Tout à l'heure, en rangeant les assiettes dans le lave-vaisselle, je me suis souvenue d'un anniversaire auquel j'étais invitée. J'étais un peu gênée ce jour-là, car il y avait des garçons et il faut dire qu'à treize ans (enfin vers ces eaux-là, je sais plus trop) je n'étais pas très à l'aise avec eux.
C'était l'anniversaire d'une amie. Maintenant, je n'ai quasiment que des amis plus jeunes que moi mais à l'époque mes amis avaient mon âge (ou un an de plus, comme j'ai sauté une classe). Je n'en avais pas beaucoup mais j'en avais. Certes, quelques uns n'étaient pas toujours très gentils avec moi mais bon, c'était mes amis quand même.
Je me souviens de ce moment où la fille qui fêtait son anniversaire m'a demandé à moi, une invitée, de filmer le moment où elle souffle sur les bougies en compagnie de tous ses amis. Sur le coup, je n'ai pas vraiment réfléchi à la situation (j'étais un peu frustrée quand même mais sans plus), mais c'est au fil du temps que j'ai réalisé à quel point c'est humiliant de ne pas être considérée comme une invitée comme les autres.
Quand je me plains de cette manière, j'ai vraiment l'impression d'exagérer. Mais vu ce qu'il s'est passé vendredi dernier je pense que j'ai mes raisons.
En effet, si cet anniversaire date de plusieurs années maintenant (à la réflexion, je devais avoir quinze ans en fait... oh et puis zut, je sais plus), j'ai vécu une situation similaire pas plus tard que la semaine dernière. Je sortais du cours de philo, à treize heures, comme tous les vendredis. J'allais à l'endroit habituel, où je retrouve tous mes amis, sauf que (comme ça peut arriver quelquefois) personne n'était là. Cinq minutes plus tard, je vois l'une d'entre eux, qui me dit qu'ils sont tous dehors, dans la cour réservée aux collégiens (sauf que comme je suis au lycée, je ne suis pas censée y aller). Je lui demande si elle veut bien rester avec moi pendant que je mange mon sandwich, elle refuse. N'aimant pas manger toute seule (surtout un sandwich, je dois être la seule du bahut qui fait ça dans les couloirs) je me décide à l'accompagner.
Je rejoins donc quelques amis, près des vestiaires. Par chance, c'est un endroit où les lycéens peuvent aller, enfin s'ils ont EPS uniquement. Mais passons.
La plupart des amies présentes ont leur portable. L'une d'entre elles décide de faire une photo de groupe.
À qui demande-t-elle de prendre la photo ?
À moi.
J'ai refusé, essayant tant bien que mal de lui faire comprendre que moi aussi, je fais partie du groupe, et que j'aimerais bien apparaître sur la photo, à leurs côtés.
Au final, je suis allée vers d'autres amis qui n'étaient pas loin, au soleil. Je ne sais même pas si cette photo a été prise. Toujours est-il que l'on ne m'a pas proposé d'en faire partie.
Je me suis sentie mal. J'ai vu que rien n'avait changé. Je ne me suis pas souvenue directement de cet anniversaire mais je me suis souvenue de ce que ça provoquait. Un sentiment de solitude. Très désagréable.
Ils restent mes amis, malgré tout. Je ne vais pas faire une scène pour ça, j'en ai déjà fait une l'année dernière, on m'a prise pour une hystérique avant que tout rentre dans l'ordre, comme si jamais rien ne s'était passé.
Mais honnêtement, j'aurais de quoi en faire une. Je me suis toujours inquiétée pour eux, quand ils avaient des problèmes. Je les ai toujours aidés à les régler.
Et moi ? Personne ne m'a jamais aidée à les résoudre. Alors ok, quand je me mets à pleurer, on vient vers moi, mais quand j'ai les larmes aux yeux, que je dis malgré tout que ça va alors que non, ça ne va pas, alors tout va bien pour eux. Je suis certes un peu pudique mais eux ne sont pas aveugles, que je sache.
En écrivant cela, je me suis souvenue d'autre chose. C'était l'année dernière, en 1ère, quelques jours avant le cross de l'établissement. Comme j'arrive tous les ans en dernière position à cause de mon manque d'endurance, je trouve ça un peu gênant d'y participer donc dès que j'en ai l'occasion, je sèche la journée entière. Mais cette année-là, c'était l'année de mon redoublement. Et toute personne absente le jour du cross verra sa classe pénalisée au classement.
Quelques camarades de classe m'avaient donc demandé d'y participer malgré tout.
D'un côté je ne voulais pas les décevoir, mais d'un autre je ne voulais pas me sentir humiliée en voyant les garçons déjà prêts à partir alors que j'arrive à peine (c'est vraiment flippant).
J'en ai parlé à deux de mes amis.
→ Le premier m'a coupé la parole en me racontant ses problèmes, qui n'étaient au final pas plus intéressants que les miens. Bonne pomme, je n'ai pas insisté.
→ Le deuxième, qui devait être de mauvaise humeur, m'a dit très clairement qu'à l'instant présent il s'en foutait un peu, que ce n'était pas son problème.
Ce sont toujours mes amis à ce jour.
Alors je ne sais pas si c'est moi qui dramatise ou s'il y a vraiment un problème quelque part, toujours est-il que cette situation me pèse et que j'aimerais bien avoir des amis - non, même un ami à qui je pourrais tout raconter, et inversement, et avec qui je partagerais mes centres d'intérêts (qui sont par ailleurs totalement inconnus de mes amis actuels).
C'est peut-être trop demander.