L’immense armée des mots.

Un journal de Journal Intime.com

Archive du journal au 23/06/2019.

Sommaire

Fin de partie, Samuel Beckett.

5 septembre 2012 à 16h15

Une première lecture difficile. Impossible de me concentrer. Incapable d'accrocher. Cela me semble ne pas avoir de sens, beaucoup de répétitions, des personnages qui vivent dans une poubelle, qui n'ont rien d'attachants et l'impression qu'il ne se passe rien... Je m'ennuie.
Pièce de théâtre, qui de prime abord m'a semblé ne pas avoir été écrite pour être lu mais pour être jouer, et encore.
Mais certains mots, certaines phrases, certaines idées ont quelques temps tournoyés dans mon esprit comme égarés mais persistants, voulant à tout prix être aimé, être compris.

Deuxième lecture. Les pages défilent l'une après l'autres et les idées prennent formes peu à peu, les mots deviennent clairs, beaux, douloureusement parfois, non plus à cause d'une quelconque difficulté de ma part à lire mais par la vérité qui en découle. Cette vérité que je n'avais jamais réussis à mettre en mots.
Le non sens de la vie. Son absurdité. Et je prend conscience alors que l'ennui, l'impression d'inaction etc... de ma première lecture n'était pas une erreur, mais la base même du texte pour exprimer ce non sens.

Ce livre n'est pas le premier que j'ai lu mais c'est le premier qui a mélangé à la fois la joie et la tristesse avec une telle puissance. La joie d'avoir compris et la tristesse de ce qui a été compris, à savoir la vacuité de notre existence, que jusque là, je pensais naïvement n'être qu'un ressentit adolescent qui me quitterait avec le temps.

Avec le recul, car cela fait de nombreuses années maintenant, je me dis que ma difficulté venait du fait que ce soit une lecture scolaire. J'ai toujours aimé lire mais j'avais tendance à, comme beaucoup, ne pas vouloir faire ce que l'on me disait de faire. Par simple esprit de contradiction. Mais c'est à l'école que l'on commence à s'ouvrir au reste, si on est ne serait ce qu'un peu curieux. Grâce à certains profs aussi, qui sont passionnés et transmettent cette passion, parfois même sans s'en rendre compte.

( en cours )

Les Fleurs du Mal, Charles Baudelaire.

8 septembre 2012 à 1h08

Une expérience fascinante à tout point de vue : celui de l'esprit, celui des sens, des émotions, de l'imaginaire... Ce recueil est d'une richesse rare et pure.

Le lire m'a bouleversé.

J'aime ce mélange inhabituel des mots, alliant un vocabulaire courant à des termes plus anciens, plus soutenus et plus savants.

Dès le premier texte, le ton est donné et malgré les provocations, l'insulte, il y a une impression de rapprochement avec l'auteur, faisant de nous plus que des lecteurs : on fait partie de l'oeuvre.

Certains poèmes sont d'une violence extrême, avec des images crues, sordides. Sa poésie naît de ce terreau atroce qu'est le mal du poète, le mal de l'Homme. La dégradation par la pourriture corrode de nombreux textes, dans lesquels énormément de thèmes différents sont abordés : la solitude, l'amour, la mort, le temps, le voyage, la musique, l'ennui, la beauté etc...

Chaque texte, ou presque, est un paysage à découvrir. Parfois extérieur ( nature, ville, port...) souvent intérieur, paysages de l'esprit, rongé par ce spleen immuable. La souffrance de l'auteur est presque palpable.
On glisse d'une image à l'autre pour aller du sens à l'essence, parvenir à saisir ce qui gît sous la banale réalité.
C'est beau, effrayant et quelques fois j'ai ressentit si intensément le mal être qui règne dans l'âme du poète qu'une certaine gêne s'est emparée de moi.

Pour moi, la poésie de Baudelaire est comme une peinture ou se déploie l'imaginaire et le symbole. Des peintures dans lesquelles il nous invite au voyage, à un ailleurs, à un idéal. Et c'est avec un plaisir immense que je voyage de pages en pages, poussant à l'élévation avec pourtant la lucidité de l'impossibilité. Il oppose les élans de l'Idéal aux désillusions du monde réel, duel entre le monde, exterieur, et l'esprit, interieur.

D'un texte à l'autre, il y a souvent cette impression d'un bien apparent, d'un mal sous entendu, comme si le spleen ne le quittait jamais. Le spleen et son emprise sur le monde au point de contaminer la lumière.

Au final, sa poésie est le lieu d'un déchirement et d'une réconciliation, avec le monde. Avec soi-même.

Et bien que quelques textes ne me font que peu d'effet, voir parfois me laisse indifférente, ils sont, dans l'ensemble, une libération de mes propres maux que je suis bien incapable de mettre sous une si belle forme.