Je ne suis qu'en milieu de semaine et je suis déjà rincée. Je vais juste poser ça là, et, quand il me prendra l'envie de me relire (ce qui m'arrive parfois mais je pense qu'on le fait tous un peu), je verrai peut-être les choses différemment... Qui sait, je serais peut-être même contente de me dire que je m'en suis sortie et relevée ?
Pour changer un peu, j'ai eu le droit à une nouvelle visite de mon voisin. J'ai immédiatement appelé la police qui a été réactive. Il a au moins le mérite d'être inventif car il s'est trouvé un nouveau jeu. Comme d'habitude, il s'est excité sur la sonnette et, pendant que j'appelais la police, la sonnerie restait en continu. J'étais persuadée qu'il était encore à ma porte en train d'appuyer pour me forcer à lui ouvrir. J'ai laissé sonner pendant 6/7 minutes avant d'arriver à approcher de la porte à pas de louve (j'avais tellement, tellement peur qu'il m'entende de derrière). Pour arrêter ce barouf, je n'ai pas eu d'autre choix que de couper l'électricité depuis le tableau de disjoncteurs (et même là, en écrivant ça, je suis consternée par ce qu'il faut faire pour avoir la paix). Mais en relevant la "languette", la sonnerie reprenait de plus belle...
Quand l'équipe de police est arrivée, ils ont constaté par eux-mêmes que ce malade avait pris le temps de crocheter l'interrupteur de ma sonnette avec un cure-dents pour qu'il reste appuyer.
J'ai complètement craqué. Pour la première fois, je me suis mise à pleurer. D'épuisement, d'impuissance. Ce mec n'est pas juste instable. Il est assez psychopathe pour préparer des stratèges à l'avance. J'étais incapable de parler alors je leur ai donné toutes les mains courantes pour qu'ils en prennent connaissance et ils ont compris. Ils sont descendus et ont frappé à sa porte avec tellement de force que d'autres voisins sont sortis sur le palier. Une voisine leur a dit qu'elle l'avait vu monter chez moi, faire ce qu'il a fait et redescendre vite fait sans repasser par chez lui.
C'est probablement de la paranoïa de ma part (je suis tellement angoissée que je ne suis plus vraiment rationnelle) mais je me suis demandée si prendre du plaisir à me terroriser par le harcèlement et l'intimidation ne lui suffisait plus. Comme je n'ouvre plus ma porte, que je ne cherche plus à lui faire entendre raison, je me suis dit que cela devait mettre un peu de piquant dans sa minable vie de me provoquer pour que j'appelle la police. C'est la deuxième fois qu'une équipe intervient et qu'il s'absente de son appartement dans la foulée juste à ce moment-là. Quand la voisine a dit qu'elle l'avait vu décamper, j'ai tout de suite pensé au syndrome des pyromanes qui ne peuvent pas s'empêcher de regarder à bonne distance et de s'applaudir en silence...
Je me suis écroulée quand la police est partie. Tout cet état nerveux et d'anxiété permanente me vide. J'avais besoin de pleurer pour relâcher tout ça. Mon voisin du dessus a tout entendu et est venu me voir. Un autre s'est greffé à la conversation sans que j'arrive à me souvenir d'où il est sorti. Ils voulaient savoir si j'allais bien et me dire que si je rencontrais des difficultés ou que je me sentais en danger, je pouvais les appeler ou monter chez eux. L'un d'entre eux m'a donné son numéro de téléphone et m'a laissé câliner son chien. Je lui ai demandé de dessouder les fils de ma sonnette. Je ne supporte plus son bruit strident. Comme il n'y a que lui qui l'utilise, ce n'est pas une perte.
J'ai refait des courriers au bailleur. Mon rendez-vous avec l'élu au logement de ma ville n'a rien donné. Il m'a simplement renvoyé vers l'assistance sociale et une permanence juridique. Il considère que le danger de ma situation n'est pas prioritaire sur les demandeurs qui n'ont pas du tout de logement. Et c'est vrai dans un sens. Je ne suis pas à la rue (j'aime même mon appartement) et je ne suis pas le problème. C'est pourtant bien à moi de partir puisque tout ce petit monde (qui se renvoie allègrement la patate chaude) plein de pouvoir a choisi de rester statique. Et c'est aussi faux car si je n'avais pas de logement, je ne subirais pas cet harcèlement.
Après être allée au commissariat, je me suis rendue en boutique opérateur pour souscrire à un nouveau forfait téléphone. Tout allait à peu près bien jusqu'à ce que le vendeur disparaisse en arrière-boutique pendant plusieurs minutes. Quand il est revenu, il m'a annoncé qu'il ne pouvait pas me créer une ligne (et que je ne pourrai le faire nulle part) car je suis blacklistée pour impayés chez un autre opérateur. Je suis tombée des nues car je n'ai pas changé de prestataire depuis 2015 et que j'ai toujours honoré mes factures.
J'ai tout de suite pensé à une usurpation d'identité et au montant inconnu dont on avait abusé à mon nom. Double angoisse, nouvelles paniques. Et tout au fond de moi, un écho très désagréable, comme un sentiment d'acharnement injustifiable.
Je me suis rendue chez l'opérateur concerné. J'ai pris connaissance des factures en question et, surtout, du nom accolé au mien : celui de mon premier beau-père. Je sais qu'il est en situation de précarité mais jamais, jamais je n'aurais pensé qu'il puisse faire une chose pareille ! J'ai tenté de l'appeler et, bien évidemment, il ne répondait pas. J'ai fait le tour du cercle familial. Ils ont bien reçu une lettre de mise en demeure d'un huissier mais n'ont pas jugé utile de me la transmettre lorsque nous nous sommes vus dernièrement. Ils ne m'en ont même pas parlé de vive voix. J'étais très, très en colère.
J'ai finalement appris que mon beau-père avait souscrit à une ligne en utilisant mon nom (sans mon consentement, de toute évidence) et a égaré le téléphone portable rattaché au numéro sans jamais faire le nécessaire pour suspendre/résilier la ligne. Comme son compte est à sec la plupart du temps, il y a eu des mois où les prélèvements automatiques ont été rejetés et c'est ce qui a généré des impayés... à mon nom. Car si il était l'utilisateur, il m'a désigné comme titulaire donc responsable. Je ne comprends pas comment il a pu me faire ça. Il a fait partie de ma vie pendant plus de 25 ans. Il a participé à mon éducation. J'avais une confiance aveugle en lui.
Heureusement, le montant n'était pas exorbitant et j'ai réglé la situation avec l'huissier en charge du dossier. Mon beau-père a dit à mon frère qu'il me ferait un chèque pour me rembourser. Mais je n'ai plus du tout confiance. Si jamais il tenait parole, il est fort probable que le chèque soit en bois alors je fais comme si je n'avais rien entendu. J'espère simplement que mon nom sera retiré des listes noires. Tant que ce n'est pas fait, je ne peux pas souscrire au moindre service sans fournir de caution... J'ai honte d'être fichée, d'avoir à assumer quelque chose que je n'ai pas fait.
Cette histoire arrive pile au moment où je sors d'une bataille épisodique avec Pôle Emploi. Le versement de mes indemnités a été bloqué car le nécessaire avec l'organisme de formation n'avait pas été fait. J'ai dû aménager mon budget autrement pour ne pas être à découvert et il a fallu que je fasse des démarches de ce côté-ci également pour débloquer la situation.
J'ai l'impression de passer mon temps à demander de l'aide, à réclamer. C'est épuisant.
A la fin de cette journée, mon père est passé à la maison. Je me suis dit que quitte à m'achever, autant tout mettre sur le même fil. Fraîchement rentré de vacances, l'échange est resté très cordial. Puis j'ai commencé à avoir des contractions, crescendo, de plus en plus violentes. La première crise d'endométriose de l'année était imminente. Je l'ai alerté tout de suite. Il m'a demandé si je ne pouvais rien prendre pour me soulager (je ne sais pas si c'était pour ne plus me voir souffrir ou parce que mes grimaces l'importunaient) et par me suggérer à nouveau ce qui lui apparait comme la solution naturelle et évidente : l'hystérectomie.
Il y a presque un an jour pour jour qu'il m'en avait déjà parlé et je lui avais fait comprendre que 1) c'est un choix intime et personnel que je perçois toujours comme un sacrifice ; 2) est-ce bien le moment de mettre ce sujet sensible sur le tapis ? ; 3) cette "solution" de boucher incompétent ne guérit pas l'endométriose. Peu de personnes savent que l'endométriose est invasive et se déplace... Quoiqu'il en soit, les décisions liées à ma vie comme à ma santé n'appartiennent qu'à moi.
Le cocktail d'émotions fortes a été explosif. Mon corps m'a fait payer toutes ces contrariétés. Et puis, j'en n'ai parlé à personne mais j'ai eu quelques pertes de sang pendant 48 heures la semaine passée alors que je ne suis pas censée avoir mes règles tout de suite... Rien d'alarmant mais c'était très étrange.
L'agence d'intérim a fini par me rappeler. Un peu gênée, la personne en charge du suivi client/candidats m'a avoué que l'opérationnel qui devait me rencontrer pour un deuxième entretien (qui devait avoir lieu juste avant Noël) a changé la fiche de poste et recherche finalement un profil trilingue - que je ne suis pas. Ma candidature avait pourtant été validée et j'attendais un retour... Je peux comprendre que les besoins puissent se nuancer en cours de processus mais à ce point-là... Quelle perte de temps et d'énergie pour tous ! D'autant plus que j'avais bien insisté sur ce critère lors de mon premier entretien : bilingue, oui ; trilingue, non. On m'avait répondu : "Oh, ça, c'est cadeau et en aucun cas éliminatoire !"
Que cette attente inutile me serve de leçon ! Après une première relance, j'ai estimé plus sage de rester discrète et respecter une trêve sur la période des fêtes (et ça m'a fait sincèrement du bien de me consacrer à d'autres choses aussi). Et tout ça pour ça. Quatre semaines dans le vent, à me demander si oui ou non je pouvais faire des projets.
J'écrivais dans mon précédent billet que l'absence de réponse ferme m'empêchait d'avancer et m'entravait à un rythme décidé par d'autres... J'ai modifié mon planning et si je n'ai pas de retour avant telle date (et pas un jour de plus), rien à foutre, je bouge, je vis.
Et avec pour seconde destination, le Sud ! Mon frère m'a annoncé qu'il avait décroché une offre de stage de 6 mois en région méditerranéenne. Sa date de début est pour bientôt et, comme d'habitude, les opportunités suivent leur cours avec les bons coups de pouce. Au bon endroit, au bon moment. C'est l'histoire de sa vie aux frais de la princesse. Le versant de ma montagne.