Je ne sais pas trop comment ni pourquoi j'ai décidé d'entamer la rédaction d'un journal. D'un coup, sans crier gare, c'est devenu une idée fixe, tellement obsédante que j'en ai ressorti tous mes livres "journaux intimes" qui ont bercé mon adolescence.
Des cahiers que je remplissais comme une sangsue à cette époque, il ne reste hélas plus rien. Lu un jour, par une personne que j'abbhore de surcroît, cela m'a fait l'effet d'un viol. Une intrusion forcée dans le plus profond de mon intimité. Mes plus intimes secrets se sont retrouvés salis, bafoués en quelques minutes. La honte m'a submergée, à ce moment-là, je ne pouvais plus regarder ces piles de cahiers que j'avais passé tant d'heures à remplir sans me sentir dégoûtée. Souillée.
J'ai alors choisi de tout détruire. J'ai cru à tort que je me sentirais mieux et que cela m'ouvrirais un nouveau départ dans l'écriture. Erreur. Rien n'a plus jamais été pareil.
Sauf mon gout des mots, qui est toujours resté intact au fil du temps. De toutes ces années qui se sont écoulées, ils ont toujours constitués le meilleur des refuges pour moi, mais plus souvent à travers la lecture qu'à travers l'écriture.
Même en tapant ces lettres ici et maintenant l'amertume me noue l'estomac.
Si seulement "il" n'avait pas fait ça... Je savais qu'il était irrespectueux de beaucoup de choses, que la seule personne qu'il aie jamais aimée, même s'il a prétendu le contraire pendant les septs mois qu'a duré notre relation, c'est lui et lui seul. Mais je n'aurais jamais pensé qu'il irait si loin, qu'il profiterait d'un moment d'innatention de ma part pour chercher "la cachette" et feuilleter ensuite mes carnets la nuit, à la lueur de son briquet, pendant que je dormais juste à côté de lui.
Soit. Ce qui est fait est fait. On ne peut pas changer le passé.
Il faut accepter.
Tout ça pour expliquer que je me surprends moi-même par la création de ce journal. Qui plus est en ligne.
Mais j'ai l'impression que c'est plus facile, un peu comme le disait Edgard Alan Poe : "Pour bien cacher un objet, mettez-le à la vue de tous.". L'idée que mon journal ne soit qu'un parmi des centaines au milieu d'une communauté me fait me sentir moins vulnérable, et le fait d'être lue - puiseque j'ai choisi qu'il soit public- ne me dérange pas car je ne connais pas mes lecteurs.
C'est,l'ironie du sort : je me sens protégée alors que n'importe qui peut lire, beaucoup moins exposée que si je cachais un carnet au fond de mon placard...
On verra bien!