L'oisiveté est mère de tous les vices, dit-on. Ici au boulot, je m'ennuie comme un rat mort. Pas que je n'ai rien à faire, hein? Le boulot demandé est fait en temps, en heure et convenablement. Parce que c'est pour ça qu'on me paie. Mais la difficulté des tâches, à force d'habitude et d'expérience, atteint des profondeurs abyssales. Bref, mes neurones n'ont rien à faire, et ça, c'est mal. Du coup j'essaie de mettre un peu de piment à mes journées. Je saute sur chaque occasion de décoller mes fesses de la chaise. Et c'est comme ça que je l'ai rencontrée. Physiquement attrayante, toujours bien habillée, parfois sexy, mais surtout très gentille, très sympathique, pleine d'humour, très intelligente, toujours de bonne humeur et légèrement décalée. Son seul défaut, c'est qu'elle se marie dans un mois. On a commencé à faire vraiment connaissance par e-mail, début du troisième millénaire oblige. Une question banale: "des vacances prévues pour Pâques?" à la fin d'un email profesionnel. Rien de compromettant, mais assez perso pour tester sa motivation à aller plus loin dans la discussion. Et elle a continué, posé des questions, s'intéresse vraiment à ce que je fais (ou le fait bien semblant), m'a invité à aller boire un café à son étage, et depuis c'est devenu presque une habitude. Et ce qui devait arriver arriva: je suis accro d'elle. Je ne sais pas vraiment ce qu'elle pense de moi, et à vrai dire, ça ne m'intéresse pas vu ma situation familliale. Je sais juste qu'elle s'empourpre facilement, que je la fais bégayer alors qu'elle est si à l'aise avec les autres personnes, qu'elle m'écrit de chez elle le jour de son départ en vacances. Pas de conclusion hâtive, mais j'ai l'impression que de son côté aussi, il y a quelque chose de pas très catholique qui se passe en elle. Cette semaine, elle est donc en vacances. Je pensais que j'arriverais à me détacher d'elle, que je l'oubliairais un peu. Loin des yeux, loin du coeur. Et bien non. Cette fille m'obsède. Je pense chaque instant à elle. Je n'ai qu'une hâte, c'est d'être lundi prochain afin de pouvoir de nouveau la voir, ou du moins la lire. Je n'arrive pas à lutter contre son image qui hante mon cerveau, son souvenir qui met le feu à mes veines. Je déteste ne pas pouvoir me contrôler, contrôler mes sentiments. Vivement lundi...