je regrette, c'est de ne pas avoir pu te parler, avoir tes conseils. Savoir que tu étais quelqu'un de droit, qui aimait la vie plus que tout, qui avait tout le temps quelque chose à faire, sévère mais aimante. C'est ça qui me tue. Car je me vois en toi. C'est sûr on aurait eu des prises de bec, mais ma mère a manqué d'un exemple pour m'élever et moi j'ai manqué d'une grand-mère pour m'apprendre les choses de la vie. Il y a des choses qui je pense n'auraient pas eu lieu, que je n'aurais pas eu à regretter. Et d'autres où tu m'aurais épaulé. Peut-être ai-je une vision idéaliste, mais j'aurais voulu avoir l'occasion de croiser ton regard, que tu me prennes par la main, qu'on fasse des gâteaux ensemble, que tu m'apprennes à faire de la balançoire, que tu me raisonnes sur mes relations amoureuses.

On m'a souvent dit :" Ce sont les meilleurs qui partent en premier"... Je crois que cette phrase s'applique à toi. J'ai envie de te dire "désolé". Je suis désolée.
Désolée, si je t'ai déçu. Désolée, que tu sois partie si tôt.

Je me demande souvent comment tu me trouverais. Est-ce que tu serais fière ? Est-ce que tu aurais honte ?
Puis est-ce qu'on aurait été complice ? Comment tu trouverais ma soeur ?

Et ce qui me fend le coeur, c'est le fait que tu as dû t'imaginer grand-mère et avoir tes petites-filles autour de toi. J'aurais aimé être là à cet hôpital et te crier : "BATS TOI". Te donner ma force pour que tu survives, et que tu battes une seconde fois ce cancer de merde. J'ai mal, j'aurais voulu qu'on en fasse plus pour toi, qu'on te booste, qu'on se batte pour toi aussi. Je me dis qu'on t'a abandonné car ils pensaient que tu vaincrais une seconde fois ce cancer.

Tu ne méritais pas ce sort. J'espère juste que tu joues à saute-mouton avec mon chien et mon chat dans les nuages.

Ta petite-fille.

Cher Q.

2 novembre 2014 à 16h54

Cher Q,

J'ai voulu t'écrire cette lettre depuis un long long moment. Et j'ai jamais réussi, ahah. Pourtant il y avait tant de choses à dire : des incompréhensions, de la colère, de la tristesse, un manque ...
Quand je repense à notre nous, à notre petite histoire, ben ... C'était vachement sympa. Et quand je dis ça, j'ai l'impression d'être ridicule. Car un mois auparavant j'aurais dit que tu étais la personne de ma vie, celui avec qui j'aurais voulu faire ma vie.

Je ne vais pas repenser au passé, enfin pas aux mauvais moments, à tes paroles sans actes et sans fondements, non... Ou peut-être est-ce la dernière fois. Car je crois bien que cette lettre est mon deuil de tout espoir que j'ai pu avoir pour toi et moi. Mon deuil pour notre nous, pour toi. C'est sur j'ai notre photo devant moi et j'essaie de voir si je ressens quelque chose. De la mélancolie peut-être ? Que c'est regrettable que ça se soit arrêter ainsi, aussi bêtement, aussi impromptue. Mais ainsi va la vie.

Il est vrai je mets tout sur le dos de : la vie. Pour moi, c'est le destin. On était sûrement pas fait l'un pour l'autre : trop gros caractère, trop de distance, trop d'amour peut-être ...
Je commence à me souvenir, me rappeler de nos moments passés. Est-ce que je me fais tout un album ? Que je m'en rappelle une dernière fois puis que j'oublie tout une bonne fois pour toute ?

C'est sûr, il y avait de l'amour. La première fois que tu es venu, j'ai pas assumé. Je voulais pas qu'on soit ensemble, car je savais que j'allais finir par vraiment m'attacher à toi. Et puis ces petites attentions, c'était adorable. C'est ça qui m'a fait changé d'avis. C'est pas le fait qu'on se soit éclaté au lit, c'est le fait que pour la première fois j'avais l'impression qu'on se souciait vraiment de moi.

J'ai quelques larmes, car au fond, je regrette que nous deux on n'aie pas eu notre chance. Mais c'est la vie, je m'y ferais.

Puis le "je suis amoureux de toi", je l'avais jamais entendu. On me l'avait déjà dit par messages mais en vrai ? Non ...
C'était dans le noir c'est sûr, mais je savais pas quoi dire. J'ai eu peur. Pour moi, c'était beaucoup trop tôt et je me suis dit que tu te jouais de moi. Mais au fil du temps, tu m'as montré le contraire.

Même si parfois tu m'exaspérais, que tu m'avais déçu, je suis restée. Car au fond même si je le niais, je t'aimais.
Je t'ai montré qui j'étais vraiment, derrière cette carapace il y avait ce coeur super vulnérable. Puis t'es revenu une semaine. Une semaine où j'étais heureuse. Vraiment heureuse.

Il y a des souvenirs qui commencent déjà à passer à la trappe. Mais c'est un sentiment global : être heureuse. J'avais la certitude qu'on aurait pu faire tellement de choses ensemble. J'avais déjà des minis projets : Jeff Panacloque, Paris à Noël.
Mais surtout celui de pouvoir vivre ensemble. Et c'est là où je t'ai dit que j'étais amoureuse de toi.
T'embrasser une éternité ne me dérangeait pas, surtout en public. Car j'étais tienne et tu étais mien. On se fondait l'un dans l'autre comme une seule et même personne. J'ai comme un défilé d'images rapide : restaurant, coucher de soleil, vélo, lingerie, dernier repas, sexe, bracelet, piscine, cascade, shopping, amour.
Mais celui qui reste le plus ancré et celui quand tu es parti. J'étais super mal. Tu sais pourquoi ?
Parce que j'avais cette forte impression qu'on se reverrait plus. Et n'avais-je pas raison ? Je te l'avais dit, ce sont des pressentiments qui se sont réalisés.

Je n'ai jamais pu te revoir. Jamais.

Après cela, j'ai commencé à me détacher, à me demander si je t'aimais encore. Et puis tu as dû le sentir... Tu m'as vu partir et je te mentais en disant que tout allait bien. Quand tu as vu les photos, tu as dû te dire :" Assez !"
Normal ... J'aurais fait pareil. Tu es parti, et j'ai eu comme un violent coup de poing en pleine face. Et par cela, je me suis rendue compte j'étais vraiment, vraiment amoureuse de toi et que je m'étais juste perdue.

Après tu n'as pas voulu revenir en arrière. Tu nous as mis un grand point "final". Plusieurs fois j'ai rêvé que tu effaces ce final. J'ai rêvé que tu me parlais, que tu m'embrassais, que tu me fasses l'amour. Puis à un moment donné, j'ai pensé être guéri et après t'avoir eu au téléphone en larmes, je suis partie. Partie voir ailleurs.

C'est pas de la tromperie, mais après ça je me suis sentie mal. Car cette partie de jambes en l'air était loin de ce que j'avais vécu au lit avec toi. Je l'ai vécu comme une vengeance ... Normalement ça aurait dû être une vengeance contre toi mais elle s'est retournée contre moi. Car je me suis sentie très malheureuse. Et je t'ai envoyé un message...

Nos conversations ont duré quoi .. Une semaine jusqu'à qu'on se reprenne la tête. Et là je te reparle...

Je te reparle mais pas avec le même but. Je te parle parce que je veux être ton amie. Je me dis qu'on mérite tous les deux d'être heureux. Donc je fais un travail sur moi ... Je me dis que tu dois vivre ta vie, que je n'en fais plus du tout parti. Enfin j'essaie quand même d'avoir une place en tant qu'amie. C'est sûr, c'est dur d'être relayer au rang d'amie. Mais j'avais un bon feeling avec toi et j'avais pas envie de le perdre.

C'est sûrement une erreur, car d'un côté je ne supporte pas de ne pas avoir le Quentin que j'ai aimé.
Mais la vie est une évolution, et nous évoluons en même temps.

Je force alors mon coeur à te laisser partir, à aller copuler, t'enticher d'une autre fille qui peut-être te rendra plus heureux.

Je te souhaite et je me souhaite de trouver le bonheur, enfin.

Une amie.

Cher Q.

1 décembre 2014 à 12h30

Tu me trouveras stupide sûrement, tu liras sûrement ce mot avec de la méprise.
Que veux-tu ? J'ai essayé de me séparer de toi, j'ai pas été totalement honnête avec toi. En fait je sais plus vraiment à qui je m'adresse car avec le temps, je ne sais plus qui tu es, et qui je suis. Je t'ai menti et tu m'as sûrement menti alors qu'avant on se disait tout ... Aucun tabou, alors que maintenant il y en a pleins. Conversations fades et sans intérêts.
Je dirais pas que je suis perdue, car j'ai des projets, j'ai des envies et j'ai des sentiments.
J'ai appris que tu étais avec elle, enfin pas explicitement.. Juste une photo de toi avec elle. Pour moi, ça veut tout dire.
Déception. Mais j'en étais sûre, c'était bizarre que tu coupes d'un coup tous les ponts, que tu ne veuilles pas me voir... Il se tramait quelque chose et je ne m'en suis pas rendue compte tout de suite.
La seule chose que j'ai remarqué c'était que tu jouais avec moi et je mérite pas ça, car j'étais vraiment en or. Tu le sais. T'as jamais eu à te plaindre, avec moi tu as été plus que surpris.
T'as été ébloui par l'amour qu'on pouvait donner à une personne. Je t'ai appris à prendre des responsabilités, à t'assumer et à devenir un jeune homme.
Je t'aurais au moins offert la chance de voir ce que c'est que l'amour. Car tu verras... Avec elle, ça sera tout autre chose. C'est pas méchant, ni gentil mais réaliste. Je ne me vends pas en disant ça, car de toute façon je ne veux plus de toi (même si tu me manques terriblement, enfin nos souvenirs me manquent). Mais dans deux mois, tu verras par toi-même que ta nouvelle relation ne vaut pas celle qu'on a vécu. Bien évidemment tu la verras plus que moi auparavant. Mais tu comprendras le mauvais choix que tu as commis.

Tu sais ce qui me fait mal ... c'est le regard que tu lui portes. J'ai bugué sur la photo pendant deux secondes .. Et je l'ai vite supprimé. Maintenant je dois faire avec le fait que tu en aimes une autre. Tu sais, tu m'avais dit qu'elle appartenait au passé, en fait tu m'avais menti ... Un énorme mensonge. Mais tu verras, il ne faut jamais remuer le passé, tu l'apprendras à tes dépends.

Donc pour moi, ce que je garderais de toi ce seront nos souvenirs qui ... Peu à peu s'effaceront ... De toi, je ne veux plus rien, je ne demande plus rien, je n'attends plus rien. Je veux t'oublier définitivement.