A l'ombre du parc.

Un journal de Journal Intime.com

Archive du journal au 01/08/2019.

Sommaire

Qu'est-ce qu'une tête?

19 août 2010 à 16h10

Le travail, l'oeuvre de Giacometti me fascine depuis longtemps. J'essaie de comprendre pourquoi, peut-être ai-je tord. Mais je sens bien confusemment qu'une vérité s'approche de moi, ma vérité. Vraiment se reconnait-on tous les jours dans ce que nous sommes, ce que nous pensons au plus profond de nous.
Moi j'ai bien du mal parfois à me ressembler, j'allais presque dire me rassembler.

Suite

19 août 2010 à 16h23

Pourquoi pas tenter un rassemblement de moi-même? Chiche! Giacometti disait qu'il lui était impossible de considérer un visage de face, que seul le profil importait, qu'il était vraiment du vivant. Et bien j'essaierai bien de me regarder en face. Je pense pour ma part que l'une et l'autre de ces deux postures jouent des rôles aussi importants pour le commun des mortels. Blanc, noir, lequel est le blanc, lequel est le noir? A qui des deux de jouer?
Et non, les jeux ne sont pas faits! Ils ne sont jamais faits. Mon profil! Quand j'en serai à envisager mon profil, je serai peut-être devenu muet!

Commencer oui, mais commencer comment?

24 août 2010 à 14h10

J'ai souvent commencé. C'est faire preuve de bonnes intentions mais seulement de cela, c'est léger et ça va pas loin. Pour quelqu'un qui aime le voyage, c'est paradoxal d'autant que plus le temps passe, plus les écrits génèrent des images. Je ne devrais pas résonner ainsi, je devrais tout virer de la table, les brouillons, les zestes de textes, les miettes ou reliefs d'idées...enfin ouvrir un sac poubelle pour en finir.
Se lancer c'est une période de préliminaires, un peu comme en amour. On aime beaucoup mais on ne sait pas amorcer la chose, parce que ça "déborde" d'intentions. Sauf qu'on peut choisir alors qu'en amour, on ne sait jamais ce que l'autre peut proposer qui vous surprenne peut-être. Faire cela à tête reposée! Ouais facile à dire, mais l'objectivité qu'est-ce que j'en fais?

Tout au fond

25 août 2010 à 14h33

On prétend qu'il y a un début à tout. Faut voir. Incapable de dire précisemment quand tout cela a démarré, ni pourquoi un jour de mon enfance j'ai ressenti une urgence à inventer des histoires, surtout à les écrire. J'avais assemblé les pages vierges et éparses d'un livre de comptes avec de la colle blanche d'écolier, une couverture découpée dans du carton pour le dessous, une autre pour le dessous. En ce temps-là, Maubeuge suait de partout et le soleil ressemblait aux usines. Les années soixante naissaient.
Voilà il m'aura fallu me rappeler comment l'écrit m'est venu un jour pour envisager une clé d'entrée à ce journal. C'est un poème qui ouvre la route.

Préparation de la couleur.

La route fut brillante, lasse,
s’évanouissait sous une pluie
plus fine
qu’un chagrin de papillon.

Parce que bleu,
le ciel se mélange mieux
aux pas que le soleil
efface

sur le gris des départementales.

Une bruine

26 août 2010 à 14h33

Ca ressemble à cela, la constution d'un début de journal. D'abord une bruine tombe un peu, la table de travail s'humidifie de manière discrête puis comme le ciel en décidera, une vraie averse viendra avec la remontée des apparences, la procession des fantômes. L'instant et le choix du parapluie sont cruciaux. J'ai pas mal de relations auprès des fantômes, il se pourrait que je puisse leur en toucher un mot.
Mais au vrai, les parapluies sont-ils des trouillards? Jusqu'où auront-ils le courage de faire opposition à mes frayeurs?

Collections

26 août 2010 à 16h32

Dans toute démarche compilatoire, on est soumis à un inventaire. C'est ce que je me propose de faire toute affaire cessante. Enfin surtout lorsque je cesserai de me trouver des prétextes pour en retarder la mise à feu. Je vais devoir inaugurer deux ou trois journeaux, si je tiens à ne pas mélanger les genres. Un minimum d'organisation rationnelle s'impose et je m'y tiendrai.

Les fantômes ont-ils un sexe?

27 août 2010 à 8h39

On pourrait le croire si on en juge à quelques grands thèmes permanents du monde occidental, en tout cas à ceux de notre hexagone préféré: la démocratie, la liberté, la littérature, la sexualité....pour ne citer qu'eux. Mais eux, ce sont elles. Voyez le dilemme! Alors le plus efficace afin qu'elles ne soient jamais absentes de la vie quotidienne, c'est bien de croire aux fantômes. Ils sont......ça y est, je ne vais pas m'en sortir! Reste qu'une fantômette, ça peut être bien aussi. Donc, nous sommes bien l'un et l'autre, l'une et l'autre. N'ayez plus peur JE surveille!

Le pain aux oiseaux

27 août 2010 à 10h47

C'est dur d'être singulier tant l'obligation de la pluralité des conventions en soi est pesante, envahissante. Sans doute est-elle néfaste, pas naturelle. Je pense à ceux qui ne parviennent pas ou ne parviendront jamais à l'unité d'un soi. L'émiettement est un désastre autour de nous.

Une idée

30 août 2010 à 11h56

J'en conviens et j'en suis heureux. Il me faut tenir un autre journal qui concernerait ma pasion pour le plaisir. Je n'en dirai pas plus c'est une évidence. Il y a trop de choses qu'il est impossible de faire partager à un environnement relationnel proche. Trop de choses que je tairai toute ma vie parce qu'elles engendraient des catastrophes familiales. Ce n'est pas que "tout n'est pas bon à dire" pour reprendre une expression populaire courante, c'est pire. Il faut quasiment n'en rien dire, mais absolument, être muet comme un tombe. Ou alors partager devient une tambouille de grégarité et de voyeurisme plus malsaine et opposée qu'un exorcisme de démons. C'est pour soi qu'il faut offrir cette parole, pour soi et à une capacité à dépasser la boue de son égo. Ca intéresse qui un délice inavouable?

Je songe à une nuit.......

31 août 2010 à 16h58

A une certaine nuit plutôt, celle où je m'imaginais pouvoir éteindre un volcan avec la folie des hommes. Et bien tout à fait entre nous, c'est difficile mais possible. Capables de tout, nous sommes capables de tout. Nous pourrions par conséquent faire de la folie, une source d'énergie inépuisable, puisque les hommes n'arrêtent pas de parler. L'avantage serait de maîtriser la différence entre tout le blabla qui ne sert à rien comme le football par exemple, et l'obligation sans condition d'élever le niveau général ambiant. Un chantier aussi vaste que le déficit des comptes publics.

Fignon le courageux

1 septembre 2010 à 9h56

Etre forçat de la route n'est pas une propriété culturelle des ouvriers en général. Mais l'hypocrisie est malheureusement et souvent la leur. Bernard Hinaux en est son triste représentant, malgré ses cinq victoires sur la grande boucle. Voilà quelqu'un incapable de reconnaître qu'il a, comme la totalité des ténors de la route, consommé des produits dopants. Personne n'est dupe. On ne peut consentir à des tels efforts sans une aide "médicamenteuse". C'est triste et affligeant pour quelqu'un qui se veut le dépositaire de la gloire sportive.

Nos pommes

8 septembre 2010 à 8h56

Nous possédons trois pommiers. Jamais depuis trente sept ans, ils ne nous ont offert autant de bonté, autant de générosité. J'en ai rempli au moins cinq brouettes de ces belles à cuire. Un régal et pour les yeux et pour le goût. Par conséquent, c'est le mois du régime à la compote. Très bon pour la santé. Faites comme nous, ramassez vos pommes.

Trier c'est décider parfois contre soi.

15 septembre 2010 à 14h34

.....Et j'ai trié, trié....J'ai plus d'amour pour les livres que si j'aimais Milan. C'est vrai, et j'ajouterai que je voyage dans mes livres, en first class, sans supplémént. Là où je descends, personne ne peut me suivre. Parce que personne ne peut entendre ce qui annonce le chant merveilleux des paranthèses.

La fraîcheur

16 septembre 2010 à 8h45

Je quitte l'Atelier Théâtral parce que j'en ai assez de côtoyer des personnes qui prétendent faire de la scène alors qu'ils se comportent comme de joyeux camarades de kermesse. Certes le but n'est pas de se prendre pour ce qu'on n'est pas ou ne sera jamais, mais faire fi de la mise en scène et sombrer dans des intentions approximatives qui ne servent pas le théâtre amateur, non ce n'est pas pour moi. Je rejoins la troupe "A Proprement Dit", basée à Robersart et dirigée par Franck Lefèvre. En principe au menu, un Feydeau. Je ne peux pas demeurer hors les planches sans m'investir dans un rôle, j'aime fouiller dans les malles, j'aime surgir quand on ne m'attend plus.

Prochain rivage

20 septembre 2010 à 11h35

La scène prend sa source un peu partout, surtout là où on s'y attend le moins. C'est la raison pour laquelle il est assez fréquent que beaucoup y font trempette, que quelques uns s'y forment à la modestie, et que d'autres s'y noient par imprudence ou par bêtise.
Ceux-là ont cru à une prétendue capacité du théâtre de changer la société. Le théâtre fait poser des questions, seulement des questions. Quand aux réponses, il n'est pas rare d'en voir errer du côté des extrémismes.

Lire, se relire

22 septembre 2010 à 10h32

Il y a des pages que l'on tourne très vite, d'autres avec une extrème lenteur. Ainsi dans ma vie, certaines se sont collées ensemble et pas des moindres, au point qu'il m'est difficile aujourd'hui de dissocier le grain de l'ivraie. On récolte ce qu'on sème ou plutôt on récolte ceux qu'on aime, c'est plus juste. L'idéal serait d'avoir une vie aérienne, une vie qu'on puisse regarder d'en haut. Une vie analogue à la mort en quelque sorte, quelque chose qui vous laisse le repos nécessaire à la contemplation. Mais est-ce bien la mort qui permet aux hommes la libération, l'aspiration à la délivrance? Alors que faire de l'oubli, de l'érosion des souvenirs? Tout se mélange et les pages se collent!

La ville froide

27 septembre 2010 à 15h21

Les murs de la ville se déchirent. Ils ne signifient plus rien pour le passant d'ici. Sa tête est captive d'un autre temps qui n'est pas celui de l'histoire. Elle n'existe plus l'histoire. Elle range des cadys et s'enferme le soir dans un deux pièces dont les fenêtres donnent sur un parking. La pluie et les parkings, en voilà deux qui n'oublient rien du passé où nous faisions des bouquets avec le coeur des filles sur des petits papiers. La dernière page d'un cahier devenait une complice idéale, témoin infaillible des promesses d'adolescents.

Le granit du bord de mer

30 septembre 2010 à 16h43

Une nuée de jeunes gens assis au bord du quai, tels des oiseaux sur quelque départ lointain, c'était ça, l'été dans la port de La Rochelle au début des années soixante.Une ligne blue de jeans, sage, des tennis blancs et des rires de filles explosant soudainement entre des messe-basses sur fond de mobylettes. Une naissante galaxie tournoyait dans l'air, saupoudrant sur les transistors des copains, des sonorités rebelles et ravageuses. L'horizon barré d'orange laissait un doigt de feu sur les jours neufs du baby boum.

Le passage des ombres

5 octobre 2010 à 11h59

Les plateaux de télévision sont actuellement faits pour les chiens. Enfin souvent. Dépossédé de nombres de débats, l'homme de la rue demeure en orbite gravitationnelle autour des médias télévisés telle une mouche ivre de lueur. Et lorsque la teinte vire au doré, l'insecte plaisancier fonce toute voile dehors vers les apparences trompeuses, espérant en vain décrocher le pompon. A savoir être sûr de sa suffisance, sûr qu'il est le centre du monde, surfant par procuration vers un bonheur conventionné aux avenants sonnants et trébuchants. La messe est dite, circulez y a rien à voir!

Le chat est un long flair tranquille

14 octobre 2010 à 15h54

Que lui importe mon agitation coutumière, il lui coûte surtout de devoir me supporter gesticulant pour une humanité qui n'aura jamais assez de cette impeccable sérénité pour réparer juste un tout petit peu, la gravité, le poids de son ingratitude.
Par contre, l'humanité sait se raconter des histoires à dormir debout et le chat, lui, c'est pas son fort.

Le frimas qui rit

22 octobre 2010 à 8h59

Des paquets de brume qui se dispersent ça et là dans le bocage où ce qui en demeure, qui jouent à cache-cache avec la lumière du jour venant, c'est l'instant où l'humanité n'a rien à dire, n'a qu'à fermer sa grande gueule. Apprendre à fermer sa gueule sans ostentation, dans le calme et la beauté de l'instant. Ce sera ça ou effacer le bleu nous inondant.

Le rateau à feuilles

9 novembre 2010 à 15h16

Notre parc est tapissé de jaune, quelque fois de roux, parfois d'émergences brunes. Lorsque nos bouleaux et autres variétés seront nus, leurs parures au sol, écornées agonisantes virant au très sombre, j'effacerai au rythme du déclin revenu, la buée qui grisonne sur le carreau. Il fera clair, la pelouse du parc n'aura plus d'ombre à dessiner. Simplement, le crayon reprendra les rênes et guidera la main de l'artiste en pleine lumière, sans mystère, sans présumer du renouveau qui adviendra avec la pluie printanière.

La fausse paix

19 novembre 2010 à 9h23

Le ciel d'automne ne nous délivre plus d'ombre. Les heures ne se déclinent plus le long des toits. L'épaisseur du temps n'est plus une tension entre le corps et son murmure, cette fulgurante radiance qui invite les sens au banquet d'un renouveau incessant. Ce qui cesse en novembre, c'est l'ennui lié au soleil. Il n'y a pire illusion que la chaleur, c'est le pied au bord du gouffre. On s'endort, pensant que tout s'endort avec nous. Et de ce sommeil chimérique, nombre d'entre nous ne se réveilleront jamais ou, au mieux, en état de léthargie chronique.

Une jeunesse

25 novembre 2010 à 19h58

Personne, fut-il la pire des femmes, le pire des hommes ne mérite la mort d'un enfant, la détresse d'un très proche. Quand il faut irrémédiablement attendre qu'elle emporte ceux qu'on a aimé tendrement, tout raisonnement devient une loque, un goût de rien défigurant nos raisons d'être ici.

La neige n'a rien à dire

9 décembre 2010 à 10h05

J'ai hâte d'être au bon temps, non pas pour la teneur du soleil dont je ne supporte beaucoup pas qu'il grimpe à plus de vingt cinq degrés, mais pour baisser d'un mètre le mur d'enceinte au fond du parc. Il nous mange l'essentiel de l'horizon fuyant dans la plaine cambrésienne. Ouvrir l'espace, telle est la mission de l'artiste....et du paysan. Cette neige actuelle est un poison. D'aucune utilité, elle dégrade les chaussées et le sel qu'il faut répandre pour la faire taire, extermine une foultitude de végétaux et d'organismes vivants. Et puis le blanc c'est con! C'est aussi bête que le noir quand il fait la gueule.