Aujourd'hui c'est le 4 décembre. Le 4 décembre 2006. Qu'ai-je fait ? Rien comme d'habitude... un cours dans un institut d'urbanisme paumé... certes pas inintéressant. On a parlé de Venise... on a vu de belles photos de Barcelone...
Et puis au bout de 5 heures trente de cours on est sorti. On s'est quitté avec mes camarades. "Bonne soirée à demain." Rien de plus. Rien de moins. La même phrase tous les soirs. La même formule si froide que j'entends depuis la nuit des temps.
Mes "collègues" ou plus simplement les autres étudiants n'ont apparemment pas envie de creuser des relations d'amitié. Mais ils n'ont pas envie non plus de travailler... Les dossiers à faire ? On les rendra le plus tard possible, et on s'y mettra surtout le plus tard possible. Le moins on en parle mieux c'est.
Ils croient que je suis sérieux... ce que vous devez croire aussi. Et pourtant. Que savent-ils du reste de ma vie ? Que savent-ils de moi ? Que savez-vous de moi ? Rien ou si peu...
Je suis né il y a 22 ans et des poussières, et depuis quelques années, la solitude aidant, je ne change pas. A chaque rentrée, à chaque nouveau travail, je suis plein d'enthousiasme. Et d'un coup le sol s'échappe sous mon poids. Rien ne reste. Seulement des jours ennuyeux. Seulement des problèmes bassement matériels.
On est le 4 décembre. Le 4 décembre 2006. Ai-je travaillé ce soir ? Non... Et pourtant il est déjà 23:27. Qu'ai-je fait ? J'ai traîné sur des forums d'individualistes... sur des forums pour communiquer, pour échanger, mais sans communication, sans échange.
C'est tellement désolant. J'aimerais pouvoir parler avec les autres du fond des choses. Par exemple j'aimerais bien parler du livre que je lis Transit, les lieux et les temps de la mobilité de François Bellanger et Bruno Marlzoff. Tout n'est pas passionnant dans cet ouvrage... et pourtant il apporte quand même une idée intéressante. La ville d'aujourd'hui c'est une ville "mobile". On pourrait en discuter... Mais non... dès que je commence, les autres étudiants me fuient... Et quand c'est avec ma famille, il n'y a qu'avec mon père que ça marche. Les gènes que voulez-vous.
Je disais donc, aujourd'hui c'est le 4 décembre. Le 4 décembre 2006. J'ai vraiment l'impression d'être un personnage de La Cantatrice chauve. Comme dans cette pièce de théâtre, j'ai l'impression d'attendre... d'attendre sans rien connaître de profond chez les autres.
Par exemple saviez-vous que j'aime le théâtre ? Non évidemment on se découvre... Les Autres, de l'institut d'urbanisme, ma famille, ... , le savent-ils ? Non. Mais ils ne me l'ont jamais demandé. Et le jour où j'eus le malheur d'en parler, ce ne fut presque que silence.
Pourtant le théâtre ce n'est pas qu'un monde sérieux. C'est un monde avant tout émotionnel. Un monde comique. Un monde cocasse. Un monde tragique. Mais même dans une tragédie on peut se détendre. Je vous semble bizarre ?
En fait je crois que l'individualisme des Autres, les gens de l'institut d'urbanisme, ma famille, ... , ne s'explique que par une peur de se livrer... par une peur d'être jugé négativement.
Et pourtant dieu sait que cette peur j'ai peut-être plus de raisons de l'avoir que d'autres. Le harcèlement moral ça existe... et dès l'école primaire. Mais il n'y a que la victime qui voit le psychiatre.
Vivement demain, mardi 5 décembre. 5 décembre 2006 !