Marine,
La première fois que fois que je t'ai vue j'ai cru que mon cœur aller voler en éclats. J'ai pu sentir le sang battre à mes tempes. Rarement dans toute mon existence j'ai pu ressentir quelque chose d'aussi violent et déroutant à la fois.
A cet instant nous allions déjeuner avec les collègues. Afin de retrouver mes esprits je me suis placé à la fin du cortège. Tu es venue te placer à ma droite. Tu commença d'abord par me questionner. Je t'ai alors répondu de manière grossière, violente et souvent sordide.Au lieu de me fuir tu fis tinter mes oreilles de ton rire argentin.
Plus l'on discutais, plus tu me fascinais. Plus l'on parlais, plus tu me plaisais. Je fus bouleversé par ton évidente sensibilité. Je fus tétanisé par ton regard ô combien tendre. Tu as pu me faire perdre toute contenance. Rares sont les personnes que je laisse me toucher, mes réflexes d'enfant battu resurgissent : un retrait brutal et instinctif. Pourtant je t'ai laissée me toucher. Pire encore, je me suis même surpris a chercher ton contact.
Si peu de temps t'as été nécessaire pour approcher l'homme sauvage que je suis. J'ai même cru entrevoir des rayons lumière pourfendre les ténèbres qui voilent ma vue. C'est alors que rassuré par ta présence je me mis à détacher moi même les pièces de mon armure. De mon propre chef je t'ai montré mes cicatrices encore douloureuses.
J'ai eu la sensation d'une compréhension mutuelle. J'ai eu l'impression que tu m'étais acquise. Pour ma part j'étais déjà ton captif.
Toute illusion doit avoir une fin. La fin a été aussi fulgurante que le début. Tu es venue à mon bureau. Tu as demandé à me parler. Tu as été franche et plus courageuse que je ne l'aurais été avec toi :" Je t’apprécies énormément, mais je ne veux que ton amitié, je ne veux pas te perdre."
Je me suis senti stupide, humilié et très en colère contre moi même. J'aurais dû être plus vigilant. Je ne peux pas t'en vouloir. Personne ne peut en vouloir une autre personne pour ce qu'elle ressent, ça ne se contrôle pas. J'aurais du te remercier pour ta bienveillance. Tu m'a achevé de manière digne tout en limitant ma souffrance.
C'est alors que tel un animal blessé je t'ai attaqué. Par instinct de conservation je t'ai enfoncé mes crocs là ou ça faisait le plus mal. Je voulais que tu me fuies. Je voulais que tu ne m'apprécies plus. Il est plus facile de ne pas être aimé par quelqu'un qui ne vous apprécie pas. L'inverse est toujours source d'intenses frustrations et d'incompréhension.
Depuis je te fuis.
J'aurais aimé pouvoir lui dire cela de vive voix. Cependant, même à ce jour je doute encore de l'utilité de cet acte. J'ai déjà pensé le lui écrire, aurais cela aurait été une insulte à son courage. Le mal a été fait. Je souhaite garder cette erreur en mémoire et faire en sorte de ne plus la reproduire.