Ici on est rien et tout à la fois.
Le soleil se lève dans la cour. La silouhette brute et imposante de l'immeuble se dessine dans le ciel et son ombre recouvre la place que celle de Romain devrait occuper. Ici tout n'est que béton et vie.
Il habite dans l'appartement douze du douzième étage. Il s'est toujours dit que c'était une chance... à un prêt il était au treize...
Treize... Quelle superstition bizarre n'est-ce pas?
Romain entame sa dix-neuvième année... dix-neuf ans à arpenter les rues, entre les quelques blocs qui composent le quartier... toujours le même lever de soleil, toujours les mêmes gens, toujours les mêmes habitudes...
"C'est un enfer cette vie, comment peut on sortir indemne de cela?"
Voilà ce que dirait un habitant normal... mais pas Romain. Il aime ca, il aime l'endroit, les personnes qui l'hantent, la douce chaleur du bitume quand le soleil le frappe à longueur de journée, et qui même la nuit tombée demeure. Il aime la vie qu'il y a ici, on sent les hommes, pas comme dans ces quartiers riches de la métropole, ou on ne sent que le gazon bien tondu et ou on n'entend que le bruit des rares voitures autorisées à passer.
Une autre chose aussi fait que Romain aime tant ce lieu: dans son immeuble sans escalier, l'ascenceur passe du 12eme au 14eme... Le treisième étage n'existe pas...
Ca l'intrigue... qu'y a t'il juste au dessus de son plafond... qu'est ce qui fait ce bruit la nuit... comme des pas... et surtout, comment y acceder... il n'y a ni balcon, ni escalier, et la rampe de secours est cassée à son étage...
Il n'a cessé de demander à la concierge ce que cet étage pouvait bien caché, mais même elle, ici depuis 30 ans est incapable de lui donner une seule réponse.